La formation des États-Unis à la Coupe du monde de hockey est acculée au pied du mur... après un seul match.

Une défaite contre Équipe Europe samedi a accru la pression sur les joueurs de John Tortorella à deux jours de leur duel de mardi face au Canada. Un autre revers, et ce sera à toutes fins pratiques terminé.

«Ce sera notre match de championnat, a reconnu Tortorella dimanche. Nous savions que nous devions affronter le Canada. Ce match arrive plus rapidement, et c'est la façon que nous avons choisie pour l'approcher.»

Les joueurs des États-Unis devront être au meilleur de leur forme après avoir subi un revers par blanchissage de 3-0 contre Équipe Europe samedi après-midi.

De son côté, le Canada a rossé la République tchèque 6-0, en soirée. La troupe de Mike Babcock a été si impressionnante que l'ancienne vedette américaine Mike Modano a proposé sur Twitter d'annuler le reste du tournoi et de donner le trophée au Canada.

Incapables de créer des chances de marquer de qualité contre Équipe Europe, les Américains affichaient une toute autre allure à l'entraînement dimanche.

Le combatif Justin Abdelkader évoluait sur un trio complété par Patrick Kane et le joueur de centre Derek Stepan. Le colosse défenseur Dustin Byfuglien a participé aux exercices en avantage numérique et Kyle Palmieri, mis de côté samedi, tout comme Byfuglien, se trouvait au sein d'un régulier.

Affichant son attitude des séries éliminatoires, Tortorella a refusé de dévoilé sa formation et a demandé aux journalistes de ne pas se lancer dans des conclusions de toutes sortes.

«Nous avons perdu le match, et vous allez donc penser, naturellement, qu'il y aura des changements, a mentionné Kane, responsable d'un revirement qui a causé une rare échappée à deux contre le gardien, et à un but.

«Nous avons eu des occasions lors de supériorités numériques, mais nous voulons en créer davantage. Nous pensons qu'il n'y en a pas eu suffisamment, et c'est à ce niveau que des changements seront apportés.»

Les modifications iront au-delà de la composition des trios et des tandems défensifs. En incluant les deux dernières parties des Jeux olympiques de Sotchi, les États-Unis ont été blanchis lors de leurs trois dernières sorties face à ce niveau de compétition internationale.

L'équipe américaine a été bâtie dans une optique de robustesse et de combativité, et tous les observateurs savaient que les buts nécessiteraient de la préparation. Tortorella demande à ses joueurs de se rendre au filet davantage parce que c'est à ce niveau qu'ils devraient être les plus efficaces.

«Qu'ils soient jolis ou moins beaux, tous les buts comptent, a fait remarquer Palmieri. Il n'y a pas de photos sur les feuilles de pointage.»

S'il y en avait, certains des buts du Canada contre la République tchèque seraient qualifiés d'oeuvres d'art.

Le trio composé de Sidney Crosby, Brad Marchand et Patrice Bergeron a cliqué immédiatement, et la profondeur de l'alignement est de loin la plus impressionnante à la Coupe du monde.

Ainsi, pendant que les États-Unis jonglent avec leurs trios, le Canada n'a rien à réparer.

«Je ne me souviens pas avoir changé ma formation après une victoire, a déclaré Babcock. Scotty (Bowman) m'appellerait et me demanderait ce que je fais!».

La victoire contre les É.-U. n'est qu'un premier pas, croit Équipe Europe

Deux prestations gênantes face aux jeunots d'Équipe Amérique du Nord en matchs préparatoires de la Coupe du monde de hockey sont les meilleures choses qui pouvaient arriver à Équipe Europe.

«Je remercie les jeunes de nous avoir corrigés aussi sévèrement, a déclaré l'entraîneur-chef Ralph Krueger. Ça nous a permis de rapidement faire face à de l'adversité, de nous regrouper et de clarifier ce que nous devions faire.»

Faire fondre des joueurs venant de huit pays différents pour former un groupe homogène n'a pas été une tâche facile, mais cela n'a finalement pas empêché Équipe Europe de blanchir les États-Unis 3-0, samedi, lors du tout premier match du tournoi.

