C'est assez rare qu'un joueur fasse sa place dans la LNH après cinq saisons passées dans la Ligue américaine. C'est encore plus rare que ce joueur, à 26 ans, se retrouve dans la discussion pour être finaliste au trophée Calder, remis à la recrue de l'année.

Yanni Gourde est un cas particulier.

À sa première saison complète dans la LNH, le voici avec 22 buts et 25 aides en 61 matchs. Le joueur originaire de Saint-Narcisse-de-Beaurivage est le troisième marqueur parmi les recrues cette saison.

« Je ne m'y attendais absolument pas [à être considéré comme finaliste au trophée Calder]. Encore aujourd'hui, j'essaie juste de faire mon travail. Je vais au filet, j'essaie de marquer, de créer des chances. Ça me procure beaucoup de fierté. »

« Il mérite ce qui lui arrive, a renchéri l'entraîneur du Lightning Jon Cooper. Je lui souhaite d'être dans le top 3. Je ne sais pas s'il va gagner, le jeune avec les Canucks [Brock Boeser] et le jeune avec les Islanders [Mathew Barzal] sont pas mal bons. Mais qu'on le mentionne, c'est déjà énorme. »

Gourde est habitué de se démarquer même s'il est dans le camp des négligés. L'ancien des Tigres de Victoriaville est devenu en 2012 le deuxième joueur de l'histoire de la LHJMQ à gagner le championnat des marqueurs sans avoir été repêché.

Dans la Ligue américaine, Gourde était l'un des projets de Julien BriseBois, adjoint au DG Steve Yverman chez le Lightning. Gourde lui attribue une grande partie de ses succès. Il n'a pas oublié que c'est BriseBois le premier qui lui a fait confiance.

« J'étais à Worcester dans la Ligue américaine sur un essai de 25 matchs. Après, j'ai voulu signer un contrat de recrue avec eux, mais ils n'ont pas voulu. Dès que j'ai été libéré, Julien BriseBois a contacté mon agent. Ça fait 4 ans de ça. »

BriseBois lui a offert ce fameux premier contrat pour l'amener avec le Crunch de Syracuse, puis deux autres contrats ensuite. Chez le Lightning, Gourde a senti qu'il avait sa place, qu'il faisait partie des espoirs de l'organisation. Il a travaillé fort pour arriver là où il est aujourd'hui, mais il a été bien entouré à chaque étape de son développement.

« Julien a été exceptionnel. Il va te donner les outils pour que tu t'améliores. Il l'a fait depuis notre première rencontre. Depuis ma toute première discussion avec Julien, je prends beaucoup de fierté à amener mon identité chaque match. »

Le développement

C'est au moment de son dernier rappel, à la fin de la saison dernière, que Gourde a compris qu'il pouvait rester dans la LNH. Il a changé son approche.

« Les rappels avant, je ne voulais pas faire d'erreurs, je ne voulais pas être sur la vidéo des choses à ne pas faire le lendemain matin. Pour ce rappel, j'ai joué à ma manière. »

Dans la LNH, il s'est retrouvé au sein d'une très bonne équipe. Il a aussi pu profiter des conseils de Chris Kunitz, doyen de l'équipe à 37 ans et, accessoirement, seul gagnant de quatre Coupes Stanley dans la LNH en ce moment.

« Est-ce que je suis surpris de voir un jeune avec de la volonté réussir ? Non, a ajouté Cooper, toujours aussi sympathique. Qu'il approche les 30 buts ? Oui, mais c'est une belle surprise. C'est l'exemple pour contredire chaque personne qui dit : "Tu es trop petit, tu ne réussiras jamais". C'est comme Jonathan Marchessault, le petit moteur qui avait du coeur. »