Ça fait tellement longtemps qu'il n'a pas joué à gauche que Jeff Petry ne se souvient même plus de la dernière fois que c'est arrivé.

«Ça remonte à mes années dans les rangs juniors, a-t-il fini par expliquer au terme de l'entraînement de mercredi. Je jouais avec un autre gars qui était à la droite, comme moi, alors j'ai dû aller à la gauche à cause de ça. C'est la dernière fois, si je me souviens bien...»

Pour le bien du Canadien, Petry devra rapidement se souvenir de l'art de piloter le côté gauche, puisque c'est peut-être là qu'il va donner ses premiers coups de patin de la saison lorsque ça se mettra à compter pour vrai, le 13 octobre à Buffalo, lors du premier match de la saison.

Il arrive fréquemment à Michel Therrien de changer d'idée, alors il ne faudrait peut-être pas s'emporter avec ça, mais pour le moment, en tout cas, Petry ressemble à un gars qui pourrait jouer au sein de la première unité défensive montréalaise cette saison, à la gauche de Shea Weber. Petry en serait donc à une première du côté gauche en sept ans de carrière dans la LNH.

Cela arrive juste au moment où l'on croyait pourtant que Nathan Beaulieu serait le candidat tout désigné pour patrouiller en défense à la gauche de Weber.

Le défi est de taille, mais Petry n'est pas ébranlé.

«En tant que défenseur, il y a des avantages et aussi des désavantages quand on doit jouer du côté inverse, a-t-il ajouté. En territoire offensif, par exemple, on se retrouve en meilleure position pour tenter un tir sur réception, ou on peut aussi être en meilleure position quand vient le temps de faire une réception de passe en territoire central. Il faut parfois capter des passes du revers, c'est vrai, mais je dirais qu'il y a du pour et du contre là-dedans.»

En attendant de connaître le dénouement de cette histoire «qui est en développement», selon Petry lui-même, il appert que c'est lui qui est le premier candidat pour aller avec Weber, que le Canadien attend toujours avec impatience, alors que la Coupe du monde tire à sa fin à Toronto.

Comme à peu près tout le monde à Montréal, Jeff Petry a été renversé en apprenant la nouvelle de la transaction Subban-Weber au cours de l'été. Ensuite, il s'est mis à réfléchir aux possibilités.

«Un défenseur costaud comme lui, je crois que c'est la première fois de ma carrière que je côtoie un gars comme ça, un défenseur numéro un qui est de toute évidence un joueur établi dans cette ligue. J'ai vraiment hâte de le voir arriver, parce que je pense que je vais beaucoup apprendre en le regardant aller. Alors, le fait de jouer avec lui... il n'y a pas un défenseur ici qui ne voudrait pas d'un tel rôle.

«Jouer en compagnie de Shea Weber, c'est une grosse responsabilité. Ça signifie passer beaucoup de minutes sur la glace chaque soir, ça signifie que tu as à affronter le meilleur trio adverse chaque soir. J'ai eu à tenir ce rôle auparavant, mais je me retrouverais en meilleure position aujourd'hui si j'avais à reprendre un tel rôle en sa compagnie.»

Dans cette course au poste de deuxième défenseur, Jeff Petry a un avantage: il connaît bien Shea Weber. Enfin, pas intimement («je ne l'ai même jamais rencontré», a-t-il tenu à préciser), mais il connaît le joueur et son style pour l'avoir eu en face de lui à plusieurs reprises par le passé, dans l'Ouest, quand il était membre des Oilers d'Edmonton et que Weber se taillait la bonne réputation que l'on sait dans le maillot des Predators de Nashville.

Jeff Petry n'a rien oublié de ces soirées-là.

«Quand j'étais avec les Oilers, nous avions une équipe plus petite, et lui, il passait la soirée à nous faire mal. À nous faire payer le prix. Devant le filet, son style de jeu est très physique, et en plus, il est très dangereux en attaque en cinq. Je peux vous assurer qu'il va nous aider!»