Olivier Jean est irréprochable dans les virages en patinage de vitesse longue piste. Pour les lignes droites, c'est une autre histoire.

Jean, un médaillé d'or olympique et champion du monde en courte piste, est habitué d'effectuer des virages à gauche et de ne jamais faire trop d'enjambées entre ceux-ci sur le petit ovale glacé.

Il pourra évaluer sa progression en longue piste dès vendredi, alors que s'ouvrira la compétition sur invitations à l'Ovale olympique de Calgary. L'épreuve, qui s'étalera sur trois jours, servira également de Sélections canadiennes pour les Coupes du monde de l'automne.

Jean participera aux épreuves sur 1000 et 1500 mètres, mais c'est le départ de groupe, une nouvelle épreuve olympique, qui est la plus intrigante dans son cas.

«En ce moment, toute ma concentration est portée sur le longue piste, et nous verrons comment ça se déroulera, a dit le Québécois. C'est difficile d'avoir un plan de match bien établi à l'approche d'un week-end comme celui-ci, où bien des choses peuvent se produire.»

En plus d'avoir contribué à la conquête de l'or de l'équipe canadienne en relais masculin lors des Jeux de Vancouver en 2010, Jean est aussi connu pour avoir pardonné à un adversaire qui avait commis un acte de sabotage sur ses lames de patin.

Son grand rival, l'Américain Simon Cho, a admis avoir délibérément endommagé les lames des patins de Jean lors des Championnats du monde par équipes de Varsovie, en mars 2011. Après avoir écouté ses excuses, Jean a dit avoir apprécié l'honnêteté de Cho.

À six pieds deux pouces, on a souvent dit à Jean que son corps était mieux adapté au patinage de vitesse longue piste, puisque la plupart des patineurs de courte piste sont souvent petits et trapus. Les longues jambes de Jean étaient rarement en pleine extension sur le petit ovale de 111 m.

Les patins pour les épreuves de longue piste sont conçus de manière à laisser la lame en contact constant avec la surface glacée. Jean a assuré qu'il n'avait eu aucune difficulté à faire la transition.

Mais l'athlète de 31 ans originaire de Lachenaie peaufine maintenant sa technique afin de générer plus de vitesse sur les lignes droites de 400 m à l'aller et au retour.

«C'est tout un défi, a-t-il reconnu. Ma jambe gauche me fait très mal parce que nous ne sommes pas habitués aux extensions complètes de la jambe gauche dans les lignes droites.

«Nous ne sommes pas habitués d'effectuer de nombreux enchaînements réguliers entre nos enjambées en utilisant notre poids. Les virages sont assez faciles. C'est présentement l'une de mes forces, les virages.»

Jean a déménagé de Montréal, où l'équipe de courte piste est installée, vers Calgary, afin de s'entraîner avec l'équipe de longue piste. Il a déjà effectué deux séjours avec l'équipe de longue piste auparavant, mais cet hiver il compte y mettre le paquet.

Le champion du monde au 500 m en 2012 n'a toutefois pas abandonné totalement le courte piste. Il s'est qualifié en septembre aux Sélections nationales pour les Coupes du monde de l'automne. Développer la version classique du patinage de vitesse est une décision à faible risque en termes de perspectives pour les Jeux olympiques d'hiver de 2018.

«Ça fait neuf ans que je participe aux Coupes du monde de patinage de vitesse courte piste. J'ai été champion du monde, champion olympique, et j'ai tellement acquis d'expérience que je sais que si je saute quelques épreuves en courte piste cette saison pour tenter ma chance en longue piste... ça n'aura aucun impact sur ma carrière en courte piste parce que j'ai l'expérience et les connaissances», a expliqué Jean.

Il a obtenu son diplôme en kinésiologie l'an dernier à l'Université du Québec. Jean l'a fait afin d'obtenir de nouvelles connaissances pour faciliter sa transition vers le longue piste.

«J'adore ça parce que c'est refraîchissant d'avoir de nouveaux buts et de nouveaux objectifs, a-t-il mentionné. En courte piste, j'avais l'impression d'être pris dans une routine et c'est difficile de se réinventer lorsque tu es dans le même environnement pendant aussi longtemps.»