Il y a des joueurs qui ne savent pas quand arrêter, mais François Beauchemin, lui, a déjà décidé : il va arrêter au printemps prochain.

Oui, le vétéran défenseur en est à sa dernière saison dans la LNH, après une carrière amorcée en 2002-2003 quand il avait disputé son seul et unique match dans le maillot du Canadien.

L'idée de la retraite lui est venue cet été quand il s'est mis à ne plus aller au gymnase parce qu'aucune équipe ne s'intéressait à lui, à la suite du rachat de son contrat par l'Avalanche du Colorado.

«Ce sera ma dernière saison, a-t-il admis hier matin à Anaheim. J'ai passé un bel été à ne pas m'entraîner. Avant, je sautais des journées au gym et je me sentais coupable. L'été passé, je ne me sentais plus coupable...»

Il faut bien comprendre que Beauchemin n'a sans doute plus rien à prouver sur une patinoire. La Coupe Stanley, il l'a déjà gagnée ici, avec les Ducks de 2007. Il a déjà connu l'ivresse de la grande victoire, connu aussi les moins bons moments.

S'il est revenu aux Ducks pour la troisième fois de sa carrière, c'est avant tout parce qu'il se sent comme chez lui par ici.

«J'ai reçu un appel en août des Ducks, et quand je suis revenu dans le vestiaire, c'est comme si je n'étais jamais parti. La plupart des gars sont encore ici. Je suis parti deux ans, alors c'est sûr que tout le monde a vieilli depuis, mais rien n'a changé.

«J'ai eu des offres d'autres équipes, mais ça ne m'intéressait pas de déménager à une autre place juste pour une saison. J'ai joué ici huit ans, j'ai gagné la Coupe ici, c'est la meilleure chose qui pouvait arriver.»

Contre son ancien club

Ce soir à Anaheim, Beauchemin va affronter son ancien club, en tout cas le club qui l'a repêché en 1998 sans jamais vraiment lui offrir une véritable chance. Ce même club ne l'a jamais appelé cet été pour lui faire une offre.

«Montréal aurait été un endroit où j'aurais pensé aller, peut-être. J'y aurais réfléchi plus longtemps, c'est sûr. J'ai été déçu qu'ils ne m'appellent pas. Mais je n'ai pas eu à me casser la tête avec ça, ils n'ont pas appelé. Ils voulaient peut-être plus d'offensive avec Mark Streit, je ne sais pas trop.

«Je n'ai pas de mauvais souvenirs du Canadien. Au contraire, lorsque les Blue Jackets de Columbus m'ont choisi au ballottage, j'étais content, parce que j'allais avoir une chance dans la LNH. En plus, il y avait Mike Komisarek et Ron Hainsey en avant de moi à Montréal à ce moment-là.»

Randy Carlyle, l'entraîneur-chef des Ducks, voit en Beauchemin un joueur qui a su s'adapter à sa nouvelle réalité.

«J'ai du respect pour lui parce qu'il savait qu'il n'allait pas revenir ici dans le même rôle, a-t-il expliqué. François a compris ça dès le départ. Il est compétitif mais, aussi, il connaît ses limites.»

François Beauchemin est le premier à l'admettre: non, il n'est plus le défenseur de jadis. Mais il sait aussi qu'il est encore capable de jouer dans cette ligue.

«Je suis rendu à 37 ans, et des défenseurs de 37 ans, il n'y en a pas beaucoup», ajoute-t-il, non sans fierté.