La publication d'échanges de courriels entre dirigeants de la LNH, dans lesquels l'ancien préfet de discipline, Colin Campbell, entre autres, affirme devoir promouvoir la violence et la haine, pourrait à certains égards favoriser les anciens hockeyeurs dans leur poursuite contre la Ligue nationale de hockey.

«Regardons les choses en face, Mike, nous vendons des rivalités, nous faisons la promotion et la vente de la haine...», écrit Campbell à l'analyste de télé Mike Milbury, six jours après que Matt Cooke eut assommé Marc Savard à la suite d'une violente mise en échec, dans l'un des nombreux courriels dévoilés hier par le réseau TSN.

«Ces courriels n'établissent pas que la LNH a caché délibérément des informations à propos des effets à long terme des commotions cérébrales comme ce fut le cas avec la NFL, affirme au bout du fil l'avocate en droit du sport Marianne Saroli. Par contre, elle confirme certaines prétentions de la poursuite selon lesquelles la LNH et ses dirigeants faisaient la promotion et la culture de la violence comme source de profit. Ça pourrait donc être favorable à leur argumentation. Mais est-ce une preuve de la culpabilité de la LNH? Pas nécessairement.»

Cooke n'a jamais été suspendu, et Savard n'a plus jamais joué au hockey par la suite.

Dans ce contexte, on comprend un peu mieux pourquoi Zdeno Chara, des Bruins de Boston, n'a reçu aucune sanction à la suite de sa mise en échec quasi meurtrière à l'endroit de Max Pacioretty, du Canadien, un an presque jour pour jour après le drame de Marc Savard.

«La LNH a l'obligation d'instruire ses joueurs sur les dangers inhérents au hockey, sur les techniques de prévention des accidents et aussi leur permettre d'anticiper les risques reliés à la pratique de ce sport, poursuit l'avocate. Si elle incite à la violence et à la brutalité, elle expose les joueurs à des dangers. On pourrait y voir un manquement.»

Plus de 2,5 millions de pages ont été déposées au dossier de la Cour depuis le début de la poursuite engagée en novembre 2013. La plupart des documents sont frappés d'une ordonnance de non-publication.

Plus de 120 joueurs poursuivent la LNH

Cette poursuite, qui compte désormais plus de 120 joueurs, dont Bernie Nicholls, Gary Leeman, Butch Goring, Dennis Maruk et Bobby Dollas, a été engagée dans la foulée d'un jugement forçant la NFL à verser 700 millions US à 4500 anciens footballeurs. Les anciens hockeyeurs exigent une compensation pour les traumatismes et les problèmes cognitifs permanents liés aux commotions cérébrales.

L'ancien capitaine des Flyers de Philadelphie Éric Desjardins ne fait pas grand cas de la divulgation de ces courriels.

«Il faut qu'ils arrivent à prouver que la LNH connaissait les effets des commotions cérébrales. Est-ce que la Ligue nationale savait? J'en doute. C'est un domaine tellement complexe, on commence à peine à recevoir des informations là-dessus. Depuis, la ligue a pris les mesures pour enrayer les blessures à la tête. Si elle ne le faisait pas, on parlerait alors d'un problème plus important.»

Desjardins, gagnant de la Coupe Stanley avec le Canadien en 1993, savait que son métier comportait une part de risque.

«Quand je subissais une blessure à la tête, la seule chose que je voulais, c'était de revenir au jeu le plus vite possible. Si j'avais su ce que je sais aujourd'hui, est-ce que j'aurais agi de la même façon? Je ne sais pas. Je n'enlève rien à ceux qui participent à la poursuite, ils ont peut-être plus de problèmes que moi, mais j'ai de la misère à embarquer là-dedans.»

On reproche à la NFL d'avoir créé un comité formé de spécialistes afin de produire des documents visant à minimiser les risques de subir de commotions cérébrales, de même que les effets de celles-ci sur la santé à long terme.

La situation de la LNH diffère de celle de la NFL. Voyons si la poursuite pourra prouver que les dirigeants de la Ligue nationale de hockey ont caché des informations médicales aux joueurs.