Les chiffres ne mentent pas : après deux années tumultueuses, Pierre-Alexandre Parenteau s'est trouvé une niche à Toronto. Parenteau, mal aimé de son entraîneur au Colorado, puis à Montréal, se sent maintenant à son aise à Toronto. C'est un attaquant qui a une fiche de 23 points en 45 matchs que le Canadien retrouvera, samedi soir, au Centre Air Canada.

La vie est effectivement bonne pour le Québécois dans la Ville Reine. On vient tout juste de franchir la mi-saison que déjà, il a surpassé son total de 22 points de la saison dernière. Et son temps d'utilisation ne cesse de croître. Samedi dernier, contre les Bruins de Boston, il a passé plus de 22 minutes sur la patinoire !

Évidemment, les Maple Leafs ne sont pas un modèle de profondeur à l'attaque cette saison. Mais ces minutes auraient très bien pu être distribuées à un autre coéquipier.

« C'est vraiment valorisant. J'ai une bonne relation avec le coach, aussi. C'est fou ce que ça peut faire quand t'as la confiance de quelqu'un », a déclaré Parenteau, vendredi midi, lors d'une rencontre avec les médias au centre d'entraînement des Leafs.

Mais tout n'a pas toujours été au beau fixe pour Parenteau dans la métropole ontarienne. Il y a trois mois, son histoire s'annonçait plutôt pour être celle du joueur incapable de relancer sa carrière.

Après 10 matchs, Parenteau ne totalisait qu'un but et une aide. À deux reprises, il avait joué moins de 10 minutes.

« Au début, j'ai joué quelques matchs au sein du quatrième trio. Je devais aussi me prouver auprès de [l'entraîneur-chef] Mike Babcock, car on était plusieurs gars dans la même situation. Mais je me suis comme donné un coup de pied au cul », a raconté l'ancien numéro 15 du Canadien.

Si Parenteau n'est pas entré dans les détails de ce coup de pied au postérieur, Mike Babcock, lui, l'a fait.

« Un jour, je lui ai demandé : "Que veux-tu devenir ? Veux-tu que ce soit ta dernière équipe ou tu aimerais continuer à jouer ? Si tu veux continuer, tu as intérêt à commencer à travailler. Si tu veux travailler, compétitionner, te replier, être bon sans la rondelle, si tu veux protéger la rondelle, tu vas jouer. Sinon, je serai un autre entraîneur envers qui tu es fâché. C'est ton choix" », a raconté Babcock.

LES DOUTES

Cela dit, ce faux départ de Parenteau a fait partie des obstacles qu'il a dû surmonter. C'est qu'il faut se rappeler qu'il s'ajoutait à une série d'événements inquiétants.

En 2013-2014, à sa deuxième saison avec l'Avalanche du Colorado, des problèmes de santé l'ont ralenti. Malgré une production respectable de 33 points en 55 matchs, le courant ne passait pas avec l'entraîneur-chef Patrick Roy.

L'Avalanche l'a donc échangé au Canadien contre un joueur en fin de carrière, Daniel Brière, afin de se soulager des deux dernières années du contrat de Parenteau.

À Montréal, ce ne fut guère plus concluant, et Marc Bergevin a opté pour un rachat de la dernière année de contrat de l'ailier droit.

Dans ce contexte, le lent début de saison de Parenteau lui trottait dans la tête. « J'en suis venu à douter de moi-même, a-t-il. Mais j'ai confirmé que ce n'était pas moi, le problème. »

Les oreilles de Michel Therrien doivent ciller...

UN CONTRAT OU UNE TRANSACTION ?

Que réserve l'avenir à cet ancien marqueur de 67 points ? Pour l'heure, il aimerait bien recevoir une offre de prolongation de contrat, mais les pourparlers n'ont pas été amorcés. Disons que son agent, Allan Walsh, semble consacrer beaucoup d'énergie au dossier Jonathan Drouin par les temps qui courent !

Parenteau reconnaît aussi qu'une transaction est possible. Il est un des huit joueurs qui deviendront autonomes sans compensation le 1er juillet chez les Leafs. L'équipe est actuellement à 11 points de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires. Si l'écart se creuse, la tentation d'échanger les vétérans en fin de contrat sera grande.

En attendant, Parenteau va se concentrer sur le match de ce soir contre son ancienne équipe et son ancien entraîneur-chef. On devine qu'il jouera avec la proverbiale fiente sur le coeur.

À ce sujet, Babcock a bien fait rigoler les journalistes, vendredi midi. Il revenait sur la défaite de jeudi des Leafs, 1-0 en prolongation contre les Hurricanes de la Caroline. Pince-sans-rire, il s'en est permis une.

« En prolongation, il avait le but gagnant au bout de son bâton. Il doit sûrement garder ce but-là en réserve ! »

Dans le calepin

Contre le gardien de l'heure

Discrètement, très discrètement, James Reimer trône au premier rang des gardiens de la LNH pour l'efficacité, avec un joli ,937 après 22 matchs. C'est ce gardien que le Canadien affrontera samedi soir. C'est un revirement de situation spectaculaire pour ce gardien qui, après avoir mené les Maple Leafs en séries en 2013, a connu deux saisons de suite de misère, avec une moyenne de buts accordés supérieure à 3,00. Mais l'arrivée d'une nouvelle direction lui a permis de croire qu'il pouvait défier Bernier pour le poste de numéro 1. « On m'a dit que tout le monde repartait avec une page blanche, a expliqué Reimer. Donc je devais prouver ce que je peux faire. Peut-être qu'il y avait des idées préconçues, mais de mon côté, je voulais juste faire de mon mieux. »

La détermination de Bernier

À 27 ans, quand ça fait cinq ans que vous êtes à temps plein dans la LNH, un renvoi dans la Ligue américaine n'est jamais le bienvenu. C'est ce genre de saison que vit Jonathan Bernier. Une blessure et une fiche de 0-8-1 ont poussé les Leafs à l'envoyer dans les mineures, afin qu'il reprenne confiance en lui. Depuis ce temps, son jeu semble s'être stabilisé. Le gardien affiche un dossier de 6-4-2, une moyenne de 3,02 et une efficacité de ,901, et ce, même si une raclée de 7-0, le 9 janvier dernier, a entaché sa fiche. Bernier est têtu, et il entend bien s'en sortir dans le difficile marché torontois, et pas en souhaitant une transaction. « Je pense qu'on peut compter sur les doigts de la main les gardiens qui se sont sortis d'une tempête sans partir de la ville. J'ai vraiment poussé fort pour remonter et ça démontre mon caractère », a-t-il expliqué, hier. Son exemple : Carey Price. « Carey a traversé des moments difficiles à Montréal. Ce n'était pas évident à ses premières saisons. [Jaroslav] Halak a pris le poste de numéro 1. Tout le monde disait que le Canadien devait l'échanger. Mais il a repris pied. Aujourd'hui, c'est le meilleur gardien au monde. »