Célèbre pour toutes les mauvaises raisons, le match du Vendredi saint ne sera sans doute jamais oublié, et c'est un peu pourquoi on parle encore de ce vendredi de la honte 33 ans plus tard.

Cette fois, c'est au tour de RDS de s'y attaquer, dans le cadre de la série 25 ans d'émotions. Le documentaire Chicane de famille: le match du Vendredi saint, d'une durée de près d'une heure et signé Sylvain Rancourt, revient sur ce match de la série du printemps 1984 impliquant le Canadien et les Nordiques de Québec.

De ce match, on ne retiendra pas vraiment le score final (le Canadien avait fini par gagner 5-3, remportant aussi la série), mais bien les scènes dignes d'une bataille royale de lutte professionnelle. Au final: 198 minutes de pénalités, un patineur du Canadien, le défenseur Jean Hamel, qui a encaissé un coup de poing qui l'a envoyé à l'hôpital, et un joueur des Nordiques, l'attaquant-vedette Peter Stastny, qui a dû quitter le Forum le nez cassé.

Ce match avait aussi mis en scène deux frères, Mark Hunter du Canadien et Dale des Nordiques, qui, à un moment, se sont retrouvés l'un par-dessus l'autre au cours de l'une des deux mêlées générales. Une scène surréaliste qui avait poussé René Lecavalier, descripteur du match à Radio-Canada, à ce savoureux commentaire: «Un plongeon de Mark Hunter qui s'est jeté sur son frère... On aura tout vu!»

C'est ce que nous rappelle Chicane de famille, appuyé, entre autres, par des interventions de deux joueurs (Louis Sleigher des Nordiques, Richard Sévigny du Canadien), de Bob Hodges et Bruce Hood, respectivement juge de lignes et arbitre ce soir-là, et de deux comédiens, Patrice Robitaille, le fan des Nordiques, et Hugo Giroux, le fan du CH, qui se tirent la pipe tout en revoyant des extraits du match sur un ordinateur. «Mes premières peines, étant jeune, c'est le Canadien qui me les a données», lance Robitaille en guise d'introduction. «T'as dû être triste pas mal souvent dans ta vie», lui offre Giroux en réplique. Le ton est donné... comme dans le temps!

D'autres intervenants s'ajoutent (le collègue Philippe Cantin, la journaliste Danielle Rainville et un autre comédien, Éric Hoziel), mais c'est Sleigher qui se démarque avec une confidence: il n'a jamais vraiment oublié son coup de poing à l'endroit de Hamel, un défenseur qui n'a plus joué au hockey à la suite de ce malheureux événement.

«Quand j'ai frappé Jean... Je suis un des seuls qui a encore le son en mémoire, raconte-t-il. Ç'a été difficile quand je me suis rendu dans la chambre. Je me suis assis et je priais pour qu'il se relève. [...] Je regrette ce qui s'est passé cette soirée-là. On s'est jamais revus, y'a comme pas de fin à l'histoire. J'aimerais ça juste discuter avec Jean pour savoir comment sa vie s'est passée après, si, de son côté, il peut avoir trouvé la paix en lui-même comme je la trouve présentement.»

Jean Hamel n'a pas accepté l'invitation de RDS pour participer à ce tournage. En 2009, lors d'un reportage dans La Presse sur le 25e anniversaire du Vendredi saint, l'ancien défenseur avait accepté, pour une très rare fois, de revenir sur ce triste moment.

«Les arbitres venaient de nous séparer, avait expliqué Hamel. Je pensais que c'était fini, surtout que j'avais une épaule disloquée, alors ça ne me tentait pas vraiment de me battre... Mais Louis Sleigher avait un travail à faire. Dans ce temps-là, on jouait à cinq défenseurs et, en me sortant, les Nordiques savaient très bien qu'on allait tomber à quatre défenseurs. Ça faisait partie de leur plan de match. J'ai pris la direction de l'hôpital après ça. J'avais le nez cassé, en plus de mon épaule disloquée. C'est pas des bons souvenirs.»

Chicane de famille: le match du Vendredi saint sera diffusé ce soir à 20h à RDS Info et demain à 20h30 à RDS.