C'est bien connu, Patrick Roy n'a pas la langue de bois. L'entraîneur-chef de l'Avalanche du Colorado a remis en question le leadership de ses meilleurs joueurs, lors de son point de presse de dimanche, après une défaite de 5-1 contre les Blues de St. Louis.

«Il faut l'admettre, nous en voulons davantage de leur part à ce chapitre. Gabriel Landeskog est probablement seul dans cette catégorie. Erik Johnson essaie. Mais il doit y en avoir d'autres. Ils doivent nous prouver qu'ils peuvent transporter l'équipe.»

À moins d'un renversement de situation étonnant, l'Avalanche ratera les séries pour la deuxième saison consécutive. L'équipe a cinq points de retard sur le Wild du Minnesota et la dernière place donnant accès aux éliminatoires, avec trois matchs à disputer.

L'Avalanche doit gagner ces trois matchs et le Wild, perdre les deux qui lui restent.

Roy a pété les plombs dimanche en voyant Matt Duchene célébrer son 30e but comme s'il s'agissait du but gagnant en prolongation d'un septième match de la finale de la Coupe Stanley. L'Avalanche tirait pourtant de l'arrière 4-0 avec cinq minutes à faire au moment de cette réussite.

«J'ai beaucoup de difficulté à accepter sa réaction. Un but avec un déficit de 4-0. Et puis après? Ça n'est pas la réaction qu'on veut de la part de nos joueurs. Pas du tout.»

Cette question liée au manque de leadership chez l'Avalanche n'a rien de nouveau. En avril 2013, alors que le club était déjà éliminé, le gardien Jean-Sébastien Giguère avait reproché à ses coéquipiers de se soucier davantage de leurs vacances à Las Vegas que des matchs qui restaient à disputer.

«Encore beaucoup à apprendre»

Matt Duchene, Gabriel Landeskog, Tyson Barrie, Erik Johnson et Semyon Varlamov étaient avec l'équipe à l'époque. Duchene était l'un des joueurs visés.

Quelques semaines plus tard, on avait fait le grand ménage à Denver et placé Joe Sakic et Patrick Roy dans des postes de commande.

«Matt a beaucoup appris depuis son arrivée au Colorado, mais d'après ce que j'ai pu voir ces derniers jours, il a encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir devenir un bon leader...», répond en gloussant Jean-Sébastien Giguère, retraité depuis 2014.

«Ça reste une équipe très jeune. Ça va prendre du temps avant que le leadership vienne du noyau de jeunes.»

«François Beauchemin et Jarome Iginla demeurent des leaders de qualité, poursuit Giguère. Mais ils vieillissent, et la Ligue nationale appartient aux jeunes joueurs. C'est aux Duchene et MacKinnon de montrer du leadership. Parfois, certains ne seront jamais de grands leaders. Mais il y a des erreurs que tu ne peux plus faire.»

Giguère avait cru bon de faire une sortie publique en règle contre certains de ses coéquipiers au printemps 2013 à cause d'un je-m'en-foutisme généralisé dans le vestiaire.

«C'est dur de jouer pour rien, mais je trouvais ça important de rester concentré, dit-il. On avait la chance de changer la culture même si on ne se battait pas pour une place en séries. On se devait de rester professionnels.

«On voit ça un peu cette année avec le Canadien de Montréal, ajoute l'ancien gardien. Les vétérans n'ont pas l'air trop affamés. Je sais que c'est dur parce que tu joues pour rien, mais en même temps, c'est ta job. Et l'exemple doit venir des vétérans, justement. Tu peux faire ta job pendant trois semaines avant de plier bagage.»

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