Ainsi donc, Carey Price ratera encore trois ou quatre semaines d'activité afin de soigner correctement sa blessure. Le scénario optimiste présenté par l'organisation du Canadien évoquait d'abord d'une absence de six semaines; le gardien en manquera près du double.

«Sa guérison est plus lente qu'on ne le croyait, a admis le directeur général Marc Bergevin. Le corps de chacun réagit différemment. Il n'y a pas eu de recul comme tel dans sa convalescence, mais on n'a pas encore de date précise en vue.»

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Or, selon ce qui nous a été permis d'apprendre, l'équipe n'exclut pas la possibilité de mettre fin à la saison de Price et de le soumettre finalement à une opération, si le CH ne se remet pas à gagner au cours des prochaines semaines. En revanche, si le virage dont a parlé Bergevin à ses joueurs se matérialise, Price pourrait enfin leur venir en aide vers la mi-février.

Mais la priorité pour le gardien de 28 ans sera de guérir cette fameuse blessure pour de bon.

En attendant, le Tricolore n'a remporté que six matchs (6-16-1) depuis le début de la longue absence de Price.

«C'est notre meilleur joueur, et la position de gardien est déterminante à mes yeux, a convenu le DG. Remplacer Carey Price est impossible. Mike [Condon] et Ben [Scrivens] font du très bon travail, mais ils ne sont pas Carey Price.»

Meilleurs malgré tout

En début de saison, quelques joueurs de l'équipe avaient exprimé leur agacement face à ceux qui disaient que le Canadien était avant tout l'équipe de Carey Price. Tomas Plekanec était de ceux-là.

Ayant passé la majorité de la saison sans son gardien numéro un, est-il déçu que les résultats n'aient pas permis de confondre les sceptiques?

«C'est difficile, a reconnu le centre tchèque. Je crois pourtant qu'on joue du bon hockey la majorité du temps. On lance au filet davantage que l'adversaire et on obtient des chances de compter. Sauf qu'on ne marque pas, et c'est un problème.

«L'an dernier, on gagnait mais on était à la traîne dans ces domaines-là. Je trouve que c'est une différence par rapport à l'équipe de l'an passé. Ce n'est plus juste une question d'un gardien qui vole des matchs; en tant que groupe, on domine de nombreuses rencontres.»

«Je sais que c'est dur à voir parce que les résultats ne sont pas là, mais nous formons une meilleure équipe.»

Brendan Gallagher, qui avait exprimé une opinion semblable à celle de Plekanec en début d'année, soutient que l'équipe ne s'est jamais servie de l'absence de Price dans le vestiaire.

«Ça n'a jamais été une source de motivation pour nous, dit-il. Notre motivation est de gagner des matchs. Peu importe qui est là et qui ne l'est pas. Ceux qui enfilent l'uniforme ont un travail à faire, et c'est la seule chose à laquelle on pense. Il y a constamment des blessures dans le sport professionnel et il faut composer avec.»

Le lien entre Price et les buts marqués

Lars Eller, lui, juge que d'établir un lien entre la série de défaites et l'absence de Price est un raccourci facile.

«Ceux qui veulent à tout prix faire des liens qui ne sont pas vraiment là peuvent toujours les faire, mais ce n'est pas Carey Price qui fait qu'on ne marque pas assez de buts», a-t-il fait valoir.

Le Danois n'achète pas davantage l'argument voulant que les joueurs puissent jouer plus à l'aise et être moins inquiets de commettre des erreurs en sachant que Price est là pour réparer les pots cassés.

«Je n'ai jamais eu à l'esprit le fait que je pouvais être plus audacieux à l'attaque sous prétexte que j'ai tel gardien devant mon filet plutôt que tel autre. Et je ne pense pas que les autres joueurs pensent comme ça non plus.»

À propos de l'impact de l'absence de Price sur les différentes facettes du jeu du Tricolore, Marc Bergevin a proposé une opinion différente de celle d'Eller.

«Ça affecte le mental de l'équipe, a-t-il dit. Je pense que ça donne un léger avantage à l'équipe adverse de savoir qu'elle affronte le Canadien sans Carey Price. Si l'on va à Washington pour jouer contre les Capitals et qu'Alex Ovechkin n'est pas là, c'est un petit avantage.»

Mais tout le monde se rejoint sur un fait: l'absence de Price n'explique pas à elle seule les déboires de l'équipe. Le DG croit que la confiance des attaquants a été touchée après plusieurs très bonnes performances en décembre qui se sont soldées par des défaites.

«On jouait très bien, je pense à la partie contre Los Angeles où Jonathan Quick a été extraordinaire, mais les défaites se sont mises à nous jouer dans la tête. La confiance a été ébranlée.

«En tant qu'équipe, il faut cesser de jouer pour ne pas faire d'erreurs si l'on veut se remettre à gagner des matchs.»