Lorsque Andong Song a commencé à jouer au hockey en Chine à l'âge de six ans, il portait des patins destinés au patinage artistique et devait utiliser les portions droites des pistes de patinage de vitesse pour pratiquer son sport.

À chaque voyage, son père lui ramenait une pièce d'équipement, une à la fois. Quelques années plus tard, sa famille a déménagé au Canada pour qu'il puisse entreprendre une carrière de hockeyeur. Song, le premier Chinois a être repêché par la LNH, rêve du jour où ce genre d'exode ne sera plus nécessaire pour les enfants qui grandissent en Chine.

Un souhait qui pourrait se réaliser plus rapidement que prévu puisque la LNH considère ce pays comme étant la prochaine grande contrée du hockey. Avec les Jeux olympiques d'hiver de 2022 à Pékin, la Chine est désireuse d'intensifier ses efforts et la Ligue est intriguée par le potentiel de ce marché non traditionnel, qui comporte 1,4 milliard d'habitants, et qui pourrait adopter le hockey comme ce fut le cas avec le basketball.

«C'est un endroit qui n'a pas vraiment eu l'occasion de connaître le hockey, a déclaré le commissaire de la LNH Gary Bettman. En raison de la grosseur du marché et du fait que plusieurs sports sont pratiquement inconnus ici, nous estimons que c'est une belle opportunité de développer le nôtre.»

Cette semaine, Bettman devrait annoncer la tenue de matchs préparatoires en Chine entre les Kings de Los Angeles et les Canucks de Vancouver, en plus d'annoncer la mise sur pied d'un programme de développement du hockey local à l'endroit même où la NBA s'est établie il y a des décennies. C'est la première étape d'un processus visant à amener la LNH en Chine, peu importe si les joueurs participent ou non aux Jeux olympiques de 2018 en Corée du Sud.

Le directeur exécutif de l'Association des joueurs de la LNH, Don Fehr, a indiqué que mettre en valeur la LNH, initier les gens au sport et augmenter la couverture médiatique font partie de l'élaboration d'une stratégie à long terme. Même si la Ligue de hockey continentale (KHL) compte maintenant une équipe basée à Pékin, les matchs préparatoires de la LNH - et potentiellement quelques rencontres de la saison régulière qui pourraient être présentées dès 2018 - auront un plus grand impact.

«Même avec la présence de la KHL en Chine, ils savent que ce n'est pas la meilleure ligue, a affirmé Song, originaire de Pékin et choix de sixième ronde des Islanders de New York en 2015. Ils savent que ce n'est pas la Ligue nationale.»

Selon la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), la Chine a seulement 1101 joueurs inscrits au hockey et 154 patinoires intérieures. En revanche, même s'ils représentent le quart de la population chinoise, les Américains ont 543 239 joueurs inscrits et 1800 arénas.

D'ici octobre, 14 équipes de la NBA auront disputé 24 matchs préparatoires en Chine depuis 2004. La LNH aura donc du rattrapage à faire. Les Bruins de Boston ont envoyé une délégation en Chine l'été dernier qui comprenait Matt Beleskey et David Pastrnak, et le propriétaire des Capitals de Washington Ted Leonsis a récemment mentionné que son équipe pourrait être la prochaine en lice, après avoir accueilli quelques jeunes joueurs chinois en janvier.

«Il y aura 200 nouvelles patinoires qui seront construites en Chine et nous nous attendons à ce que la formation chinoise soit une force incontestable aux Jeux olympiques, a affirmé Leonsis. La Chine sera éventuellement en mesure de développer des joueurs et je m'attends à ce qu'il y ait éventuellement des joueurs de la LNH qui soient nés et qui aient progressé là-bas, comme ç'a été le cas dans la NBA.»

La NBA a gagné en popularité en Chine en raison de Yao Ming, le premier choix au repêchage de 2002. La LNH se rend en Chine dans l'espoir de développer potentiellement des vedettes nationales. Le diffuseur et producteur Longmou Li, qui a travaillé lors de la finale de la Coupe Stanley et qui a aidé des familles à immigrer en Amérique du Nord pour le hockey, avance qu'entre 500 et 600 familles joignent l'Association de hockey de Pékin chaque année, ce qui signifie qu'un choix de première ronde pourrait éclore tous les cinq ou six ans.

Song raconte que le sport en est encore à ses premiers balbutiements en Chine et qu'il est principalement pratiqué dans le nord-est du pays et dans les grandes villes. Le plus grand défi pour eux sera de convaincre les meilleurs joueurs de demeurer en Chine plutôt que de les voir s'envoler vers l'Amérique du Nord.

Quelques 200 familles chinoises vivent présentement en Amérique du Nord en raison du hockey, indique Li, et le retour de ces joueurs, jumelé à la présence du Red Star de Kunlun et à sa volonté de développer les aptitudes des joueurs, aidera l'équipe nationale à se préparer en vue des Jeux d'hiver de 2022.