Aucun joueur en cette fin de saison n'a l'air de saisir sa chance davantage que Greg Pateryn. Le défenseur de 25 ans, qui plus tôt cette saison avait été laissé de côté 29 fois sur une séquence de 33 matchs, a l'occasion de se faire valoir en raison des nombreux blessés.

Et il en profite pleinement.

«Ça démontre à quel point les choses peuvent changer vite», a lancé Pateryn, qui a été choisi la troisième étoile au terme du match de mardi.

«C'est une bonne façon pour moi de montrer que j'aurais pu jouer durant toute l'année.»

Le colosse américain ne cesse d'établir de nouvelles marques personnelles en matière de temps de jeu. Face aux Stars de Dallas, il a été employé durant 22:12. C'est que depuis la perte de Nathan Beaulieu, on lui demande d'évoluer sur le deuxième duo à la ligne bleue, aux côtés d'Alexei Emelin. Jusque-là, il avait toujours travaillé sur un troisième duo et n'affrontait pas des adversaires d'aussi bonne qualité.

«Ç'a été un défi, a-t-il admis. Les joueurs des deux premiers trios dans cette ligue se paient un festin face aux défenseurs qui sont pris hors position. Or, le positionnement est l'un des aspects de mon jeu dont je retire le plus de fierté.

«J'ai le sentiment d'avoir bien répondu. J'ai joué contre plusieurs très bons joueurs depuis deux semaines et c'est bon pour ma confiance de savoir que je suis capable de les neutraliser. Je dois aussi saluer le travail d'Emelin. Il a l'habitude d'affronter des joueurs de ce calibre et on s'entend bien.»

«J'ai surmonté de plus gros obstacles...»

Pateryn assure qu'il n'a jamais cessé de penser qu'il avait un avenir chez le Canadien.

«Il y a des journées où ç'a pu être plus difficile de venir m'entraîner parce que les choses n'évoluaient pas, convient-il. J'en ai eu quelques-unes comme ça. Mais je n'arrêtais pas de me répéter que j'avais surmonté de plus gros obstacles auparavant et que ça ne m'avait pas empêché d'atteindre la LNH. Je n'allais pas laisser une chose comme celle-là m'empêcher d'être là où je voulais être.»

Ces obstacles, ce sont entre autres tous ceux qui ont levé le nez sur lui et qui n'ont pas cru en ce qu'il pouvait apporter.

«Je n'ai jamais été celui qui était "censé réussir" et ça m'a toujours motivé de faire taire mes détracteurs, confie-t-il. Il faut dire que je n'ai jamais été bien spectaculaire. Au contraire, je suis le genre de gars qu'on ne voit pas beaucoup sur une patinoire...»



Andrighetto aussi a une belle occasion

Si Pateryn semble saisir sa chance à la ligne bleue, Sven Andrighetto obtient à l'attaque une occasion d'aussi grande qualité. Dans le cas du Suisse, c'est la blessure de Brendan Gallagher qui lui a ouvert une porte.

«C'est une énorme occasion pour moi: je joue sur le premier trio et je suis aux côtés de deux très bons joueurs. C'est à moi d'en profiter.»

La constance est un défi pour tout jeune joueur, mais ç'a été particulièrement frappant dans le cas du petit ailier de 22 ans. Il y a des soirs - comme mardi - où il s'est montré très convaincant. D'autres où on ne l'a presque pas vu. Et les matchs qu'il a disputés sur le quatrième trio ne l'ont jamais aidé à se mettre en valeur.

Max Pacioretty a dit d'Andrighetto qu'il le percevait désormais comme un joueur «régulier» de la Ligue nationale. Mais Michel Therrien, lui, veut attendre encore avant de s'emballer.

«Il reste plusieurs matchs», a-t-il prévenu avant de souligner à gros traits l'importance de trouver de la constance à l'échelle de la LNH.

«À la fin de la saison, il y a des décisions qui vont être prises et on ne pourra pas les prendre en se disant "on espère que...". Il faut qu'on ait des faits sous la main, des choses qu'on a vues et identifiées et qui pourront servir la saison prochaine.»

C'est un peu ce que Pateryn démontre en défense; le Canadien sait désormais qu'il a un défenseur «régulier» sous la main en vue de l'année prochaine. Mais a-t-il en Andrighetto un ailier capable d'être efficace au sein des deux premiers trios?

«Il est mis dans une position où l'on s'attend à ce qu'il soit productif offensivement, a résumé Therrien. Il se doit de l'être.»

Photo André Pichette, La Presse

Alex Galchenyuk, Sven Andrighetto et Max Pacioretty