Le Canadien n'a peut-être pas affronté jusqu'ici un adversaire aussi morose que celui à qui il rend visite ce soir.

Ça va mal chez les Hurricanes de la Caroline, qui n'ont remporté que trois victoires à leurs 14 derniers matchs. Au lendemain d'une défaite sans appel de 5-1 contre les Devils du New Jersey, Bill Peters a annulé l'entraînement et a plutôt convié ses hommes à se parler dans le blanc des yeux.

Ceux qui devraient être les canons en attaque ne marquent pas, la jeune brigade défensive commet des erreurs coûteuses, et les gardiens n'arrivent pas assez souvent à les réparer.

L'entraîneur des gardiens David Marcoux ne mâche pas ses mots pour décrire la situation de l'équipe.

«L'identité de notre équipe, c'est qu'on est friendly. On ne se le cachera pas, ce n'est ni difficile ni épeurant pour les équipes adverses de venir jouer en Caroline. C'est une identité qui n'en est pas une car il n'y a pas cette idée que ça va faire mal d'entrer au PNC Arena.»

Ce qui n'aide pas l'équipe à se motiver, c'est que les foules en Caroline sont anémiques. Les Hurricanes sont bons derniers de la LNH avec une moyenne de 10 899 spectateurs par match. Le PNC Arena n'est rempli qu'à 58% de sa capacité. Or, les Hurricanes récoltent ce qu'ils ont semé car ils sont en voie de rater les séries éliminatoires pour une septième année de suite. Dans un coin de pays où le basketball et le football sont rois et maîtres - et les deux sports sont actuellement en cours -, les Hurricanes n'arrivent pas à réclamer leur part du gâteau.

Pannes majeures

Le défenseur Justin Faulk est un rare rayon de soleil au sein de cette formation. Mais pour le reste, les frères Eric et Jordan Staal périclitent, le jeune Jeff Skinner n'est plus le même depuis ses ennuis de commotion cérébrale, et les unités spéciales sont spécialement inefficaces: avant les rencontres d'hier, les Canes étaient 30es en avantage numérique et 29es en infériorité!

«On a beaucoup de jeunesse, surtout en défense, observe Marcoux. Des gars comme Noah Hanifin, Brett Pesce et Jaccob Slavin sont remplis de bonnes intentions, mais les erreurs sont là.

«On est premiers de la ligue pour le moins de tirs accordés par match. Sauf que quand il y a un manquement en défense, il est majeur. Jeudi soir contre le New Jersey, notre gardien Eddie Lack n'a pas été mauvais, sauf qu'on a donné des ouvertures en plein centre de la glace. On ne peut pas connaître du succès en donnant cinq échappées dans un match!

«Nos gardiens sont exposés à plusieurs chances de marquer de catégorie A. On donne 25 lancers par match, mais si on accorde quand même 18-20 chances de marquer, les gardiens ne paraissent pas bien du tout. Et dernièrement, ils ont donné quelques mauvais buts, c'est très évident.»

Un climat difficile

Cela fait des années que le gardien Cam Ward a perdu le lustre qu'il avait lorsqu'il avait mené les siens à la conquête de la Coupe Stanley en 2006. À l'instar du capitaine Eric Staal, son contrat vient à échéance à la fin de la saison et sa valeur est à la baisse.

«Ceux qui ne regardent pas nos matchs régulièrement et qui ne font que regarder les statistiques vont penser que Cam Ward est fini. Mais au contraire, il fait partie de la solution.»

Selon Marcoux, le gardien de 31 ans fait un tas de petites choses qui sont de nature à aider l'équipe. En fait, c'est peut-être son nouvel adjoint Eddie Lack qui a les plus gros correctifs à apporter. L'ancien des Canucks de Vancouver a beau mesurer 6'4, il ne capitalise pas suffisamment sur son gabarit.

«Quand l'adversaire attaque en entrée de zone, Eddie se doit d'être plus agressif et de paraître plus gros. Il lui arrive d'être profond dans le filet, d'être bas et très petit.

«Mais le climat est difficile pour tout le monde actuellement. C'est dur de convaincre les gardiens de modifier certaines affaires. Il faut y croire...»

Malgré la morosité et les résultats qui ne sont pas au rendez-vous, Marcoux et le reste du personnel d'entraîneurs ne craignent pas pour leur poste.

«On ne peut pas se lever le matin et penser à ce genre de chose, rappelle le Sherbrookois. Notre DG Ron Francis est passé par là, il a déjà été entraîneur à Pittsburgh et il reconnaît ce qui se passe. Il ne prend pas de décisions hâtives.

«C'est sûr qu'il y a une part de tout cela qu'on ne peut pas contrôler, mais on est tous ici à 6h30 le matin pour trouver des solutions...»