La défaite du Canadien de Montréal aux mains des Flames de Calgary jeudi soir au Centre Bell aura permis de confirmer la véracité de deux adages: le talent naturel ne fait pas foi de tout, et le travail acharné amène des résultats.

Cinq jours après avoir connu sa première soirée de quatre points à vie dans la Ligue nationale de hockey, Alex Galchenyuk est resté plus souvent assis sur le banc des joueurs que sur la patinoire, au fur et à mesure que le match avançait.

Le temps passé sur la patinoire fait foi de tout. Au sein d'un quatrième trio qui se débrouille de mieux en mieux, malgré des habiletés naturelles moins apparentes, Carr a joué pendant 11:39, a marqué son deuxième but de la saison et affiché un ratio défensif de +1 et a mérité les éloges d'un peu tout le monde.

«Il nous donne ce qu'on demande de lui. On demandait d'avoir un quatrième trio qui pouvait nous donner un peu de jeu offensif. Depuis plusieurs matchs, ce quatrième trio fait du bon travail», a reconnu Julien en parlant de Carr, Byron Froese et de Nicolas Deslauriers, qui ont tous contribué au premier but du Canadien.

Malgré le revers, Max Pacioretty a affiché un certain sens de l'humour lorsqu'est venu le temps de commenter la soirée de travail de Carr.

«Il nous fait tous mal paraître et montre à quel point il est facile de produire à l'attaque dans cette ligue!, a lancé le capitaine du Canadien en riant.

«Vous le voyez faire les bonnes choses match après match, et il en obtient les récompenses. C'est incroyable ce que la confiance peut faire pour un joueur. Il joue très bien, il montre du sang-froid. Souhaitons qu'il continue de nous faire tous mal paraître!»

Il y a deux ans, alors que tout avait commencé à s'écrouler chez le Canadien après la blessure au gardien Carey Price, Carr avait fait belle impression en inscrivant neuf points, dont six buts, en 23 matchs. Aussi, il avait démontré qu'il ne craignait pas la circulation lourde devant le filet adverse.

L'an dernier cependant, il s'est contenté du même nombre de points même s'il avait pu participer à dix parties de plus.

Avec le Rocket de Laval cette saison, ses 11 buts en 20 rencontres et une blessure à Jonathan Drouin à la veille du match de jeudi dernier contre les Red Wings de Detroit lui ont procuré une autre chance de montrer son savoir-faire dans la LNH. Et il en profite, comme le prouve sa fiche de six points en quatre parties.

Questionné sur ce qu'il avait retenu de son passage avec le Canadien la saison dernière, Carr a eu une pensée pour Michel Therrien.

«Je pense avoir appris beaucoup l'an dernier de Michel, sur ce qu'il faut faire pour rester ici et pour jouer ici. C'est Michel qui m'a donné ma première chance de jouer dans la Ligue nationale, et je l'en remercierai toujours. Je suis reconnaissant d'être ici tous les jours et de pratiquer ce sport.»

Le cas Galchenyuk

Claude Julien a laissé Alex Galchenyuk sur le banc pendant presque toute la troisième période jeudi soir, et il ne s'est pas gêné pour le critiquer après le match. Toutefois, l'entraîneur-chef du Canadien de Montréal continuera de consacrer les efforts nécessaires pour permettre à son énigmatique attaquant de répondre aux attentes fondées en lui.

Lors de la séance d'entraînement de l'équipe vendredi midi à Brossard, Galchenyuk a été réuni avec le centre Jonathan Drouin, qui a affirmé qu'il était prêt à reprendre sa place dans la formation après une absence de quatre matchs, dont les deux derniers à cause d'un virus.

Surtout, Julien a repris un refrain déjà entendu au sujet des habiletés naturelles de Galchenyuk, de son âge et de son potentiel encore inexploité.

«Nous savons qu'il est un bon joueur, nous savons qu'il a du talent. Nous nous asseyons avec lui, nous tenons des séances vidéo, nous avons des rencontres, nous discutons de différentes choses. Il faut continuer de travailler avec vos joueurs, ne jamais abandonner. Vous devez tirer les bonnes ficelles et continuer de les aider. Ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus plaisant d'un côté comme de l'autre, mais c'est important que tous réalisent que nous voulons réussir et non échouer.»

Ce ton conciliant chez Julien faisait contraste avec son mécontentement après la défaite de 3-2 aux mains des Flames de Calgary en prolongation.

Non seulement Galchenyuk n'a-t-il pas eu le temps de sauter sur la patinoire lors de la période additionnelle, il n'a joué que pendant 68 secondes au troisième vingt et à peine plus de neuf minutes pendant la totalité de la partie.

«Un joueur doit faire plus que marquer des buts. C'est comme ça pour tout le monde. Il faut qu'il soit meilleur sans la rondelle, qu'il gagne des batailles le long des rampes. C'est important, ces choses-là, et dans un match à égalité, il n'était pas tellement bon le long des rampes. C'est une décision que j'ai prise de raccourcir mon banc», avait expliqué Julien, sur un ton qui ne laissait aucune place à l'interprétation.

«Le match de jeudi a été difficile pour lui, a repris Julien vendredi. Mais il faut tourner la page. Ça ne veut pas dire que ce sera la même chose demain. En tant qu'entraîneur, vous voulez l'aider.»

Galchenyuk n'avait pas rencontré les journalistes après la rencontre de jeudi, mais le rendez-vous avec les médias a eu lieu vendredi.

«C'est décevant de ne pas jouer beaucoup, mais je dois continuer d'aller sur la patinoire, pratiquer mon style de jeu et trouver un moyen d'aider l'équipe à gagner, a déclaré Galchenyuk.

«Il n'y a pas de doute que ce n'est pas agréable, mais ça arrive», a-t-il ajouté.

Galchenyuk a indiqué qu'il n'avait pas pris connaissance des propos que Julien a adressés à son endroit jeudi soir, et qu'il tâchait de se concentrer sur le prochain match.

«Vous voulez toujours être sur la patinoire. Je sais ce que je suis capable de faire. Je suis un joueur compétitif et je veux aider l'équipe à gagner des matchs.»