Pendant toute la durée du duel à finir entre le Canadien de Montréal et les Rangers de New York, un homme de la région d'Ottawa regardera les matchs avec ses yeux de grand connaisseur de hockey, mais aussi avec un coeur partagé. Parce que Claude Julien et Alain Vigneault sont un peu comme deux fils pour Charlie Henry.

L'ancien directeur général des Olympiques de Hull avoue ressentir de la fierté en voyant les succès que connaissent Julien et Vigneault à titre d'entraîneurs-chef dans la Ligue nationale de hockey.

Cette fierté est amplifiée par le parcours qu'ont emprunté les deux hommes pour en arriver là où ils sont aujourd'hui, précise-t-il. Un parcours qui a nécessité des ajustements pour avancer dans le hockey du 21e siècle.

«Ce sont deux des meilleurs ambassadeurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, affirme Henry. Je ne dis pas ça parce qu'ils ont dirigé les Olympiques. Ils sont des exemples à suivre parce qu'ils n'ont jamais lâché.»

Au-delà du fait que les deux hommes aient oeuvré sous ses ordres, Henry note d'intéressantes similitudes entre Julien et Vigneault. L'une d'elles est leur ténacité.

«Alain est revenu deux fois au niveau junior, rappelle Henry, en parlant des passages de Vigneault à Beauport et à Charlottetown après autant de séjours derrière le banc d'équipes de la Ligue nationale de hockey, dont le Canadien entre 1997 et 2001.

«Il faut être un homme convaincu de ce que tu peux réaliser pour faire ça, ajoute Henry, sans toutefois afficher le moindre étonnement. Un soir quand il était au niveau junior, je lui avais dit que ce qu'il faisait n'était pas facile. Il m'avait dit qu'il avait confiance que de bonnes choses arriveraient.»

Quant à Julien, cette ténacité était visible sur la glace partout où celui-ci a évolué pendant sa carrière de joueur dans les circuits mineurs, précise l'ancien manitou des Olympiques.

«Claude a joué au sein de notre réseau de hockey mineur avec les Voyageurs d'Ottawa Est, et il ne lâchait jamais, relate Henry. Je le regardais jouer, et je me demandais s'il lui arrivait d'abandonner. La preuve, qu'il ne lâchait jamais? Je pense qu'il a joué pendant une dizaine d'années dans les ligues mineures.»

Selon Henry, la ténacité de Julien s'est transposée dans sa façon de diriger ses joueurs.

«Claude est un type qui peut te convaincre d'être un bon joueur et d'améliorer ton jeu juste par sa façon de te parler. Il était comme ça dans le temps, et je suis sûr que c'est encore le cas.

«Il ne lâchera pas. Il va te dire: "On va faire ça", et si ça ne marche pas, il va te le dire encore. Éventuellement, ça va marcher. Le joueur commence à croire à tout ça. Claude augmente ton niveau de jeu. C'est sa force. Il est tellement positif dans son attitude. Claude, c'est un peu comme un père qui encourage son garçon, et qui l'encourage encore et encore.»

Le positivisme est aussi un point fort de Vigneault ajoute Henry, et celui-ci peut également être persuasif derrière le banc d'une équipe.

«Avec Alain, quand il mettait sa main sur ton épaule et qu'il te parlait dans le creux de l'oreille, avec sa petite voix perçante, tu écoutais. C'était un peu plus direct.»

Malgré le positivisme et la ténacité de Julien et de Vigneault, l'un des deux hommes tombera en vacances quelque part entre les 18 et 24 avril, et le coeur de Henry saignera sans doute un peu. Peut-être pour cette raison, il ne se lancera certainement pas dans le jeu des prédictions.

«Je souhaite que la série se rende à sept matchs…», dit Henry, sans se mouiller davantage.