Les chances de Québecor d'obtenir une équipe de la LNH à Québec au cours des prochaines semaines dans le cadre du processus d'expansion sont «minces», selon Brian Mulroney, président du conseil d'administration de Québecor. «Dans le processus d'expansion, j'ai l'impression que ce n'est pas pour demain», dit-il en entrevue à La Presse.

Même si le commissaire de la LNH Gary Bettman pourrait annoncer une décision dès le 22 juin prochain, Brian Mulroney ne croit guère aux chances de Québec d'obtenir une équipe actuellement. Rappelant que le taux de change «représente des défis» pour Québecor, il estime que les chances d'obtenir une équipe de la LNH «dans les prochaines semaines» sont minces dans le cadre du processus d'expansion mené par la LNH depuis un an. «Minces, ce serait un bon mot», dit M. Mulroney.

S'il est très prudent sur les chances à court terme, le président du conseil de Québecor pense aussi que les chances sont «bonnes» de ramener «éventuellement» une équipe de la LNH à Québec.

Dans les conditions actuelles, Québecor espère-t-elle toujours que la LNH accordera une équipe d'expansion à Québec, ou le prix est-il devenu trop cher? lui a-t-on demandé. «Il n'y a pas de doute que ça coûte cher. Mais évidemment, si on nous offrait une franchise, on examinerait ça immédiatement, et avec beaucoup de soin et d'attention», a répondu M. Mulroney. Plus tard durant l'entrevue, il ajoutera que Québecor examinerait alors «toutes les possibilités» et «sera[it] prête à réagir très rapidement».

Le commissaire Gary Bettman doit annoncer le 22 juin la décision de la LNH dans le processus d'expansion amorcé il y a un an. La LNH a quatre options: accorder une équipe d'expansion à Québec ou à Las Vegas (vraisemblablement pour la saison 2017-2018), accorder deux équipes d'expansion, poursuivre le processus d'expansion et l'examen des demandes de Québec et de Las Vegas et, enfin, ne pas accorder de nouvelle équipe et mettre fin au processus d'expansion.

À quoi peut-on s'attendre dans le dossier du retour de la LNH à Québec?

Photo Graham Hughes, archives PC

Le président du conseil d'administration de Québecor, Brian Mulroney.

«On ne sait jamais vraiment, peut-être, soudainement, qu'une équipe ailleurs peut devenir disponible. Dans le processus d'expansion, j'ai l'impression que ce n'est pas pour demain. Pour une équipe comme Québec, avec le taux de change, une franchise coûterait, selon la journée, entre 650 et 750 millions de dollars [canadiens]. Alors qu'un propriétaire américain paierait 500 millions. Ça représente des défis pour nous tous.»

Est-ce dire que Québec a peu de chances de revoir ses Nordiques dans le cadre du processus actuel d'expansion (la LNH pourrait théoriquement prolonger le processus)? Le président du conseil de Québecor n'a pas voulu s'avancer davantage. «Je n'irai pas plus loin. On ne le sait pas, on ne le sait jamais», dit M. Mulroney, qui a accordé une entrevue à La Presse alors qu'il s'apprête à recevoir un doctorat honorifique de l'Université de Montréal, aujourd'hui.

La faute du taux de change?

Au début du processus d'expansion, le commissaire Gary Bettman avait indiqué qu'il voulait obtenir au moins 500 millions US pour une équipe d'expansion. Québecor a-t-elle offert au moins 500 millions? «Lorsqu'on a soumissionné, on a accepté cette condition-là», dit Brian Mulroney. La LNH a-t-elle augmenté son prix? «Ce n'est pas leur faute ou la nôtre, ce sont les taux de change», a répondu M. Mulroney.

Québecor s'est-elle protégée contre les fluctuations du huard en achetant des produits financiers qui permettent d'acheter des dollars américains à un prix déterminé à l'avance (faire du «hedging»)? Brian Mulroney estime qu'il s'agit des «affaires internes» de Québecor.

Comme les amateurs des Nordiques, M. Mulroney a pris connaissance par les médias de la poursuite lancée contre le propriétaire des Hurricanes de la Caroline, Peter Karmanos, par trois de ses fils au sujet d'une somme de 105 millions promise en héritage. M. Karmanos a trois enfants d'un premier mariage (ce sont eux qui le poursuivent) et quatre enfants d'un deuxième mariage. Mais M. Mulroney ne croit manifestement pas que ce litige familial change quoi que ce soit au dossier du retour des Nordiques. «Je ne miserais pas là-dessus, je ne gagerais pas mon hypothèque là-dessus [que ça ait une influence dans le dossier des Nordiques]», dit-il.

Le président du conseil de Québecor avait déjà tempéré une première fois en mars l'optimisme des partisans du retour des Nordiques. En entrevue à la station de radio FM93 à Québec, M. Mulroney avait indiqué que le retour des Nordiques n'était pas «pour demain matin» et avait rappelé le «défi extraordinaire» que représentait le taux de change.

Brian Mulroney, qui a été premier ministre du Canada de 1984 à 1993, recevra aujourd'hui un doctorat honorifique de l'Université de Montréal. Il est associé principal au cabinet d'avocats Norton Rose Fulbright. Il préside aussi le conseil d'administration de Québecor.

