«Mon feeling à moi, c'est qu'on aura un club en septembre 2015.»

C'était en octobre 2013, en pleine campagne électorale municipale, que Régis Labeaume lançait cette phrase sur les ondes de Radio X. La ronde des supputations était repartie de plus belle, avec de grands titres dans les médias, des analyses savantes dans les journaux et des partisans qui retrouvaient la foi.

Régis Labeaume avait été élu quelques semaines après avec 74% des voix.

Quatre ans plus tard, il n'y a plus de grands titres, plus d'analyses savantes et les partisans ont la mine basse. Les Nordiques sont les grands absents de cette campagne. Leur nom n'est plus prononcé. Et rien n'indique qu'une équipe de hockey s'installera bientôt dans l'amphithéâtre inauguré en septembre 2015.

«Non seulement M. Labeaume n'en parle pas durant cette campagne, mais ses adversaires n'en parlent pas non plus», souligne Mario Roy, l'instigateur de la Marche bleue, qui avait rassemblé plus de 50 000 personnes sur les plaines d'Abraham en 2010.

L'espoir d'il y a quatre ans a laissé la place à une sorte de morosité. Il y a eu les Coyotes, qui ont décidé de rester à Phoenix. Il y a eu cette expansion, à Las Vegas. Il y a maintenant des rumeurs qui pointent vers Seattle.

Mais il y a aussi que politiquement, brandir le retour des Nordiques n'est plus aussi rentable qu'avant.

«C'est un dossier émotif, le retour des Nordiques. Je pense que Régis Labeaume a très bien joué ses cartes pour réussir le projet d'amphithéâtre. C'est sûr que le retour des Nordiques à Québec a joué politiquement en faveur de Régis Labeaume, c'est certain», estime Mario Roy.

«Mais maintenant, politiquement, les Nordiques ne comptent plus à Québec, parce que l'amphithéâtre est construit», dit-il.

«Ils vont revenir»

Selon la candidate à la mairie Anne Guérette, si M. Labeaume ne parle pas des Nordiques, c'est parce que ce dossier est pour lui un échec. Elle estime que leur retour avait été promis par le maire sortant, ce que ce dernier a toujours nié.

«Il l'a dit à plusieurs reprises. Regardez ses déclarations: "Ils s'en viennent", "En tout cas, je ne parlerai pas trop"... Il a porté le chandail des Nordiques, a alimenté le rêve», illustre Mme Guérette, chef de Démocratie Québec. «Mais c'est un rêve brisé. Aujourd'hui, on a un amphithéâtre vide et personne ne sait si on aura une équipe un jour. En attendant, on fait un chèque chaque année, minimum cinq millions.»

La somme que payent annuellement les contribuables de Québec pour le Centre Vidéotron est sujette à débat. Ce qui est certain, c'est que l'amphithéâtre construit au coût de 370 millions de dollars a besoin d'une équipe de hockey.

Avant sa construction, la Ville pensait pouvoir tirer 2,8 millions annuellement de la vente de billets, sans la présence de la LNH. Or, pour 2016, la Ville a plutôt reçu 1,2 million. Québec touche 10 % du prix d'un billet jusqu'à concurrence de 4 $.

Régis Labeaume s'est souvent défendu sur cette question : selon lui, il n'a jamais promis le retour d'une équipe, il a livré l'amphithéâtre, et maintenant, la balle est dans le camp de Québecor, gestionnaire du Centre Vidéotron et candidate pour l'obtention d'une équipe.

En entrevue récemment avec La Presse, M. Labeaume ne s'est pas défilé lorsqu'on lui a parlé des Nordiques. «Ils vont revenir, je suis convaincu. C'est une business spéciale. J'ai appris bien des affaires. Mais ils vont revenir, je suis convaincu de ça», a dit celui qui cherche à se faire élire pour la quatrième fois.

Pense-t-il revoir une équipe à Québec de son vivant? «J'ai 61 ans, alors on va être corrects.»

Mais à part ces quelques mots, le maire sortant ne parle plus des Nordiques, tout comme ses adversaires, les médias et même les radios, qui en faisaient il y a quelques années encore leurs choux gras.

«C'est un dossier nébuleux, admet Mario Roy. C'est un peu la loi du silence en ce moment du côté de la LNH. Est-ce que c'est elle qui a mis les freins, est-ce que c'est la faute à Québecor? On n'en sait rien.»