Rares sont les joueurs actifs qui ont disputé 1000 matchs dans la Ligue nationale et qui ont toujours joué pour la même organisation.

Ils ne sont que six au total. Et tout en haut de la liste se trouve Shane Doan, qui en est à sa 20e saison dans la Ligue nationale, toujours chez les Coyotes de Phoenix ou les Jets de Winnipeg, première mouture.

L'Albertain de 39 ans fait partie d'une espèce en voie de disparition.

«J'ai grandi en voyant bon nombre de joueurs passer toute leur carrière avec la même équipe, explique Doan. Pour ceux-là, la ville devenait leur nouveau foyer. Ils tissaient des liens avec les employés et les anciens joueurs devenaient comme une famille. Ce sentiment-là a joué d'une certaine façon.»

À la lumière des problèmes récurrents qu'ont connus les Coyotes au fil des ans, on peut s'étonner que Doan ait choisi de demeurer fidèle à cette concession. Si l'on inclut sa première saison passée chez les Jets de Winnipeg, le vétéran ailier droit a joué pour six propriétaires!

Si lui a toujours été loyal envers l'organisation, il comprend que ce sont des gens différents qui lui ont retourné l'ascenseur.

«Cette loyauté-là va dans les deux sens, fait-il remarquer. Les Coyotes aussi ont été loyaux. Je suis très chanceux qu'on m'ait donné la chance de passer toute ma carrière au sein de la même organisation.

«À mes débuts, ils auraient très bien pu se défaire de moi. Je leur suis reconnaissant de ne pas l'avoir fait.»

On a tendance à l'oublier parce qu'il est devenu un nom bien connu au fil des ans, mais ce n'est qu'à sa cinquième saison dans la LNH que Doan a vraiment pris son envol.

Lors de ses 249 premiers matchs, il s'était contenté de 22 buts et 62 points. Voilà pourquoi, des années plus tard, Doan est reconnaissant de la patience dont les Coyotes ont fait preuve à son endroit.

Un club sélect

À peine trois joueurs dans l'histoire de la LNH ont passé toute leur carrière avec la même équipe et joué davantage de matchs que Doan.

Peu de joueurs sont en position de le déclasser à ce chapitre. Des rumeurs d'échange persistantes entourent Patrick Marleau, des Sharks de San Jose, tandis que Patrik Elias, des Devils du New Jersey et Chris Phillips, des Sénateurs d'Ottawa, ne joueront pas assez de matchs pour espérer rejoindre Doan.

En fait, il n'y a que les jumeaux Henrik (1112) et Daniel Sedin (1081) qui ont une chance au cours des prochaines années. Mais ils accusent un retard de plus de 300 matchs sur Doan et sont tout de même âgés de 35 ans.

«Le temps gagne toujours»

Doan, qui a terminé premier marqueur des Coyotes à sept reprises au cours de sa carrière et qui devrait dépasser prochainement Dale Hawerchuk en tant que meilleur buteur dans l'histoire de la concession, sait bien que la fin approche.

Avant le match d'hier, il avait récolté huit points en 18 matchs et affichait le pire différentiel de son équipe (-8). L'usure se fait sentir.

«Le temps gagne toujours, rappelle-t-il. Que ce soit les mains ou le coup de patin, il y a des situations qui se présentent où l'on se dit: "Je devrais être capable de faire ça." Je ne suis plus capable de faire ce que je veux soir après soir. Il y a des matchs où tout fonctionne, et d'autres où j'en arrache davantage. Je dois veiller à ce que ces soirs-là ne deviennent pas trop nombreux.

«Je me sens bien, physiquement, et je sens que je pourrais jouer encore un bout de temps. Mais je ne sais pas si je vais pouvoir appuyer mon équipe autant que je le veux. Tous les joueurs finissent par avoir de la misère avec ça. On ne veut pas être dans les jambes et empêcher l'équipe de grandir. On veut continuer de l'aider...»