Cette victoire, une surprise de taille sur papier, donne de très grandes chances à la formation européenne de se qualifier en vue des demi-finales.

«Ça nous laisse dans une position où nous allons pouvoir avoir un peu de plaisir, maintenant, a fait remarquer Krueger. Nous n'étions pas venus ici pour jouer un bon match. Nous nous sommes présentés avec l'intention d'être compétitifs et d'être encore en vie le week-end prochain.»

Krueger a affirmé samedi après-midi que ces joueurs étaient «regarder l'Amérique dans le blanc des yeux». Rien ne laissait croire que cette formation réunissant des hockeuyeurs de la Slovaquie, de la Suisse, de l'Allemagne, du Danemark, de l'Autriche, de la Norvège, de la France et de la Slovénie pouvait tenir tête à la profondeur des États-Unis. Mais la troupe européenne s'est montrée opportuniste et efficace.

«Nous sommes conscients que nous ne pouvons répondre coup pour coup à ces équipes et notre objectif est de demeurer patients, d'attendre nos chances, d'aider notre gardien et toutes les autres choses nécessaires, a expliqué le capitaine Anze Kopitar.

«Ce n'est pas ce qu'il y a de plus spectaculaire. En fait, c'est ennuyant, mais ça fonctionne.»

Malgré des bourdes liées à la composition de l'alignement auxquelles se sont ajoutées une exécution de piètre qualité et des erreurs à des moments cruciaux du match, la formation américaine a rendu hommage à Équipe Europe pour avoir concocté une recette gagnante.

Le gardien slovaque Jaroslav Halak a repoussé les 35 rondelles dirigées vers lui pendant que ses coéquipiers étaient limités à 17 tirs. Toutefois, Équipe Europe est parvenue à ne donner presque aucune chance de marquer de qualité.

Les rencontres préparatoires contre Équipe Amérique du Nord et face à la Suède ont donné à l'Europe suffisamment de temps pour s'unir sur la patinoire et dans le vestiaire. Krueger avait remarqué, durant les premiers jours, que ses joueurs prenaient le repas à des tables séparées, selon leurs nations avant de commencer à s'intégrer «au point de ne plus savoir qui vient d'où».

Sur la surface de jeu, l'Europe ressemblait à une équipe dans le sens le plus pur du terme.

«Nous avons conservé des unités de cinq joueurs, et je pense que la clé est de demeurer le plus possible loin du banc des pénalités», a déclaré Halak, qui prenait part à un premier match d'importance depuis le mois de mars, après une blessure à l'aine.

Après avoir bénéficié d'un véritable cadeau de la part de Patrick Kane, à la suite d'un revirement «inacceptable», l'Allemand Leon Draisaitl et le Suisse Nino Niederreiter ont profité d'une échappée à deux contre le gardien et ont donné l'impression qu'ils évoluaient ensemble depuis des années.

Draisaitl savait qu'il recevrait un retour de sa passe et il a su profiter d'un événement qui survient très rarement au hockey professionnel.

«Peut-être au niveau pee-wee. Et j'ai probablement raté mon coup!», a répondu Draisaitl lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il se souvenait de la dernière fois où il avait profité d'une échappée à deux contre le gardien.

Draisaitl n'a pas raté son coup cette fois-ci, pas plus que le Slovaque Marian Gaborik ou le Français Pierre-Édouard Bellemare. Puisque l'écart entre les buts marqués et les buts accordés sert de bris d'égalité, chaque but revêt une grande importance, et Équipe Europe tentera d'améliorer son sort lundi, contre la République tchèque, et mercredi, face au Canada.

«Ce seront des matchs difficiles, a avisé Krueger. Nous avons beaucoup de travail à faire.»

Les membres d'Équipe Europe ont bien accepté le rôle de négligés à la Coupe du monde, mais maintenant, les attentes seront un peu plus élevées.

«Nous n'avons jamais pensé que nous n'étions qu'une attraction de deuxième ordre, a fait savoir Krueger. Nous serons confrontés à un grand défi et nous n'avons encore rien accompli.»