La nomination d'un capitaine est un moment émouvant au sein d'une équipe. L'heureux élu savoure avec raison cet instant de gloire, signe du respect de ses coéquipiers et de la confiance de ses patrons. Il promet de se montrer à la hauteur de la fonction.

La célébration terminée, le décompte s'enclenche. Car inévitablement, un jour viendra où le nouveau capitaine devra montrer de quoi il est fait.

Son équipe dans le pétrin, saura-t-il afficher le leadership nécessaire pour lui permettre de s'en extirper?

Ralliera-t-il les troupes malgré l'absence de joueurs-clés?

Inspirera-t-il les siens avec une remarque bien sentie dans le vestiaire et un effort de tous les instants sur la glace?

Pour Max Pacioretty, ce premier test arrive ce soir, contre les Sénateurs d'Ottawa, au Centre Bell. Le Canadien a perdu ses quatre derniers matchs, une tendance inquiétante. L'équipe, si solide en début de saison, est soudainement hésitante. Elle gère mal la troisième période, ce qui ne pardonne pas. Et, surtout, les vétérans ne donnent pas le ton, semblant à la remorque du fort contingent rappelé de la Ligue américaine.

Dans ces circonstances, le rôle de Pacioretty est crucial. Le «C» sur son chandail n'est pas seulement honorifique. Il sous-tend des responsabilités additionnelles, surtout quand les choses sont difficiles. Pour la première fois depuis son élection en septembre dernier, le numéro 67 a l'occasion de montrer ses véritables couleurs.

Bien sûr, le Canadien n'est pas au bord du gouffre. Son excellent départ lui vaut un coussin bienvenu au classement. Et dans une ligue si concurrentielle, des périodes difficiles sont inévitables.

Mais les joueurs de Michel Therrien doivent stopper cette série de revers avant qu'elle ne cause de réels dommages. D'autant plus qu'après un séjour de trois matchs à Montréal, ils disputeront leurs huit suivants à l'étranger. (Oui, celui en Floride fait partie du lot, même si les partisans du CH envahiront la place comme à l'habitude...) Et des 11 prochains duels, huit seront contre des formations qui auraient participé aux séries éliminatoires si la saison avait pris fin hier.

En clair, un gros défi attend le CH.

Sans surprise, les absences de Carey Price et Brendan Gallagher font de plus en plus mal au Canadien.

Demander à Mike Condon, une recrue, d'assumer le rôle de premier gardien pendant six semaines est une lourde commande.

Avec Price devant le filet, le Canadien profite d'un avantage psychologique majeur avant même la première mise au jeu.

Avec Mike Condon ou Dustin Tokarski, la situation est inversée. L'adversaire sait que le CH évolue sans son meilleur atout. Et il croit en ses chances jusqu'au bout. Cela explique en partie les retours de troisième période des Bruins de Boston et des Red Wings de Detroit cette semaine.

L'influence de Price va au-delà de la patinoire. Son calme et son assurance augmentent la confiance de tout le groupe. À ce niveau aussi, sa perte fait mal.

L'absence de Gallagher est aussi durement ressentie par le CH. Cela a été particulièrement visible contre les Bruins mercredi, au Centre Bell.

Après les deux buts rapides de Loui Eriksson et Landon Ferraro, qui ont donné une avance de 2-1 aux visiteurs en troisième, il aurait fallu une étincelle pour replacer le Canadien, comme Gallagher en provoque si souvent. L'objectif était de couper le rythme des Bruins. Cela ne s'est pas produit et Patrice Bergeron a inscrit le but d'assurance cinq minutes plus tard.

Après la rencontre, Michel Therrien a eu raison de dire que le Canadien n'avait pas mal joué. Mais l'écart entre une victoire et une défaite est si mince que le moindre relâchement est cher payé.

Malgré les derniers revers du Canadien, le rendement des jeunes attaquants rappelés de la Ligue américaine constitue une bouffée d'air frais: Sven Andrighetto, Charles Hudon, Daniel Carr... Tout comme le travail de joueurs comme Paul Byron et Tomas Fleischmann.

En revanche, les canons du club, ceux qui au bout du compte feront la différence dans la plupart des matchs, n'ont pas donné une impulsion supplémentaire à l'équipe, surtout dans les trois derniers revers.

Max Pacioretty est un de ceux-là. Il l'a d'ailleurs reconnu après la défaite contre les Red Wings. Corrigera-t-il la situation ce soir?

En attendant le retour de Price et Gallagher, le Canadien doit traverser la tempête avec un minimum de dégâts. Et c'est au capitaine d'entraîner les siens dans son sillage. Comme plusieurs de ses prédécesseurs ont su le faire au fil des ans.

Une erreur corrigée

Au moins, le Canadien a vite corrigé son erreur. L'embauche d'Alexander Semin était une mauvaise idée et prolonger son séjour à Montréal aurait été contre-productif.

Avant le premier match de la saison, j'ai comparé deux acquisitions estivales de Marc Bergevin à l'achat de billets de loterie. Aujourd'hui, on sait que le DG n'a pas tiré le numéro gagnant.

Il y a d'abord eu le cas de Zack Kassian, un attaquant doté d'un potentiel évident, mais dont la feuille de route laissait à désirer.

Quant à Semin, ce n'est pas un hasard si les Hurricanes de la Caroline, une des équipes aux plus bas revenus dans le circuit, lui ont versé un dédommagement de 14 millions en six ans plutôt que de conserver ses services. Le Canadien croyait relancer sa carrière. Mais à 31 ans, un joueur peut difficilement remettre la machine en marche après une saison au ralenti.

En revanche, Bergevin a réussi deux bons coups: l'embauche de Thomas Fleischmann et de Paul Byron, les deux à des salaires moindres que ceux de Semin et Kassian. Ces gars-là en donnent au CH pour son argent.