Le mot historique a été utilisé quelques fois dans l'entourage du Canadien de Montréal cette saison. On l'a entendu au mois d'octobre lorsque la troupe de Michel Therrien battait tous ses rivaux, de toutes les façons possibles. Et le terme est revenu dans le vocabulaire d'un peu tout le monde au cours des six dernières semaines, mais dans un contexte beaucoup moins positif.

Depuis le 1er décembre, la formation montréalaise n'a récolté que 11 points en 22 matchs, une glissade sans pareil depuis sept décennies. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Canadien serait éliminé si la saison régulière s'était terminée mardi soir malgré neuf gains de suite en amorce de saison.

Le Canadien ne gagne à peu près plus. Et lorsqu'il parvient à ajouter deux points au classement, il est incapable de répéter l'exploit le match suivant.

Il faut remonter au 27 novembre pour retracer la dernière séquence de deux victoires du Tricolore. Ce soir-là au New Jersey, un but de Sven Andrighetto en fusillade a permis au Canadien de l'emporter 3-2. Il s'agissait d'un quatrième gain consécutif et d'un 18e en 24 matchs.

Catastrophe annoncée

Tout baignait alors dans l'huile pour une formation qui trônait au premier rang du classement général non pas de son association, mais de la ligue, avec 38 points. Mais dans les coulisses, le Canadien s'apprêtait à apprendre une mauvaise nouvelle, relayée trois jours plus tard: Carey Price allait devoir manquer au moins six semaines.

Et si on était en droit de craindre la réaction de gardiens aussi inexpérimentés que Mike Condon et Dustin Tokarski face à un tel défi, ce sont leurs coéquipiers qui ont perdu leurs moyens. Tout particulièrement les soi-disants leaders de l'équipe.

Du groupe des piliers du Canadien, le meilleur marqueur depuis le 1er décembre est le défenseur P.K. Subban, avec une récolte de deux buts et 13 points. C'est un de plus que celui qui, en toute logique, devrait mener l'équipe à ce chapitre, soit Max Pacioretty.

Durant cette sombre période, le capitaine du Canadien a obtenu sept buts. C'est peu, mais c'est quand même mieux qu'Alex Galchenyuk (3), Tomas Plekanec (2), Lars Eller (2), David Desharnais (1) et Andrei Markov (aucun).

Étonnamment, Paul Byron, acquis au ballottage, a fait mieux que tous ces joueurs depuis le 1er décembre avec une récolte de six buts, un de plus que Daniel Carr, cédé aux mineures vendredi dernier dans une décision que peu d'observateurs comprennent.

Et parmi le groupe de leaders, aucun n'affiche un différentiel positif. Le pire de tous est Galchenyuk, à moins-17, derrière Pacioretty (-11) et Plekanec (-8), un joueur pourtant reconnu pour être responsable sur le plan défensif.

Léthargie ou surévaluation

Ces statistiques décevantes de la part de joueurs sur lesquels comptaient tant Marc Bergevin et Michel Therrien amènent une question fondamentale: s'agit-il d'une disette collective qui s'étire ou d'une surévaluation de la part de l'état-major du Canadien?

Puisque des léthargies ne durent habituellement pas 22 rencontres, tout porte à croire que la direction du Tricolore a cru que ses joueurs étaient meilleurs qu'ils ne le sont en réalité. Particulièrement pendant ses succès du mois d'octobre.

Lors de sa série de victoires du début de saison, le Canadien a bénéficié de la contribution de tout son personnel. Mais l'apport de joueurs de soutien tels Tomas Fleischmann, Torrey Mitchell, Brian Flynn et même Dale Weise a donné l'impression que l'équipe avait trouvé la solution à ses lacunes offensives.

Évidentes l'an dernier, ces lacunes sont devenues criantes pendant les séries du printemps 2015. En 12 matchs éliminatoires face aux Sénateurs d'Ottawa et au Lightning de Tampa Bay, le Canadien n'a marqué que 25 buts, dont six lors d'une même rencontre, à Tampa Bay.

Malgré tout son talent, Price n'a pas réussi à masquer les ratés offensifs de ses coéquipiers, contrairement à ce qu'il avait réussi à faire en saison régulière. Du coup, le Tricolore a subi une élimination plus hâtive que l'année précédente.

Ce résultat aurait dû faire prendre conscience que des changements étaient nécessaires pour bonifier les deux premiers trios du Canadien. Bergevin a plutôt joué deux coups de dés, et perdu, lorsqu'il a obtenu les services d'Alexander Semin et de Zack Kassian au cours de l'été.

De façon implicite, lors de son vibrant plaidoyer mardi soir, Therrien a réclamé de l'aide. Et le temps presse...