Non loin de l'endroit où le « Quintette russe » des Red Wings de Detroit a envahi la Ligue nationale de hockey au milieu des années 90, le défenseur Nikita Zaitsev prenait le repas avec son agent et lui expliquait que la douleur de ne pas avoir été repêché, non pas une, ni deux mais trois fois, s'était estompée.

Quatre mois après le début de sa première saison avec les Maple Leafs de Toronto, Zaitsev réalisait que le fait d'avoir été ignoré avait été la meilleure chose qui avait pu lui arriver. L'attaquant Artemi Panarin, des Blackhawks de Chicago, a dit exactement la même chose à Dan Millstein, lui qui a mérité le titre de recrue de l'année en 2015-2016 avec une récolte de 77 points.

Zaitsev et Panarin sont deux leaders d'une nouvelle génération de hockeyeurs russes qui sont issus de la Ligue continentale de hockey (KHL) et qui se présentent dans la LNH dans la vingtaine, prêts à s'imposer.

Evgeny Kuznetsov et Dmitri Orlov, des Capitals de Washington, et Vladimir Tarasenko, des Blues de St. Louis, se sont développés dans la KHL après avoir été repêchés en première ou deuxième ronde lors de séances de sélections de la LNH. Et avec le Canadien de Montréal, Alexander Radulov a connu un regain de vie qu'espère également vivre Ilya Kovalchuk, alors qu'il envisage faire un retour au sein du circuit Bettman.

Les Golden Knights de Las Vegas, qui effectueront leur entrée dans la LNH cet automne, souhaitent obtenir des résultats identiques avec le centre Vadim Shipachyov, l'Avalanche du Colorado compte sur le défenseur Andrei Mironov pour jouer dès la saison prochaine et les Sabres de Buffalo ont des attentes du même genre avec Victor Antipin, ce qui viendrait confirmer que la Russie est devenue une pépinière de hockeyeurs prêts à aider immédiatement une formation de la LNH.

« Dans le passé, [Igor] Larionov et [Vyacheslav] Fetisov sont venus ici et il leur a fallu un peu de temps. Mais récemment, des joueurs comme Panarin, Radulov et Zaitsev se sont présentés et ont vraiment bien fait, a noté le directeur général des Golden Knights, George McPhee. 

« Plusieurs joueurs d'expérience ont eu l'occasion de participer à la Coupe du monde, sur une petite patinoire et lors d'un tournoi de prestige, en plus de jouer dans des compétitions importantes en Amérique. Le fait d'avoir vécu l'expérience de jouer sur une patinoire plus étroite a aidé certains hockeyeurs plus expérimentés. »

Plusieurs raisons peuvent expliquer l'adaptation rapide de joueurs russes dans la LNH. Millstein pense que l'ajustement a été facilité par le fait que les joueurs aient d'abord pu se faire la main au hockey professionnel chez eux et s'y développer, combiné à la présence de meilleurs entraîneurs et de vétérans comme Kovalchuk et l'ancienne vedette Pavel Datsyuk, des Red Wings de Detroit.

Malgré les craintes que certains joueurs russes quittent la LNH et se joignent à la KHL afin de pouvoir participer aux Jeux olympiques de 2018, il semble que l'exode soit plus important encore dans le sens inverse, alors que certains joueurs de renom vont même jusqu'à accepter des réductions de salaire pour venir jouer en Amérique du Nord. Cette situation s'explique en partie par les ennuis financiers de la KHL.

Et les dirigeants d'équipes de la LNH peuvent regarder la récolte de 54 points de Radulov avec le Canadien la saison dernière pour se convaincre qu'il peut être bon de prendre une chance avec des hockeyeurs russes déjà établis.

« Ce sont de bons joueurs qui ne coûtent rien, fait remarquer le directeur général des Devils du New Jersey, Ray Shero. Vous allez prendre une chance avec eux, et vous allez essayer de combler un vide dans l'équipe. On verra en janvier et en février à quel point ils sont efficaces. Ils pourraient être fantastiques. Ce sont certainement de bons joueurs. »

Shero sait que Kovalchuk est encore un bon joueur, même s'il est âgé de 34 ans, après avoir amassé 78 points en 60 matchs avec le SKA de Saint-Pétersbourg. Les Devils détiennent les droits sur Kovalchuk, et son retour dans la LNH dépend du travail de son agent Jay Grossman pour lui permettre de signer un contrat, mais aussi du fait que Shero devra conclure une transaction si Kovalchuk ne veut pas évoluer au New Jersey.