Quand les Maple Leafs de Toronto ont échangé Phil Kessel aux Penguins de Pittsburgh à l'été 2015, ils se défaisaient d'un joueur bourré de talent, mais perçu comme étant difficile à diriger. Sa personnalité semblait plus polarisante, au point où un ancien entraîneur-chef des Maple Leafs, Ron Wilson, l'avait ouvertement décrit comme un joueur «à qui tu ne peux pas te fier».

Un an plus tard, ce joueur «difficile à diriger» s'est avéré le meilleur compteur des Penguins le printemps dernier, dans un rôle moins central en raison de la présence de Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Et les Penguins ont remporté une Coupe Stanley inattendue.

Que ses problèmes de caractère étaient bien réels ou une simple fabulation des médias importe peu aujourd'hui. La formation de Pittsburgh a profité de sa valeur en baisse pour l'acquérir à un coût relativement modeste (un joueur de soutien et deux espoirs qui ne deviendront jamais de supervedettes). Et aujourd'hui, le directeur général des Penguins, Jim Rutherford, passe pour un génie.

Pourquoi revenir sur cette transaction vieille d'un an? C'est que P.K. Subban y a fait référence hier, lors de sa rencontre avec les médias à la Place des Arts, en marge de sa participation à un gala du festival Juste pour rire.

Comme les Leafs en 2015, le Canadien de 2016 s'est défait d'un joueur dont le talent est indéniable. Seulement, les considérations autres que purement sportives et athlétiques ont semblé peser lourd dans la balance. Le caractère et le leadership de Shea Weber, d'ailleurs, ont été largement vantés par Marc Bergevin au moment de la transaction. À l'inverse, la personnalité de Subban, à défaut d'avoir été publiquement critiquée, a été évoquée par plusieurs à mots couverts, dans les jours qui ont suivi le départ du populaire défenseur.

Subban a donc bien l'intention d'imiter Kessel et de faire taire ses détracteurs.

«Ça m'importe peu, ce que les gens pensent. Je veux juste tout donner pour aider mon équipe à gagner», a répondu le numéro 76.

«Des comparaisons, il y en a toujours. Je n'ai pas le temps de m'asseoir pour écouter chaque analyste à la télévision. On s'en fout. L'important, c'est ce que tu fais sur la patinoire quand vient le temps de jouer.»

«Phil Kessel a été échangé, et beaucoup de choses ont été dites à son sujet. Je le connais personnellement, je sais comment il a géré la situation. J'ai la même attitude que lui.»

Ce n'est sans doute pas un hasard si Subban a cité précisément le cas de Kessel. L'ancien défenseur du Tricolore était, selon le Globe and Mail, un des deux seuls joueurs de la LNH présents à la fête que Kessel a tenue à Toronto lors de sa journée avec la Coupe Stanley, le mois dernier.

«Tu dois être toi-même»

Depuis que la transaction a été conclue, le 29 juin dernier, une panoplie de joueurs ont déclaré les uns après les autres que Subban ne posait pas problème. De Max Pacioretty à Andrei Markov en passant par Tomas Plekanec et Brendan Gallagher, les piliers de l'équipe ont tous essentiellement livré le même message.

Ce message tranche avec ce qui a été murmuré ici et là. Plusieurs sources ont anonymement indiqué que la personnalité du joueur ne faisait pas l'unanimité, que ses projets extérieurs au hockey prenaient un brin trop de place aux yeux de certains.

Sa présence dans un gala d'humour hier était justement un projet de plus dans la vie bien occupée de Subban loin des arénas. Et le défenseur-vedette n'a pas l'intention de lever le pied.

«Être drôle et être toi-même ne devrait jamais être une distraction, a-t-il soutenu. Tu dois être toi-même. J'ai toujours eu une bonne relation avec tous mes coéquipiers.»

«Si je dérangeais un coéquipier qui tente de dormir avant un match afin qu'il m'écoute répéter mon numéro d'humour, ça, ça serait fatigant! Mais je n'ai jamais fait ça à qui que ce soit.»

«Je ne peux pas parler pour tout le monde du hockey. Mais si quelqu'un vient me dire qu'il a un problème, on aura cette discussion. Personne ne l'a fait. Je ne crois pas les rumeurs. Elles naissent pour une raison et on ne connaît pas toujours cette raison. Mais je ne peux pas commenter ce que personne ne m'a dit en pleine face.»

Évidemment, dans le petit monde du hockey, il serait étonnant qu'un joueur sorte du rang et déclare ouvertement qu'il avait un problème avec sa personnalité - si problème il y avait. C'est donc par les résultats de Subban et des Predators, de même que par ceux du CH sans Subban, que l'on aura une meilleure évaluation de cette transaction. Mais Kessel a certainement prouvé à quel point les succès en séries peuvent faire changer le ton des conversations.

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Une photo controversée

Avec plus de 500 000 abonnés, le compte Instagram de P.K. Subban fait partie des plus suivis parmi ceux des joueurs de la Ligue nationale. Ses publications génèrent toujours une panoplie de messages positifs, en particulier depuis la transaction, des partisans en profitant pour réitérer leur affection pour le numéro 76.

Mais sa photo publiée la fin de semaine dernière avec le boxeur Floyd Mayweather a fait des vagues. Ses abonnés ont en effet été nombreux à lui rappeler les démêlés de Mayweather avec la justice, notamment les histoires de violence conjugale pour lesquelles le pugiliste a fait deux mois de prison en 2012.

«Non, je n'étais pas au courant. Je ne lis pas tous les commentaires, a admis Subban, questionné sur les réactions à cette photo. Il est à mon avis le meilleur boxeur de tous les temps après Muhammad Ali. Je l'ai rencontré, j'ai pris une photo avec lui. Mais tout le monde a son opinion sur bien des athlètes. J'ai pris des photos avec plusieurs athlètes.»

Photo tirée d’Instagram (@subbanator)

P.K. Subban posant en compagnie de Floyd Mayweather dans un salon de barbier de Toronto