Les espoirs du Canadien apprendront-ils plus en jouant des minutes dans la LNH pour une équipe exclue en avance des séries éliminatoires ? Ou seront-ils mieux servis en participant à une course aux séries ?

On devrait avoir la réponse au cours des prochaines semaines. Évidemment, si le Rocket de Laval se fait larguer dans la lutte pour la quatrième place de sa division, la réponse ira de soi...

En fait, il sera intéressant de voir si les approches varieront selon les joueurs impliqués. Nikita Scherbak, par exemple, a vécu la course aux séries en 2017 avec les IceCaps de St. John's, et avait participé aux quatre matchs éliminatoires de l'équipe ce printemps-là. Il en est à une troisième saison chez les professionnels, et avec sa vitesse et sa dextérité, c'est clairement lui qui dicte le jeu quand le Rocket s'amène en zone offensive. En 24 matchs, il totalise 30 points (7 buts, 23 aides).

Bref, Scherbak ressemble à un joueur qui est prêt à être mis à l'épreuve à la prochaine étape, du moins offensivement. La saison dernière, il a seulement disputé trois matchs à Montréal et cette saison, il s'est blessé dès son deuxième match suivant son rappel. Et avec les rumeurs persistantes de transactions autour de Max Pacioretty et Tomas Plekanec, pour ne nommer qu'eux, des postes à l'attaque seront à pourvoir avant longtemps.

« Les deux ligues sont bonnes, a répondu Scherbak, rencontré la semaine dernière. Malgré ma production, il y a toujours place à l'amélioration. Il y a de très bons joueurs dans la Ligue américaine. Le rappel, ça viendra. Je dois juste continuer à travailler fort et j'aurai ma chance. »

LE CAS JUULSEN

Noah Juulsen, en revanche, incite davantage à la réflexion. Il en est à une première saison chez les pros, saison qu'il a amorcée deux mois en retard en raison d'une blessure à un pied subie au camp d'entraînement.

Juulsen joue déjà avec l'aplomb de l'ancien choix de premier tour qu'il est. Malgré quelques erreurs ici et là - comme ce bête revirement à quelques pieds de son filet qui a mené à un but du Crunch de Syracuse mercredi -, les observateurs sur place le voient comme le meilleur défenseur de son camp depuis plusieurs semaines.

Il y a aussi les facteurs impondérables à considérer. Le climat d'une équipe exclue de la course aux séries n'est jamais le plus sain. Qu'en sera-t-il de sa confiance s'il est pris pour former un tandem avec un défenseur qui se cherche, David Schlemko par exemple ? Lui rendra-t-on vraiment service ?

« C'est évident que je suis ce qui se passe à Montréal, qui joue, qui ne joue pas. Mais mon équipe est ici à Laval, a rappelé Juulsen. On doit d'abord faire notre travail. Si ma chance vient, je vais aller en profiter. Mais en ce moment, je suis ici et je veux jouer. »

L'EXEMPLE DE FLEURY

Au sujet de Juulsen, il y avait un cas d'espèce intéressant de passage au Centre Bell la semaine dernière : Haydn Fleury, des Hurricanes de la Caroline.

Fleury a un an de plus que Juulsen, et on dirait parfois que les deux jeunes défenseurs franchissent les mêmes étapes, à un an d'écart.

- Les deux ont été repêchés au 1er tour (Fleury au 7e rang en 2014, Juulsen au 26e rang en 2015) ;

- Après leur repêchage, les deux ont disputé deux autres saisons dans la Ligue junior de l'Ouest ;

- Les deux ont ensuite commencé leur carrière professionnelle dans la Ligue américaine (l'an dernier pour Fleury, cette saison pour Juulsen) ;

- Fleury jouait pour les Checkers de Charlotte, qui se battaient pour une place en séries. Le Rocket de Laval tente également de maintenir ses chances d'y participer ;

- En fin de saison, leur équipe en LNH a vu fondre ses chances de participer aux séries.

Devant cette situation, les Hurricanes avaient finalement laissé Fleury à Charlotte toute la saison.

« Haydn y a connu une excellente deuxième moitié de saison. Je l'ai vu en séries et c'était le meilleur joueur sur la patinoire », a dit Bill Peters, entraîneur-chef des Hurricanes.

« On pensait le rappeler, mais ils se battaient pour participer aux séries, donc on a jugé qu'en toute justice pour l'organisation des Checkers, on allait laisser Haydn avec eux. On se disait que ce serait une bonne expérience pour lui. Ils se sont qualifiés et ont connu une bonne séquence dans les 10-15 derniers matchs de la saison. Ensuite, il a eu la chance de jouer des matchs éliminatoires au niveau professionnel, ce qui était aussi une expérience importante. »

« La Ligue américaine est une bonne ligue de développement. Tu peux y faire tes erreurs loin des projecteurs. »

Fleury, lui, ne regrette rien. « Ça m'a permis de jouer dans plusieurs situations : avantage numérique, désavantage numérique, pour protéger une avance en fin de match ou quand on avait besoin de créer l'égalité. Si j'avais été rappelé, je n'aurais pas pu jouer dans ces situations. J'ai été bien dirigé en bas et j'ai appris beaucoup. On a affronté une bonne équipe en séries [les Wolves de Chicago] et je me suis amélioré en affrontant d'aussi bons joueurs », a expliqué le jeune homme.

Outre Juulsen et Scherbak, il sera intéressant de voir si d'autres espoirs auront la chance de se faire valoir en LNH. Jérémy Grégoire, un véritable guerrier qui « mange les bandes », dispute sa troisième saison dans la LAH et a déjà, après 33 matchs, établi un sommet personnel avec 16 points. Brett Lernout en a arraché lors de son seul rappel cette saison et aimerait sans doute se reprendre.

C'est sans oublier le gardien Charlie Lindgren. Marc Bergevin aura l'option de profiter de la proximité du club-école pour le rappeler et lui donner un départ ici et là. À long terme, ces départs serviront sans doute plus la cause du CH que s'ils reviennent à Antti Niemi.

Photo Ivanoh Demers, Archives La Presse

Noah Juulsen

Photo James Guillory, archives USA TODAY Sports

Haydn Fleury