Le Canadien n'a pas eu un calendrier facile dans le premier mois de la saison, avec trois séquences de trois matchs en quatre jours à l'étranger. Dans une équipe qui intégrait plusieurs nouveaux éléments, les résultats ont été catastrophiques.

C'est au tour des Sénateurs d'affronter cette réalité: un calendrier pas commode, et une rude transition au sein du premier trio de l'équipe, avec Matt Duchene qui prend la place de Kyle Turris à la suite d'une transaction aux proportions «gretzkyesques».

Les Sénateurs tenteront de mettre fin à leur vilaine séquence ce soir, en affrontant le Canadien au Centre Bell.

Si on regarde froidement les résultats, la transaction ne produit pas les résultats escomptés jusqu'ici. Collectivement, les Sénateurs affichent un dossier de 2-5-1 et ont subi la défaite dans les six derniers matchs. Ils n'ont inscrit que 16 buts au cours de cette séquence.

Individuellement, Duchene a inscrit un but et n'a pas obtenu de passe en huit rencontres, tout en affichant un différentiel de -10. Sa sécheresse coïncide avec celle du capitaine de l'équipe, Erik Karlsson, sans point à ses six dernières sorties, avec un rendement de -9.

Dès que les statistiques de Duchene sont mentionnées, on grimpe aux barricades pour défendre le nouveau venu.

«Les journalistes se concentrent beaucoup sur les statistiques personnelles, mais il a fait plusieurs bons jeux. Il pourrait avoir plus de points et nous ne parlerions pas autant de lui», a fait valoir l'attaquant Alexandre Burrows.

«Une vedette comme lui a beaucoup plus de pression qu'un joueur de troisième ou quatrième trio, a rappelé Guy Boucher. L'an passé, on a obtenu Burrows, [Viktor] Stalberg et [Tommy] Wingels. Ils se sont adaptés tout de suite. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas la même pression de produire. Duchene, par moments, c'était une clinique sur la glace. C'était incroyable. Mais il tire sur le poteau, manque le filet. Pour n'importe quel joueur, ça crée une pression de performer, d'avoir des résultats. Mais maintenant qu'il a marqué, ça enlève de la pression à lui et à l'équipe.»

L'espoir chez les Sénateurs est que le but que Duchene a marqué au dernier match le soulage d'une certaine pression. Car avec ce que l'équipe a sacrifié, il n'est pas exagéré de parler de pression. Dans cette transaction à trois équipes, le directeur général, Pierre Dorion, a sacrifié Turris, le choix de premier tour des Sénateurs en 2017 (Shane Bowers), le choix de premier tour en 2018, et un de troisième tour en 2019, en plus du gardien Andrew Hammond.

«C'est une leçon d'humilité, de voir à quel point Joe [Sakic] estimait assez ma valeur pour attendre aussi longtemps avant de m'échanger, a admis Duchene. Quand je vois les Sénateurs donner autant d'éléments, je veux m'assurer d'être à la hauteur de leurs attentes. Mais j'essaie aussi de ne pas trop y penser.»

C'est aussi à se demander si une telle transaction n'ajoute pas une pression collective pour des résultats immédiats, puisque l'avenir a été en partie sacrifié...

Et le calendrier

Il y a une certaine forme de pression, et il y a aussi le calendrier. Les Ottaviens disputent ce soir le premier de sept matchs à l'étranger, un voyage qui les mènera ensuite à New York, à Winnipeg, en Californie et à Buffalo.

En fait, les Sénateurs sont au milieu d'une séquence de 12 matchs sur 15 loin d'Ottawa. Il y a ce périple, il y en a eu un de trois matchs la semaine dernière (New York, Washington et Columbus) et il y a eu ces deux matchs à Stockholm contre l'Avalanche.

«C'est le pire horaire que j'ai jamais vu», tranche Boucher. L'entraîneur-chef a d'ailleurs réagi en donnant à ses troupes deux congés de suite, dimanche et lundi.

«J'ai vécu neuf fois, avec Hockey Canada, de partir d'ici et aller jouer de l'autre côté [en Europe]. Ça prend minimum une journée par heure de décalage pour revenir à la normale. Mais je ne l'avais jamais fait dans l'autre sens. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais je savais que ça serait difficile. On est revenus avec un trois en quatre. On jouait bien, mais on manquait de jus, c'était clair. On avait besoin de journées de congé, c'est ce qu'on vient de faire. La face de tout le monde a changé.»

Soir de première pour Condon

Boucher a confirmé que Mike Condon défendra le filet de son équipe. Condon avait affronté son ancienne équipe pendant une période à Ottawa le mois dernier, mais il s'était amené en relève de Craig Anderson. Il amorcera donc un duel contre son ancienne équipe pour la première fois, et jouera au Centre Bell pour une première fois depuis que le CH l'a perdu au ballottage en octobre 2016.

Du reste, Boucher s'en remettra à sa formation du dernier match. C'est donc dire que le défenseur Thomas Chabot sera laissé de côté.

Le Canadien ne tenait pas d'entraînement ce matin. Claude Julien s'adressera aux médias en fin d'après-midi.

Photo Justin Tang, PC

Mike Condon