Sept défaites en huit matchs. À peine 13 buts marqués au cours de cette séquence. Le Canadien navigue en eaux troubles.

«Je n'ai jamais vécu de séquence pareille depuis que je suis à Montréal», a admis l'attaquant Dale Weise.

L'an dernier, à partir de la fin du mois de novembre jusqu'au retour du voyage qui a coïncidé avec la mort de Jean Béliveau, le Tricolore avait vécu une période sombre en ne remportant qu'un match en sept sorties.

Carey Price avait par la suite pris les choses en main et s'était dressé en n'accordant que 13 buts à l'adversaire lors des 10 matchs suivants. Neuf victoires avaient été mises à la banque et le Canadien était relancé.

«Carey a une présence calmante et il donne confiance aux autres, reconnaît Weise. C'est notre leader numéro un. C'est le shérif.»

Mais, vous le savez peut-être, Carey Price n'est pas là en ce moment. Le reste de l'équipe doit regarder ailleurs pour trouver des solutions.

Aux yeux de Michel Therrien, le fait que le Tricolore soit forcé de s'en remettre à Mike Condon et Dustin Tokarski est à la base des ennuis de l'équipe.

«Le plus gros problème auquel on fait face, c'est qu'on a deux gardiens qui n'ont même pas 50 matchs d'expérience dans la Ligue nationale, a-t-il soutenu. On en est très conscients, mais c'est la situation dans laquelle on se retrouve.

«Par le passé, il y a de bonnes équipes qui ont perdu leur gardien et qui ont raté les séries. Nous, nous sommes encore en position de faire les séries et le plus important est de demeurer dans la course.»

Ce n'est jamais une bonne nouvelle de perdre son gardien-vedette - ni son meilleur attaquant du premier quart de la saison, d'ailleurs. Mais on pourra toujours dire que le coussin que l'équipe s'est donné en alignant les victoires en début de saison sert aujourd'hui à amortir les pertes.

Sauf que de ce coussin, il ne reste plus que la housse...

Débuts et fins de périodes

Au cours des dix derniers matchs, le CH et ses gardiens ont accordé six buts dans les trois premières minutes d'une période et cinq autres dans les trois dernières. Ce sont des moments cruciaux qui ont empêché l'équipe de prendre son envol.

Est-ce l'inexpérience des gardiens qui entre ici en cause, ou l'équipe dans son ensemble qui manque de concentration?

«Jonathan Quick, des Kings, a été exceptionnel contre nous l'autre jour, a rappelé Therrien en guise de réponse. Mais pour qu'un gardien ait eu le besoin d'être exceptionnel, il a fallu que d'autres fassent des erreurs devant lui, que ce soit la brigade défensive ou les attaquants.

«On est très conscients qu'on ne met pas nos gardiens dans une situation facile. Michael Condon avait joué à peine une demi-saison dans la Ligue américaine et il n'a jamais été repêché. Il montrait une bonne progression, il se sentait en confiance derrière Carey Price et il nous donnait du bon hockey en jouant tous les 10 jours...

«Mais là, on le met en position où il doit remplacer Carey Price.»

Pacioretty: «Mon plus gros test»

L'inexpérience des gardiens a quand même peu d'incidence sur le fait qu'à l'autre bout de la patinoire, le Tricolore ne parvient pas à marquer. À moins que l'équipe soit si préoccupée de leur venir en aide qu'elle en oublierait son attaque?

Ce n'est pas ce que suggère la défaite à Dallas, en tout cas!

Therrien s'attend à ce que ses leaders se responsabilisent et mènent leurs coéquipiers de la bonne manière. Et c'est en plein ce que cherche à faire le capitaine Max Pacioretty, avec qui Therrien s'est assis hier matin.

«C'est le plus gros test que j'ai eu à subir depuis que je fais partie du groupe de leaders, a admis Pacioretty. Dans chaque période difficile, j'ai appris beaucoup et j'espère que ce qu'on traverse en ce moment fera de moi un meilleur capitaine et un meilleur coéquipier.»

Pacioretty, qui a laissé parler sa frustration après le cinglant revers contre les Stars, a été limité à un but au cours des huit derniers matchs. Il a toujours été très dur envers lui-même, mais le fait d'avoir un C sur son chandail n'est pas de nature à lui alléger l'esprit.

«Je sens que tout est sur mes épaules, a-t-il dit. Si l'équipe ne va pas bien, c'est ma responsabilité d'y voir. Je dois être meilleur et aider mon équipe en produisant. Je ne l'ai pas fait récemment.

«C'était frustrant samedi parce que ce n'était pas une question de ne pas avoir profité de nos chances; nous n'en avons même pas eu. Et personnellement, j'ai fait plusieurs erreurs mentales. Mais aujourd'hui est un nouveau jour.»

Therrien est heureux de voir Pacioretty prendre les choses autant à coeur en ces temps difficiles.

«Quand l'ardeur au travail et la concentration sont là mais que les résultats ne viennent pas, les gars ont de la fierté et vont vouloir gagner, a rappelé Therrien. Ça leur fait mal. Le côté positif de la chose, c'est justement que ça leur fasse mal. C'est correct que ça leur fasse mal.

«C'est un nouveau rôle pour Patch, a-t-il poursuivi. Ce n'est pas parce que du jour au lendemain il devient capitaine que tous les morceaux vont nécessairement tomber en place. Il apprend à être capitaine. Il veut attirer les joueurs de son côté et donner le bon exemple. C'est tout ce qu'on peut lui demander.»