Le calendrier de la Ligue nationale de hockey prévoit que toutes les équipes joueront 82 parties en saison régulière, 41 devant leurs partisans et autant à l'étranger. Toutefois, à tous les ans entre Noël et le Jour de l'An, les joueurs des Panthers de la Floride ont probablement l'impression qu'on leur a concocté un calendrier inégal.

C'est un sentiment qui risque de se reproduire samedi, lors de la première visite du Canadien de Montréal à Sunrise cette saison, comme c'est maintenant le cas tous les ans depuis 2005.

Ce n'est pas que le Tricolore est si puissant et si spectaculaire qu'il génère un attrait sans pareil partout où il s'arrête dans la LNH. Après tout, on ne parle pas du Canadien de la fin des années 70! C'est d'abord et avant tout parce que les Québécois ont l'occasion de pratiquer une de leurs activités de prédilection - assister à un match de hockey - dans une atmosphère et un contexte qui ne se comparent nullement à ce qui prévaut au domicile du Canadien.

«L'ambiance est complètement différente qu'au Centre Bell. C'est plus familial. Au Centre Bell, on a parfois l'impression que la foule est plus composée de gens d'affaires; en Floride, c'est un happening, note Jean-Sébastien Beaulne, copropriétaire d'un terrain de golf au nord de Montréal, qui passe quatre ou cinq mois par année en Floride, et ce depuis bientôt dix ans.

«L'emplacement de l'aréna est beaucoup plus facile d'accès que le Centre Bell. L'aréna n'est pas au centre-ville et est situé à côté d'un imposant centre commercial. La plupart des gens vont magasiner durant la journée. Ils vont laisser leur voiture dans le stationnement et traverser à pied jusqu'à l'aréna. Sur place, il arrive de voir de petits spectacles à l'extérieur de l'aréna, et des jeux pour les familles», décrit-il.

Assidu spectateur au match des Panthers depuis que l'équipe a déménagé à Sunrise au début de la saison 1998, Louis-Éric Lauzon a constaté le même phénomène.

«Je possède des billets de saison au Centre Bell, et je vous dirais que ça parle plus français autour de l'aréna à Sunrise quand le Canadien y joue qu'au Centre Bell!», lance-t-il.

«Quand le Canadien joue à Sunrise, c'est toujours un match le fun, ajoute M. Lauzon. Ce n'est pas un match comme les autres. On n'est pas chez nous, mais on est chez nous. La foule est différente. Ce n'est pas une communauté d'affaires comme au Centre Bell, où les gens vont éviter de trop crier pour ne pas avoir un impact néfaste sur la business. Tu es en vacances, tu as passé la journée à la plage ou à jouer au golf et après tu vas au hockey. C'est vraiment différent.»

Une popularité indéniable

Samedi, le Canadien disputera un 48e match face aux Panthers en Floride. Les 10 premiers, entre 1993 et 1998, ont été présentés au Miami Arena. Cette enceinte, plutôt modeste avec sa capacité maximale de 14 703 sièges, se trouvait dans un endroit peut-être un peu moins recommandable de la grande agglomération qu'est Miami.

Malgré cela, on peut supposer que les Québécois s'y rendaient en assez grand nombre car le Canadien n'a joué qu'une seule fois devant une foule inférieure à 14 000 spectateurs. Mais un seul de ces matchs a eu lieu durant la semaine séparant Noël du Jour de l'An, le 29 décembre 1996. Comme par hasard, il n'y avait aucun siège vide dans l'aréna.

Malgré ce succès évident, ce n'est qu'après le lock-out de 2004-2005 que s'est implanté ce traditionnel périple du Canadien en Floride.

Lors de ses 10 premiers matchs à Sunrise pendant les Fêtes, le Canadien a toujours réussi à remplir les 19 250 sièges de l'enceinte maintenant nommée BB&T Center. Deux de ces duels contre les Panthers, le 29 décembre 2008 et le 31 décembre 2010, ont même été présentés devant des foules supérieures à 20 000 spectateurs. L'effet a été positif pour le Canadien, qui a gagné ces deux rencontres.

Mais cette popularité du Canadien en Floride se paie. Et il semble qu'elle coûte de plus en plus cher. Pour le match de samedi, il est nécessaire de débourser 315 $ US plus les frais pour un siège situé en bordure de la baie vitrée, sur Ticketmaster.com.

Pour la rencontre du 12 janvier contre les Flames de Calgary, le même billet coûte 220 $. Et ce sera la même chose une semaine plus tard pour la seule visite des Golden Knights de Vegas. Quant au match du 24 février contre les Penguins de Pittsburgh, doubles champions en titre, il faudra sacrifier 275 $ par billet.

Si le prix semble trop exorbitant, les Québécois peuvent toujours se rendre chez Frenchie's Bar & Grill, un resto-bar situé à Hallendale, à une quinzaine de minutes en voiture du domicile des Panthers.

L'endroit, propriété du Montréalais Martin Tremblay depuis bientôt 15 ans, est fréquenté presque exclusivement par des Québécois, incluant des personnalités connues comme Denis Savard, Rodger Brulotte et même Michel Therrien. Il est ouvert six mois par année entre octobre et avril.

«Habituellement, mon bar est toujours plein quand le Canadien joue. Il y a beaucoup d'ambiance et ça crie fort quand le Canadien marque un but. Si l'équipe participe aux séries éliminatoires, j'étire ma saison aussi longtemps», raconte Martin Tremblay.