Aussi excitante qu'ait pu être la finale olympique de hockey féminin, celle-ci aura toutefois rallumé le débat concernant l'utilisation des tirs de barrage lors du match pour la médaille d'or.

Après que la finale disputée entre le Canada et les États-Unis eut nécessité trois périodes et 20 minutes supplémentaires pour déterminer un gagnant, Jocelyne Lamoureux-Davidson a joué les héroïnes pour les Américaines en marquant le but vainqueur lors du sixième tour des tirs de barrage, jeudi, aux Jeux olympiques de Pyeongchang.

Plusieurs partisans, spécialement ceux du Canada après une défaite crève-coeur, auraient préféré que les deux équipes s'affrontent jusqu'à ce qu'il y ait un but, comme il est coutume dans la Ligue nationale de hockey (LNH) lors des séries éliminatoires.

«C'est l'une de ces situations où c'est génial pour l'équipe qui l'emporte, mais pour l'équipe qui perd la médaille d'or ainsi, c'est dévastateur, peu importe, a admis l'entraîneur-chef des Maple Leafs de Toronto et l'entraîneur-chef de l'équipe masculine canadienne de hockey en 2014, Mike Babcock, jeudi. Je ne suis pas un gars de tirs de barrage.

«Je ne comprends pas. Je ne sais pas pourquoi ils ne choisissent pas tout simplement de les faire jouer jusqu'à ce qu'il y ait un gagnant, mais ils ne m'ont pas questionné sur les règlements, alors je crois que mon opinion importe peu.»

La Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) préfère utiliser les tirs de barrage aux Olympiques et lors des championnats du monde puisque cette formule permet de limiter la durée des matchs, ce qui est important lorsqu'il y a d'autres matchs qui doivent être disputés sur la même patinoire un peu plus tard dans la journée. Ce qui n'est pas le cas lors de la finale d'un tournoi. L'IIHF a toutefois choisi de conserver cette façon de faire.

Le joueur étoile du Lightning de Tampa Bay Steven Stamkos croit que l'IIHF devrait revoir son règlement.

«C'est comme si un match de séries éliminatoires se terminait en fusillade. Ce serait absolument ridicule, a scandé Stamkos. Nous serions tous en train de nous plaindre de cette situation, alors pourquoi un match de championnat mondial ou un match des Olympiques devrait se terminer en tirs de barrage?

«Évidemment, c'est un peu plus difficile pour les Canadiennes. Je ne veux rien enlever aux Américaines parce qu'elles ont disputé un bon match, mais si vous aviez questionné les deux équipes à savoir si elles auraient voulu que le match se décide en tirs de barrage, elles auraient certainement dit non. L'IIHF devrait se pencher là-dessus.»

La pilule est peut-être plus facile à avaler pour les joueurs européens, puisque les matchs de soccer des grandes ligues se terminent souvent en tirs de barrage. Mais même eux ont émis des réserves quant au dénouement de la finale d'un tournoi.

«J'aime bien les périodes de fusillade, a confié Mats Zuccarello, l'attaquant norvégien des Rangers de New York. C'est plaisant pour les partisans, mais peut-être pas dans un match pour la médaille d'or comme celui-là.

«Peut-être dans le tournoi à la ronde, mais en finale, on devrait poursuivre le match, à mon sens. Mais c'était une fusillade excitante.»

Henrik Lundqvist connaît bien les tirs de barrage. Le gardien de but des Rangers était devant le filet suédois lorsque son équipe a battu le Canada en fusillade en finale du championnat mondial, présenté en Allemagne, en mai dernier.

«En tant que gardien, tu te sens bien, parce que tu as joué un grand rôle dans la victoire, a expliqué Lundqvist. Dans un format comme celui-ci, ça ne me dérange pas.

«Qu'est-ce qui pourrait être une alternative? De continuer de jouer deux autres périodes? Je comprends que ça peut être difficile. Mais je n'aimerais pas qu'un match des séries éliminatoires de la LNH puisse se décider en tirs de barrage, c'est certain.»

«Nous connaissons tous les règlements lorsqu'on entame le match, a avancé Jon Cooper, l'entraîneur du Canada lors du dernier championnat mondial. Si vous prenez notre exemple l'an dernier, nous étions du côté perdant à l'issue des tirs de barrage en finale du championnat mondial, nous savions quelles étaient les règles du jeu avant de débuter la rencontre et nous aurions dû marquer en prolongation, mais nous ne l'avons pas fait. Alors quand tu te rends en fusillade, tu ne sais jamais qui va l'emporter.»

- avec l'aide de Dhiren Mahiban, à Toronto, et Lisa Wallace, à Ottawa.