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Ce qu'a dit Brian Mulroney sur le retour des Nordiques...

Brian Mulroney a accordé une entrevue à La Presse sur divers sujets. Voici les extraits de la conversation avec le président du conseil d'administration de Québecor relatifs au retour des Nordiques.

Q: À quoi peut-on s'attendre dans le dossier des Nordiques à votre avis?

R: C'est un peu ce que j'ai mentionné il y a plusieurs semaines. Éventuellement, nous aurons une équipe à Québec, je pense, mais ça ne sera pas pour demain matin. Je l'ai déjà dit publiquement...

Q: Quand vous dites «pas pour demain matin», est-ce que vous voulez dire que vous ne pensez pas que ça fonctionnerait dans ce processus [d'expansion]-ci, car on sait qu'une équipe [obtenue dans ce processus] sera [là] dans deux ans? Ce que vous dites finalement, c'est que c'est possible que ce ne soit pas dans ce processus-ci, que ça va peut-être être dans cinq ans...

R: On ne sait jamais, vraiment, parce que peut-être, soudainement, qu'une équipe ailleurs peut devenir disponible. Dans le processus d'expansion, j'ai l'impression que ce n'est pas pour demain. Pour une équipe comme Québec, avec le taux de change, une franchise coûterait, selon la journée, entre 650 et 750 millions de dollars [canadiens]. Alors qu'un propriétaire américain paierait 500 millions. Ça représente des défis pour nous tous.

Q: Je comprends que vous estimez que les chances sont minces?

R: Minces, ce serait un bon mot. Parce que justement, j'ai mentionné il y a plusieurs semaines que je croyais que la décision ne serait pas pour demain.

Q: Donc pas dans ce processus [d'expansion]-ci?

R: Je n'irai pas plus loin. On ne le sait pas, on ne le sait jamais.

Q: Est-ce que vous espérez quand même qu'on [la LNH] vous dise oui dans ce processus [d'expansion]-ci, ou finalement le prix est-il rendu trop cher dans les conditions actuelles?

R: Il n'y a pas de doute que ça coûte cher. Mais évidemment, si on nous offrait une franchise, on examinerait ça immédiatement, et avec beaucoup de soin et d'attention.

Q: J'imagine qu'on regarderait le prix demandé aussi [par la LNH]?

R: C'est [la LNH] qui fixe le prix, ce n'est pas nous.

Q: Dans le processus, M. Bettman a dit qu'il fallait 500 millions US. On comprend que votre offre est d'au moins 500 millions?

R: Lorsqu'on a soumissionné, on a accepté cette condition-là.

Q: Ils [la LNH] veulent plus, visiblement?

R: Ce n'est pas leur faute ou la nôtre, ce sont les taux de change.

Q: Avez-vous «hedgé» [acheté des produits financiers pour vous prémunir contre les fluctuations du dollar canadien]?

R: On n'ira pas là-dedans. Ce sont nos affaires internes.

Q: Vous parliez du taux de change. Le taux de change présentement est à peu près le même que quand vous avez fait votre offre. Est-ce pour ça que vous parlez du taux de change, mais il est à peu près pareil qu'au moment de votre offre...

R: J'en parle parce que la Ligue nationale de hockey en parle.

Q: Donc, vous dites que les chances minces, c'est un bon mot?

R: Je pense que oui. Minces pour demain matin. Mais je pense que nos chances sont bonnes...

Q: À long terme?

R: [...] pas à long terme, mais éventuellement. [...]

Q: Minces dans le processus actuel?

R: Minces qui pourraient déboucher dans quelques semaines.

[...]

Q: Doit-on comprendre qu'il y a une meilleure chance avec un déménagement qu'avec une expansion?

R: Ce n'est pas ça que je dis. Ça demeure une possibilité. La LNH est responsable de l'expansion et la ligue serait également responsable d'un transfert.

[...]

Q: Les gens à Québec regardent [la situation en Caroline]...

R: Les gens de Québec sont merveilleux. Ce sont des fans de hockey très avertis et gourmands. Ils veulent qu'on livre la marchandise et on fait notre possible pour y arriver, mais c'est difficile pour toutes les raisons dont on vient de discuter.

Q: Donc les chances sont minces cette fois-ci?

R: Dans les prochaines semaines, je dirais ça. Attention, j'ai mentionné ça à Québec publiquement il y a plusieurs mois que je ne m'attendais pas à une décision favorable le lendemain matin.

Q: La LNH a dit qu'elle prendrait une décision en juin?

R: C'est une hypothèse de travail. On n'est pas rendus là. On est prêts, à Québecor. On a toute une équipe qui travaille sur ça, on examine toutes les possibilités. Si jamais le commissaire nous appelait pour nous dire telle ou telle chose, ne vous inquiétez pas, on sera prêt à réagir très rapidement. Québecor est une organisation très professionnelle et très habile.

Q: Avec les données actuelles et le taux de change, vous dites présentement que les chances sont minces cette fois-ci?

R: Je m'excuse, mais je me répète: il y a deux mois, j'étais interviewé à Québec à la radio. On m'a posé la question. J'ai dit que je croyais que Québec aurait une équipe de hockey, mais pas demain matin. Je préfère conserver cette expression-là.