Alexei Emelin n'a jamais été reconnu pour être un grand bavard. Loin des caméras de Montréal, dans la tranquillité du vestiaire des Predators de Nashville, il s'ouvre un peu plus.

Il parle de sa nouvelle vie, de ses enfants qui sont encore à Montréal, de son partenaire à la ligne bleue, un certain P.K. Subban. Il parle aussi d'Andrei Markov, dont le départ du Canadien laisse encore un goût amer.

«Je crois qu'Andrei représente la plus grande perte pour le Canadien. Markov était un grand défenseur et un bon vétéran pour le Canadien. Il avait un grand impact sur l'équipe sur la glace, mais aussi à l'extérieur de celle-ci.»

Difficile de le contredire. Markov était reconnu pour sa vision du jeu et sa relance offensive, justement un des aspects qui font défaut chez le Canadien cette saison. Le Russe de 38 ans a préféré signer un pacte avec l'Ak-Bars de Kazan cette saison, après un échec encore nébuleux de ses négociations avec Marc Bergevin.

Emelin était présent au mariage de Markov en Russie l'été dernier. Il parle encore régulièrement à son compatriote, qui n'était qu'à 10 matchs du plateau des 1000 dans l'uniforme tricolore.

«Je sais qu'il était très triste de partir de Montréal. Ça fait partie du hockey.»

Parlant d'anciens du Canadien, Emelin est jumelé en ce moment à Subban. L'entraîneur-chef des Predators, Peter Laviolette, a décidé de miser sur la symbiose déjà existante des anciens coéquipiers en attendant le retour au jeu de Ryan Ellis (genou).

Est-il heureux de retrouver le flamboyant défenseur?

«Oui, c'est agréable. Je le connais bien, dit-il en riant. J'avais déjà joué avec P.K. à Montréal, et je sais à quoi m'attendre de lui. Je le connais et il me connaît. Nous avons une belle complicité.»

Subban ne s'est pas adressé aux médias hier, préférant le faire aujourd'hui, après la séance d'entraînement des Predators.

De l'avis général, le duo se tire bien d'affaire. Subban reste Subban: troisième marqueur de l'équipe, deuxième joueur le plus utilisé, à près de 25 minutes par match. Mais Emelin se fait remarquer avec plus de 18 minutes de jeu, dont plusieurs en désavantage numérique.

«Il s'améliore chaque jour, a dit Laviolette. Pour moi, c'est un joueur qui peut ajouter un aspect physique, il est bon défensivement, il fait une bonne première passe. Il affronte les meilleurs soir après soir, il est apprécié dans le vestiaire. Plus je le vois, plus je suis son entraîneur, plus je l'apprécie.»

«Alexei est une bonne acquisition pour notre groupe de défenseurs, a ajouté le gardien Pekka Rinne. Nous avons plusieurs bons défenseurs rapides qui transportent bien la rondelle. Mais nous n'avions pas beaucoup de défenseurs robustes et fiables dans leur territoire. Emelin répond aux deux critères.»

Nouvelle vie

Emelin a pris un long détour pour aboutir à Nashville. D'abord choisi par les Golden Knights de Vegas au repêchage d'expansion, après n'avoir pas été protégé par le Canadien, il a été échangé aux Predators quelques jours plus tard.

S'il s'était préparé mentalement à l'idée de quitter Montréal, se retrouver à Nashville l'a pris par surprise.

«Je ne m'y attendais pas. Après le repêchage d'expansion, j'ai parlé avec l'entraîneur Gerard Gallant. Il me disait que j'allais aider les Golden Knights. Après notre conversation, j'ai fait des recherches pour trouver une maison, mais quelques jours plus tard, j'ai appris que les Golden Knights venaient de m'échanger.»

Tout de même, Emelin se plaît bien dans sa nouvelle ville. Il apprécie Nashville et ses partisans. Il a même fait un tour des endroits à connaître, gracieuseté du guide touristique improvisé P.K. Subban.

Seul problème, il doit y vivre loin de sa femme et de ses trois filles.

«Ma famille est à Montréal. Mais ma femme et mes filles sont actuellement en visite à Nashville. Je trouve ça difficile de vivre loin d'elles. Mais nous ne voulions pas changer d'école pour les filles. Mes deux plus vieilles vont à l'école et nous avons choisi de les garder à Montréal.»

En bref

Le Josi nouveauLes Predators comptent cette saison sur un nouveau capitaine en Roman Josi, après le départ à la retraite de Mike Fisher. Le principal intéressé juge qu'il était prêt pour ce défi, et qu'il a su s'inspirer de ceux qui l'ont précédé, Fisher et Shea Weber. « J'ai appris beaucoup d'eux. Surtout de mener par l'exemple, travailler fort à chaque entraînement et à chaque match. J'en tire une grande fierté. » Josi reçoit d'ailleurs encore quelques conseils de Fisher, avec qui il a gardé contact. Si les Predators font belle figure au classement dans l'Ouest, ils semblent toutefois condamnés au milieu du peloton pour les buts marqués. Si bien que P.K. Subban et Josi, deux défenseurs, se retrouvent parmi les quatre meilleurs marqueurs de l'équipe. « Nous avons des défenseurs qui patinent bien et qui veulent contribuer à l'attaque. C'est notre système de jeu, mais ça correspond bien à nos défenseurs. »

Rinne compatissant

À quelques heures de son match face aux Jets de Winnipeg, hier, Pekka Rinne n'a pas hésité à rencontrer les représentants des médias. Très détendu, Rinne a discuté de plusieurs sujets, notamment de son confrère Carey Price. « J'ai déjà traversé des périodes creuses. Carey peut être formidable durant plusieurs matchs, mais dès qu'il en connaît deux mauvais, ça devient une grosse histoire à Montréal. Je trouve ça difficile pour lui. Je suis chanceux d'être dans une ville comme Nashville, où la pression est moins grande pour un gardien. » Rinne estime encore que Price est l'un des meilleurs de sa profession. Selon le Finlandais, il est vrai que l'aspect mental peut devenir le pire ennemi du gardien. « Mais Carey a prouvé plus d'une fois qu'il a la force nécessaire pour rebondir. Je sais qu'il est très fort mentalement. »

Perreault s'en tire bien

Mathieu Perreault était dans le vestiaire des Jets après l'entraînement d'hier, sourire aux lèvres, en pleine forme. La situation aurait pu être très différente après le coup de bâton vicieux de Radko Gudas à son endroit, un geste qui a valu 10 matchs de suspension au dur à cuire des Flyers de Philadelphie. « Quand j'ai revu la séquence, j'ai compris que ça aurait pu être bien pire. Ce n'était pas chic. Je me considère quand même comme chanceux. Ça aurait pu mettre fin à ma carrière. Un coup de bâton à la tête, c'est complètement ridicule. » Sur le coup, Gudas s'est excusé. « Quand j'ai vu la reprise, j'ai dit, OK, tu t'excuses, mais... Il m'a dit qu'il n'a pas fait exprès. La reprise montre autre chose. » À savoir s'il était surpris que Gudas soit à l'origine d'un tel geste, la réponse ne laisse aucun doute. « Ce n'est pas la première fois qu'il fait une niaiserie. »