C'est à reculons que le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), qui tenait tête à Hockey Québec, a choisi de rentrer dans le rang. Ses joueurs de 13 et 14 ans ne seront plus soumis à la mise en échec complète à partir de maintenant, a appris La Presse.

Lors d'une assemblée extraordinaire tenue à Montréal le jeudi 3 septembre, le RSEQ a réuni 24 directions scolaires. Dans un vote majoritaire, les institutions ont accepté de restreindre la mise en échec dans sa catégorie cadet, soit l'équivalent du bantam.

«Le fait que le vote n'ait pas été unanime témoigne de notre insatisfaction, je crois, a expliqué hier le directeur général du RSEQ, Gustave Roel. On n'est pas contents présentement, mais on accepte pour la sécurité des joueurs.»

Roel affirme que son réseau a posé plusieurs questions à Hockey Québec, mais qu'il attend toujours les réponses. «On aimerait comprendre pourquoi certains jeunes de 13 et 14 ans peuvent subir des mises en échec parce qu'ils sont dans une ligue, et pourquoi d'autres du même âge ne peuvent pas parce qu'ils sont dans une autre», dit-il.

Un conflit oppose le hockey civil et le hockey scolaire depuis une décision de Hockey Québec, le printemps dernier. Dans le but d'assurer la protection des joueurs, la Fédération a décidé d'interdire la mise en échec complète dans le bantam CC et le midget BB, ainsi que pour tous les hockeyeurs de 13 et 14 ans qui évoluent dans le réseau scolaire.

Les dirigeants du hockey scolaire ont accusé Hockey Québec de vouloir nuire à son développement, puisque ses meilleurs joueurs seraient tentés de faire le saut dans le bantam AA, par exemple, pour pouvoir pratiquer la mise en échec et ainsi avoir de meilleures chances d'atteindre le midget AAA ou AA.

Cet été, la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) a choisi de claquer la porte de Hockey Québec en guise de protestation. Elle a aussi annoncé qu'elle conserverait la mise en échec malgré l'injonction de la Fédération.

De son côté, le RSEQ, l'autre grande ligue scolaire, a laissé entendre qu'il pourrait ignorer la directive de Hockey Québec. La Fédération a répliqué en invitant le gouvernement du Québec à intervenir pour obliger les ligues scolaires à reconnaître son autorité sur le hockey dans la province.

C'est dans ce contexte malsain que les 24 directions scolaires ont finalement choisi de rentrer dans le rang. Ses joueurs de 13 et 14 ans de division 1, qui pratiquaient la mise en échec complète dans le passé, devront maintenant appliquer la «mise en échec avec restriction», un nouveau concept qui interdit de frapper au milieu de la glace, derrière le filet, ou encore tout joueur immobile le long des bandes.

«Ce que j'entends, c'est que les officiels ne comprennent même pas encore comment officier avec la mise en échec avec restriction, dit Roel. Il y a un manque de formation. Et après, on nous parle de sécurité? On a de la misère à comprendre.»

À noter que le RSEQ et Hockey Québec ne s'entendent toujours pas sur le sort de la catégorie juvénile D2 (15 et 16 ans). La Fédération veut la disparition complète de la mise en échec dans cette catégorie, alors que le RSEQ aimerait qu'elle soit permise «avec restriction».

La LHPS garde le cap

La LHPS reste donc la seule ligue scolaire dissidente. Selon son président, Hockey Québec cherche à nuire au développement du hockey scolaire. «On voit la décision de Hockey Québec comme une manière de limiter le développement de l'élite dans le hockey scolaire, explique Martin Lavallée. Ça, jamais on ne va accepter ça.»

Depuis le début, Hockey Québec justifie sa décision comme une manière de protéger les jeunes en limitant les commotions cérébrales. Selon son directeur général, les mises en échec ne doivent être permises que chez les joueurs d'élite, ce qui exclut le hockey scolaire.

«On ne part pas en guerre contre qui que ce soit. Nous, on ne fait qu'établir les principes de sécurité, c'est la responsabilité de toute fédération sportive», a récemment affirmé le directeur de Hockey Québec, Sylvain Lalonde, en entrevue.

Dans une note envoyée par Hockey Québec et obtenue par La Presse, la Fédération demande à ses officiels de refuser d'arbitrer les matchs de la LHPS, sous peine de sanction, «aussi longtemps que le litige» ne sera pas réglé.