Il y a trois ans, les difficultés de Henrik Lundqvist contre le Canadien étaient au coeur des discussions à l'amorce de la finale de l'Est entre les Rangers et le CH.

Sa moyenne de 2,85 et son efficacité de ,897 ne ressemblaient en rien aux chiffres d'un gardien qui avait un trophée Vézina et une médaille d'or olympique à son actif.

Lundqvist a beau avoir éliminé le Tricolore en 2014, les discussions ne changent pas. Même que «King Henrik » n'a jamais autant suscité les doutes qu'aujourd'hui, au moment où s'amorce la série entre le Canadien et les Rangers.

Le Suédois vient de terminer ce qui a été de loin la pire saison de sa carrière. Cinq fois, Alain Vigneault a dû le retirer d'un match. La situation était telle que l'auxiliaire de Lundqvist, Antti Raanta, a obtenu un départ de plus que lui en décembre (huit contre sept), dont quatre de suite du 8 au 13 décembre. Les Rangers étaient aux prises avec une bonne vieille controverse de gardiens. «J'y ai été avec la hot hand», a expliqué Vigneault hier.

Quand on rappelle à l'entraîneur-chef des Rangers les difficultés de son gardien, il n'hésite pas.

«Donc, il devrait être doublement prêt et doublement motivé, répond-il du tac au tac. Il est très fier. On n'a qu'à regarder l'ensemble de son travail au fil des ans. Je ne pense pas qu'on a besoin de lui rappeler qu'il n'a pas connu la meilleure saison de sa carrière. Malgré ça, les Rangers ont connu une bonne saison et ont joué du bon hockey. Si on arrive en séries et qu'on peut combiner les deux, on ne sait jamais ce qui peut arriver.»

Une disette de cinq ans

La victoire en six matchs des Rangers sur le Canadien en 2014 donne certainement un argument aux New-Yorkais pour évacuer les questions sur les difficultés de leur gardien contre Montréal.

Ce qui est toutefois fascinant, c'est quand on regarde les dernières victoires des Rangers contre le Canadien. Soit qu'elles ont été acquises par un autre gardien, soit qu'elles l'ont été contre un gardien auxiliaire du CH.Pour la dernière victoire de Lundqvist contre Carey Price, il faut donc remonter au 30 mars 2012. Il y a cinq ans ! Officiellement, Lundqvist avait battu Price dans le premier match de la finale de l'Est, mais il importe ici de rappeler que la marque était de 2-1 avant que Price ne se blesse à la suite de la collision avec Chris Kreider. L'attaquant avait marqué sur ce jeu, et les Rangers avaient ensuite ajouté un but avant que Price ne quitte le match, blessé.

En excluant ce match, Lundqvist a donc subi huit défaites de suite contre Price.Quand on lui en parle, Lundqvist reconnaît l'ampleur de la tâche d'un duel contre Price, mais il assure que ça ne joue pas dans sa tête une fois sur la patinoire.

«Je suis conscient que je dois affronter Carey, un des meilleurs gardiens au monde, a expliqué le Suédois. Si je joue assez bien, ce ne sera pas suffisant pour le battre. Je vois ça comme un défi de hausser mon niveau pour être le joueur qui fait la différence. Carey est très bon, mais quand le match commence, tu ne penses pas au gardien de l'autre côté.»

Le meilleur numéro 2

La bonne nouvelle pour les Rangers, c'est qu'en cas de défaillance majeure de leur vétéran, ils comptent sur possiblement le meilleur auxiliaire de la LNH depuis deux ans en Raanta.

Sa fiche depuis le début de la campagne 2015-2016: 27-14-4, moyenne de 2,25, efficacité de ,921. On note que ces chiffres sont - de loin - meilleurs que ceux de Lundqvist (66-41-11, moyenne de 2,60, efficacité de ,915). On parle ici de deux gardiens qui jouent derrière la même équipe, sur un échantillon qui n'est pas négligeable.

La pression est lourde sur les épaules de Lundqvist. Hier, au centre d'entraînement, les questions à son sujet prédominaient, sous la thématique: «Est-ce vrai d'affirmer que les Rangers iront aussi loin que leur gardien les mènera?»

«Il est habitué, a répondu Vigneault. Quand je suis arrivé ici, ils l'appelaient le King. Il a toujours été le joueur de franchise. C'est notre meilleur joueur, c'est notre joueur le mieux payé, c'est celui qui peut faire la différence le plus souvent. Ce qu'on demande à lui ou à Antti, c'est de nous donner une chance de gagner, et il le fait.»

On dit souvent que les séries sont une nouvelle saison. Avec une bonne performance de Lundqvist ce soir, l'adage prendra tout son sens et ces statistiques deviendront anecdotiques. À l'inverse, s'il est incapable de chasser ses démons, l'entraîneur-chef des Rangers aura une situation délicate à gérer.

La série Canadien-Rangers s'amorce ce soir, 19h, au Centre Bell.