Quand Marc Bergevin a fait l'acquisition d'Andrew Shaw, en juin dernier, les partisans du Canadien s'attendaient à un joueur combatif, qui se salit le nez, qui n'hésite pas à donner (et recevoir) des coups, tout en étant capable de contribuer à l'attaque.

Le match de mardi a offert un condensé du jeune homme en quelques minutes, en fin de troisième période. Le numéro 65 était au beau milieu du trafic quand il a marqué un but qui rapprochait le Canadien à un but.

Puis, 92 secondes plus tard, il était dans la mêlée pour aider son équipe à créer l'égalité quand il a écopé d'une pénalité pour avoir accroché. Visiblement en désaccord avec la décision, Shaw a explosé de rage au banc des pénalités, piquant une sainte colère exprimée à coups de bâton. L'arbitre l'a alors invité à rentrer au vestiaire, où on devine que quelques objets ont été renversés. Pour la grâce, on repassera.

«Je n'ai rien contre des gars qui montrent de l'émotion», allait répondre Michel Therrien après le match.

«C'était de l'émotion pure. J'adore le hockey, je veux gagner, a expliqué Shaw hier, après un exercice au centre d'entraînement des Sharks de San Jose. J'étais fâché en raison de la décision de l'arbitre. Mais c'est moi. Si vous ne m'avez jamais vu jouer avant, j'ai fait ce type de chose avant et je vais fort probablement recommencer. Les émotions prennent parfois le dessus.»

Au naturel

Au-delà de cet accès de colère, le mois de novembre a permis aux Montréalais de faire plus ample connaissance avec Shaw. Sa feuille de route: 4 buts, 7 points, 2 bagarres, 2 expulsions, 2 crises.

Le point de bascule semble être survenu le 12 novembre dernier, quand il a amassé 3 points contre les Red Wings de Detroit. En 8 matchs depuis, il a ajouté 3 autres buts. C'est aussi au cours de ces 8 matchs qu'il a laissé tomber les gants, deux fois plutôt qu'une.

«[Andrew Shaw] va beaucoup mieux. Il s'habitue de plus en plus à son nouvel environnement. Au dernier match, c'était un de nos gars les plus allumés, il montrait de l'émotion et c'était un de nos meilleurs attaquants. On veut qu'il continue dans cette veine», a déclaré Therrien.

« En début de saison, je réfléchissais nettement plus qu'à l'habitude quand j'étais sur la patinoire, a expliqué Shaw. Maintenant que je suis habitué au système, je peux revenir à mon style, à ce qui m'a donné du succès sur le plan individuel. Mais je devais d'abord apprendre le système. C'est ça, être joueur d'équipe. Tu veux jouer de la façon que l'entraîneur demande. Maintenant que c'est établi, je peux revenir à mon style.

«J'essayais d'apprendre le système, je pensais à tout ce que je devais faire. Maintenant que je l'ai appliqué en situation de match, c'est devenu comme une deuxième nature.»

Avec ses récents succès, Shaw est en voie de connaître une saison de 18 buts et 32 points, des chiffres qui ressemblent à ce qu'il obtenait avec les Blackhawks de Chicago. Il est aussi en voie de récolter... 207 minutes de pénalité ! Si tel est le cas, il dynamiterait son sommet personnel de 76 minutes au cachot, établi en 2013-2014.

Une guigne à briser

Shaw connaît du succès face aux Sharks depuis son arrivée dans la LNH. Il totalise en effet cinq buts en 14 matchs contre les chondrichtyens. Seuls les Predators de Nashville (7) et les Blues de St. Louis (6) ont accordé plus de buts à Shaw.

Le Canadien aura assurément besoin d'un coup de pouce de Shaw, s'il souhaite mettre un terme à une séquence gênante. Les Montréalais ont en effet perdu leurs neuf derniers matchs à San Jose. N'oublions pas qu'avant le lock-out de 2012, les équipes de l'Est jouaient dans l'Ouest seulement une fois tous les deux ou trois ans. La dernière victoire du CH au domicile des Sharks remonte donc au siècle dernier, soit au 23 novembre 1999.

Ce jour-là, la une du cahier des sports de La Presse était consacrée à l'intronisation de Wayne Gretzky au Temple de la renommée du hockey. L'autre manchette: la possibilité qu'Anthony Calvillo et Uzooma Okeke obtiennent un contrat dans la NFL.

Quand on dit que ça fait longtemps.