S'il y a un joueur qui a fédéré les partisans dans leur ras-le-bol vis-à-vis des difficultés du Canadien à marquer des buts, c'est bien Tomas Plekanec.

Par sa faible productivité offensive, jumelée à un salaire jugé trop élevé pour le rôle qu'il occupe, le Tchèque est devenu sur les réseaux sociaux une sorte de paratonnerre.

Ce qui ne veut pas dire que le numéro 14 du Canadien n'a pas ses admirateurs. Ismo Lehkonen en fait partie.

Ismo Lehkonen, c'est le père d'Artturi, l'attaquant du Canadien. Ismo suit en personne les matchs de la finale de la Coupe Stanley à titre d'analyste pour la télévision finlandaise. Et il estime que si son fils a connu des débuts si encourageants dans la LNH la saison dernière, c'est beaucoup grâce à Plekanec, qui a été son compagnon de trio le plus stable.

«Je ne peux pas vraiment aider Artturi avec la LNH, car je n'ai pas d'expérience ici. Je regarde beaucoup de matchs, mais c'est différent, admet cet ancien joueur professionnel, rencontré dans la salle de presse du Bridgestone Arena. Il a donc besoin d'un mentor. Je ne sais pas comment vous remercier, monsieur Plekanec, mais je suis vraiment enchanté. Les recrues ont besoin de ce genre de mentor.»

«Tomas Plekanec, dès la première semaine, a pris Artturi sous son aile. Il lui a expliqué le système, comment s'entraîner, quoi faire quand le match commence.»

Ismo Lehkonen estime aussi qu'avec Plekanec, son fils a amélioré son jeu défensif.

«Plekanec est l'un de mes joueurs préférés, car il est bon dans les deux sens de la patinoire. Quand j'étais entraîneur, j'aimais ce genre de joueur, car ça t'aide à gagner. Plekanec, tout le monde parle de ses points. Ça m'importe peu. Il ne joue plus beaucoup en avantage numérique, mais défensivement, ils l'utilisaient toujours contre les meilleurs trios.

«Artturi jouait souvent au sein du même trio. Je lui disais : "C'est très bon pour toi, car tu affrontes les meilleurs trios de la LNH. Ça va t'aider pour l'avenir." Il savait comment défendre son territoire et bien lire le jeu. C'est beaucoup grâce à Plekanec, qui lui a montré comment faire ça.»



Le bon chemin

Depuis la sélection de Brendan Gallagher en 2010, le Canadien en arrache au repêchage après le premier tour. En fait, seulement deux joueurs repêchés après cette étape se sont établis dans la LNH: Lehkonen (2e tour, 2013) et Sven Andrighetto (3e tour, 2013). Et encore, Andrighetto a disputé 20 matchs dans la Ligue américaine la saison dernière.

On notera par ailleurs que Lehkonen a court-circuité la Ligue américaine et est passé directement de l'Europe à la LNH. L'ailier a d'abord quitté sa Finlande natale pour se joindre aux Indians de Frolunda, qu'il a aidés à remporter le championnat national en 2016.

«Il a consulté plusieurs anciens de la LNH, explique Ismo Lehkonen. Ils lui ont tous dit qu'il devait d'abord dominer en Europe pour ensuite avoir une chance de s'établir dans la LNH. Si tu joues bien là-bas et que tu gagnes des trophées, tu auras une chance. C'est tellement dur de jouer 82 matchs, puis les séries, les voyages, les entraînements entre tout ça... Quand tu es jeune, tu dois beaucoup t'entraîner, et trouver le moyen de jouer 82 matchs.

«En Suède, il a pu s'entraîner plus souvent. Le jeu est dur là-bas, ça frappe fort. Ça facilite la transition vers la LNH. Si tu ne passes pas par cette étape et que t'arrives ici, tu n'as peut-être pas des chances égales de te faire valoir.»

Pendant la saison morte, Artturi Lehkonen s'entraîne en Finlande. Il travaille notamment avec un entraîneur de patinage artistique pour améliorer son coup de patin.

«À un contre un, il faut que tu puisses accélérer. Si tu as la vitesse de Connor McDavid, tu as une chance. Sinon, tu dois dégager la rondelle en fond de territoire!», lance Ismo Lehkonen en riant.

Beaucoup de hockey!

Après sa carrière de joueur, Ismo Lehkonen est devenu entraîneur dans les rangs professionnels finlandais, en plus de donner un coup de main au programme national de l'Estonie. Mais le coaching, c'est fini.

«J'ai promis à ma femme que si Artturi joue dans la LNH, je ne coacherai plus. Si quelque chose se passe, je dois être au courant. Il peut se blesser, être rétrogradé. Si ça arrive, il aura besoin d'aide. Entraîneur, c'est un emploi de 24 heures sur 24.»

Tu peux sortir le gars du hockey, mais pas le hockey du gars, pourrait-on dire. Même s'il n'a jamais été une vedette du hockey finlandais, il a décroché un emploi à la télévision, par sa capacité à bien formuler ses opinions.

Et il suit la LNH de près.

«Je regarde tous les matchs d'Artturi, mais aussi ceux des Rangers, des Penguins et des Blackhawks. Les Penguins, en raison de leurs attaquants. Chez les Rangers, j'adore Mats Zuccarello. Il est comme un savon, tu ne peux pas l'attraper. Et évidemment Henrik Lundqvist. Chicago, parce que quand j'étais petit, je jouais au hockey à Helsinki et notre équipe s'appelait les Blackhawks. C'est pour ça que c'était mon équipe préférée dans la LNH.

«Mais maintenant, mon équipe préférée, c'est Montréal!»

Photo Jean-Yves Ahern, archives USA TODAY Sports

Artturi Lehkonen a été repêché en 2013 par le Canadien.