Quand Martin Biron jouait à Buffalo, il formait, avec Jean-Pierre Dumont et Daniel Brière, un trio d'inséparables. Parmi leurs loisirs, il y avait les cartes.

«Dumont était mon cochambreur, raconte à La Presse l'ancien gardien. Quand on jouait aux cartes avec Daniel, on essayait toujours que ça se passe dans sa chambre, parce que s'il brisait le téléphone ou s'il lançait la télécommande, c'était lui qui payait pour!

«Daniel comptait les cartes, il se préparait. Il ne perdait pas souvent. C'est un des gars les plus compétitifs que j'ai vus, et pas juste au hockey. Au golf, aux cartes, il était compétitif, je n'ai jamais vu quelqu'un détester autant perdre. C'était dans lui.»

Daniel Brière a écrit dans les pages du Droit, hier, qu'il raccrochait ses patins après 16 saisons complètes dans la Ligue nationale. Il en discutera cet avant-midi à Philadelphie, là où il a fait son plus long séjour dans la LNH: six saisons, de 2007 à 2013.

Et s'il y a un joueur qui s'était réjoui de cette embauche des Flyers, c'était Biron. Le gardien québécois était passé des Sabres aux Flyers en février 2007, quelques mois avant que Brière devienne joueur autonome. Brière et Biron s'étaient connus dans les rangs juniors et dans la Ligue américaine comme adversaires, puis à Buffalo comme coéquipiers et cochambreurs. Biron aimait nettement mieux ce dernier type de relation...

«Il scorait toujours quand on s'affrontait! Il venait me voir pendant l'échauffement: ça fait cinq matchs que je n'ai pas marqué, j'en ai besoin d'un ce soir! J'étais bien content de l'avoir avec moi.

«En 1997, quand je jouais pour Hull, on affrontait Drummondville en séries. C'était mon pire aréna. Daniel comptait toujours 2-3 buts contre moi, et je me faisais toujours sortir du match. Christian Bronsard a pris mon poste de numéro 1, il a super bien joué et il a été nommé meilleur gardien de la Coupe Memorial. Tout ça, c'est la faute à Dan, il m'a fait mal paraître!»

Le modèle de Pageau

Si Brière était un ami pour Biron, il était un modèle pour bien des jeunes, entre autres dans sa région natale de l'Outaouais.

Il était notamment l'idole de Jean-Gabriel Pageau, un autre joueur de la région qui a atteint la LNH malgré une modeste taille de 5'9.

«Beaucoup de jeunes peuvent s'inspirer sur lui, explique l'attaquant des Sénateurs à La Presse. Il n'a pas un gros gabarit, donc moi aussi, je peux m'inspirer de lui.»

Pageau venait de conclure son stage midget quand il a rencontré Brière pour la première fois. Grâce à des amis communs, il a obtenu des billets pour aller voir les Flyers éliminer le Canadien dans le cinquième match de la finale de l'Association de l'Est en 2010.

Pageau allait ensuite côtoyer Brière dans une ligue estivale de hockey, puis comme adversaire dans la LNH.

«On a joué quelques matchs un contre l'autre. Je pense qu'il a scoré dans chaque match! estime Pageau [NDLR : Brière a inscrit trois buts en quatre matchs quand Pageau était en uniforme]. J'ai dû prendre deux mises au jeu contre lui, il a gagné les deux. Il va falloir que je lui demande des trucs!»

Une annonce attendue

Brière n'a pris personne par surprise en annonçant sa retraite hier, lui qui vient de vivre trois saisons difficiles de suite. Les Flyers ont racheté les deux dernières années de son contrat après la saison écourtée en 2013, quand sa production a commencé à décliner.

Son passage de 12 mois à Montréal ne s'est pas déroulé comme prévu, même si sa production de 25 points en 69 matchs n'était pas vilaine pour un joueur qui passait moins de 13 minutes sur la patinoire. Au Colorado, sa production a chuté à 12 points.

Ajoutez à cela son désir, exprimé à La Presse en mai dernier, de consacrer plus de temps à ses trois ados, et les astres étaient alignés pour la retraite.

Malgré tout cela, Martin Biron continuait à douter que c'était terminé pour son vieil ami.

«En 2014, j'avais suivi de près la série Canadien-Bruins. Sans qu'il le dise clairement, tu sentais que sa décision s'en venait, avec le ton de la discussion, les questions posées. Mais il faut se souvenir qu'à tous les niveaux, les gens disaient que sa carrière était finie. Midget, on disait qu'il ne jouerait pas junior. Dans la Ligue américaine, on disait qu'il ne jouerait pas dans la LNH. Il a toujours surpris les gens.

«Donc, j'ai toujours gardé un doute qu'il reviendrait pour une autre saison, pour montrer à tout le monde pourquoi il a connu une si belle carrière. Mais il arrive un moment où tu dois être réaliste et passer à autre chose.»