À la fin de sa carrière, Francis Bouillon se faisait souvent taquiner parce que tous les défenseurs recrues qui débarquaient chez le Canadien lui étaient jumelés. C'était là une marque de respect de Michel Therrien, qui voulait que les nouveaux venus apprennent à la bonne école.

Chez les Wings, ce rôle revient à Henrik Zetterberg, et il s'en tire plutôt bien. Le capitaine constitue un élément-clé dans l'éclosion du Québécois Anthony Mantha cette saison.

Mantha a joué près de 80 % de ses présences aux côtés du vétéran de 36 ans depuis que les Wings l'ont rappelé en novembre. En 28 matchs, l'ancienne gloire des Foreurs de Val-d'Or totalise 22 points.

L'entraîneur-chef des Wings, Jeff Blashill, a expliqué que Zetterberg a été jumelé à Mantha pour bien des raisons.

«D'abord, c'est pour des raisons de hockey, a répondu Blashill, après l'entraînement de sa troupe, hier. Est-ce un bon mélange, peuvent-ils s'aider? Z a fait la même chose avec [Dylan] Larkin l'an passé. Un coach peut coacher, mais quand un joueur de sa trempe te parle à ton retour au banc, c'est plus que ce que tout entraîneur peut faire. Ils reviennent s'asseoir, Z leur parle. Nos vétérans participent au développement de nos jeunes.»

L'an passé, Larkin avait fait sensation en tant que recrue, avec 45 points, dont 23 buts. Zetterberg avait été son partenaire de trio le plus régulier.

Impressionné

Quand Mantha a été repêché au 1er tour (20e au total) par les Wings en 2013, il venait de connaître une saison de 50 buts et 39 mentions d'aide dans la LHJMQ. Bref, l'équipe l'a principalement repêché pour ses talents de marqueur pur.

Mais jusqu'ici cette saison, Mantha compte autant de buts que d'aides (11), après avoir présenté une fiche de huit buts et deux aides dans la Ligue américaine en début de saison. Ses statistiques ne sont pas étrangères à l'identité de son partenaire de trio.

«Dès qu'ils m'ont rappelé, ils m'ont donné ma chance avec Zetterberg. Tu arrives, t'es une recrue, tu le vois gros, admet Mantha. T'essaies de faire tous les jeux pour lui. Mais il m'a parlé, il m'a dit: si t'as la chance de prendre un bon tir, prends-le. Il me parle beaucoup.»

«Les jeunes qui arrivent ici sont rappelés pour une raison, a souligné Zetterberg. Ils doivent donc continuer à jouer comme ils l'ont toujours fait. C'était mon message pour lui. C'est lui, le tireur. Donc, s'il a la rondelle, il ne doit pas se sentir obligé de me la redonner. Mais elle revient souvent quand même! S'il a de l'espace pour tirer, il doit le faire. Mais c'est aussi un bon passeur. Il prend de bonnes décisions. »

Cet heureux mélange fait en sorte que Mantha, s'il maintient la cadence, pourrait bien se retrouver sur quelques bulletins de vote pour le trophée Calder à la fin de la saison. Son rythme de production, projeté sur 82 matchs, lui donnerait 64 points.

Il n'atteindra pas ce chiffre, puisqu'il a disputé son premier match en saison dans la LNH le 12 novembre. Mais parmi les recrues, seuls Auston Matthews et Mitch Marner, des Maple Leafs de Toronto, et Patrik Laine, des Jets de Winnipeg, produisent à un rythme supérieur.