Il a signé un contrat à long terme, a quitté ce qui est devenu un fiasco à Montréal et joue avec l'un des attaquants les plus productifs des dernières années dans la LNH.

Alexander Radulov pouvait bien sourire dans le vestiaire du centre d'entraînement des Stars, hier, quand une dizaine de journalistes - dont la moitié de Montréal - se sont approchés de son casier pour lui faire la causerie. «Viens t'asseoir!», a-t-il lancé à un collègue, l'invitant à prendre place à ses côtés.

Si Radulov était si radieux, c'est que la vie après Montréal se passe plutôt bien pour lui. Après 20 matchs, le voici à 19 points, et son partenaire de trio le plus régulier a pour nom Jamie Benn. Regardez la liste des meilleurs compteurs de la LNH depuis 2013: vous devrez lire deux noms, Sidney Crosby et Patrick Kane, avant d'arriver à celui de Benn. Comme centre, Radulov aurait pu tomber sur pire joueur.

«Ce n'est pas mal. À force de jouer ensemble, on se comprend, explique le sympathique Russe, après une intense séance d'entraînement. Mais ce n'est pas encore aussi bon que ce qu'on souhaiterait. On continue à se parler pour s'améliorer, pour produire à tous les matchs.»

Négociations

À mesure que la discussion progresse, Radulov s'ouvre de plus en plus. Les collègues de Dallas quittent peu à peu la mêlée de presse, si bien qu'il ne reste plus que les scribes montréalais. Les fameuses offres de Marc Bergevin, qui ont fait couler tant d'encre l'été dernier, reviennent dans la conversation. Radulov répète ce qui était su, soit que Bergevin lui avait bel et bien offert lui aussi un pacte de cinq ans avant le 1er juillet. «Mais la somme n'était pas la même», prévient celui qui s'est finalement entendu pour cinq ans et 31,25 millions de dollars avec les Stars.

Le Canadien a affirmé avoir égalé cette offre, mais selon la version de Radulov, au moment où Bergevin l'a fait, il s'était déjà entendu de vive voix avec Jim Nill, le directeur général des Stars. Nill, Benn, Jason Spezza et l'entraîneur-chef Ken Hitchcock l'avaient aussi tour à tour appelé pour lui vanter la vie à Dallas.

Radulov a ensuite révélé que le Canadien lui avait fait des offres en cours de saison. Comme il détenait un contrat d'un an, l'ailier droit avait le droit de renouveler son entente avec le Tricolore à compter du 1er janvier dernier.

«[Marc Bergevin] m'avait fait des offres de trois, quatre et cinq ans, avec des salaires différents pour chaque offre. Mais j'avais été clair que je ne voulais pas négocier pendant la saison, car j'avais été absent de la LNH pendant quatre ans, donc je ne savais pas comment j'allais m'adapter. Plus la saison progressait, mieux je me sentais. Mais je ne voulais pas partir.»

Radulov a finalement gagné son pari haut la main. Individuellement, parce qu'il joue avec Benn et qu'il accumule les points. Collectivement, parce que même s'ils ont connu des hauts et des bas, les Stars sont dans une course pour la dernière place donnant accès aux séries dans l'Ouest. Le Canadien est à cinq points des séries.

«La saison est encore jeune, rappelle le numéro 47. On n'a joué que 20 matchs. Montréal est à quoi, deux ou trois matchs sous ,500? [NDLR: trois] Nous, on est seulement à un match au-dessus. Ce n'est pas une grande différence. On a eu des hauts et des bas. On doit être meilleurs. Mais je garde un oeil sur Montréal, je sais qu'ils ont des problèmes devant le filet parce que Carey [Price] s'est blessé. C'est dur pour eux, mais ils seront corrects quand il va revenir.»

Nouveau partenaire de trio

Radulov a joué 60% de son temps à forces égales cette saison avec Benn et Tyler Seguin. Hitchcock a donc mis tous ses oeufs dans le même panier, un peu comme l'avait fait la WWF en 1987 en unissant Hulk Hogan et Macho Man pour former les Mega Powers. Exactement la même situation.

Samedi dernier, un peu par accident, Hitchcock a brisé ce trio et remplacé Seguin par Antoine Roussel, un joueur d'énergie pas exactement bâti dans le même moule que Benn et Radulov. Laissons le Français raconter les circonstances.

«Je devais jouer avec [Jason] Spezza et [Martin] Hanzal, a expliqué Roussel. Je n'avais pas joué pendant les sept premières minutes parce qu'on avait eu un avantage numérique et eux jouent dans la deuxième unité. L'entraîneur s'est dit que j'avais besoin d'une présence, donc on m'a envoyé avec [Benn et Radulov] et on a marqué. Et ensuite, on a marqué à notre deuxième présence, donc on a fait tout le match comme ça!»

Hitchcock se réjouit des résultats. Non pas parce que son trio ne fonctionnait pas, mais plutôt parce que le reste de son attaque se retrouvait en manque de talent brut.

«Je n'ai aucune hésitation à les faire jouer ensemble pendant un match. Mais pour connaître du succès, on a besoin que plus de joueurs soient impliqués, plutôt que de se fier à seulement trois joueurs et d'avoir une longue attente avant de retourner en zone offensive.»

La situation n'est pas sans rappeler celle du Canadien. Samedi, Claude Julien a jumelé ses trois attaquants les plus talentueux en réunissant Jonathan Drouin, Alex Galchenyuk et Max Pacioretty. Dans ce cas, la mayonnaise n'a pas pris. Et même si ça finit par cliquer, on peut se questionner sur l'impact que ça aura sur les autres trios, déjà qu'Artturi Lehkonen manque à l'appel.