Les procureurs ont abandonné l'enquête pour viol contre l'attaquant vedette des Blackhawks de Chicago Patrick Kane, citant un manque de preuves crédibles dans un dossier «truffé de doutes raisonnables» et la décision de la plaignante de cesser de collaborer à l'enquête.

Le procureur général du comté d'Erie, Frank Sedita, a déclaré jeudi qu'à la suite d'une enquête de trois mois, les preuves physiques et médico-légales «tendent à contredire» les prétentions de la plaignante, qui disait avoir été violée dans la résidence d'été de Kane, en banlieue de Buffalo, le 2 août dernier.

«Les résultats d'ADN ne corroborent d'aucune façon les prétentions de la plaignante», a affirmé Sedita, qui a décidé de ne pas présenter le dossier devant un grand jury pour de possibles accusations. Il a ajouté que la plaignante, âgée de 21 ans, a récemment signé une déclaration écrite sous serment dans laquelle elle indique ne pas vouloir engager de poursuites.

«La somme des preuves crédibles ne permettait pas d'étayer les allégations de viol de la plaignante et cette soi-disant «affaire' était truffée de doutes raisonnables.»

Cette décision met fin à une enquête grandement médiatisée, qui a mené au retrait de l'image de Kane en couverture de NHL16, populaire jeu vidéo d'EA Sports. Kane, premier choix au total en 2007, a de plus été la cible des spectateurs lors de matchs à l'étranger des Hawks, alors que les chants «No means no!» («Non veut dire non!») et «She said no!» («Elle a dit non!») ont pu être entendus en quelques occasions.

«Nous savions depuis le début que Patrick n'avait rien fait de répréhensible, a déclaré son agent Pat Brisson, dans un texto envoyé à l'Associated Press. Nous sommes satisfaits des résultats de l'enquête. C'est enfin terminé.»

Dans un bref communiqué, la direction des Blackhawks a fait savoir qu'elle «respectait l'annonce faite jeudi par le procureur général du comté d'Erie au sujet de Patrick Kane».

«L'organisation des Blackhawks de Chicago a traité cette affaire avec beaucoup de sérieux, et a tenté de traiter d'un sujet très délicat tout en respectant les procédures légales. Nous n'émettrons aucun autre commentaire.

Kane a lui aussi réagi, jeudi.

«J'ai continuellement dit que je n'ai rien fait de mal. J'ai respecté le processus judiciaire et je suis heureux que cette affaire soit maintenant terminée. Je n'émettrai aucun autre commentaire.»

Le commissaire adjoint de Ligue nationale de hockey, Bill Daly, a également émis un court communiqué.

«Comme il s'agit d'une affaire interne, nous allons rapidement étudier l'information qui est maintenant disponible. Nous ne commenterons pas davantage tant que cette révision ne sera pas complétée.»

Une personne qui a répondu à un appel de l'Associated Press à la résidence de la mère de la plaignante, jeudi, a immédiatement raccroché. L'avocat de la plaignante, Roland Cercone, n'a pas répondu aux messages de l'agence de presse. Les Blackhawks sont quant à eux en déplacement vers le New Jersey, où ils affronteront les Devils vendredi soir.

L'affaire a alimenté les grands titres à Buffalo et Chicago pendant des semaines. À 26 ans, Kane est l'une des plus grandes vedettes de la LNH. Il a gagné trois coupes Stanley au cours des six dernières années, incluant le printemps dernier. Ce n'était pas la première fois qu'il alimentait les chroniques judiciaires: il avait été arrêté après une altercation avec un chauffeur de taxi de Buffalo à l'été 2009 et des photos de Kane en train de faire la fête peuvent facilement être trouvées sur Internet. Mais cette affaire est de loin la plus sérieuse à laquelle Kane a dû faire face.

«Ce qui est le plus difficile dans tout cela est que votre statut de vedette internationale fait de vous une cible probable, a déclaré l'avocat de Kane, Paul Cambria. Et vous devez subir trois mois au cours desquels vous lisez plein de faussetés dans les médias, des choses accusatrices et blessantes. C'est très difficile à gérer.»

Kane n'a pas démontré de signe d'impatience, que ce soit sur la patinoire ou l'extérieur de celle-ci. Il connaît une séquence de huit matchs avec au moins un point et mène les Hawks avec huit buts et 10 aides. Quand il a été questionné au sujet de l'enquête cette saison, il répondait poliment qu'il attendait sa conclusion.

«Après une enquête approfondie, nous sommes d'accord avec le procureur général. Nous ne sommes pas surpris qu'il ne soit pas allé de l'avant dans cette histoire, a ajouté Cambria. Et je suis d'accord que cette affaire laissait planer plusieurs doutes.»

La cause de la plaigannte a commencé à battre de l'aile en septembre. Son avocat à l'époque, Tom Eoannou, a alors annoncé que la mère de la plaignante avait trouvé un sac servant à recueiilir des preuves vide dans l'entrée de sa demeure. L'avocat a abandonné sa cliente peu de temps après, disant qu'il ne croyait plus à l'histoire de la mère. Sedita a dit de cet épisode, qui devait servir à semer le doute sur la façon dont la preuve a été récoltée dans cette affaire, de «bizarre canular».