Le secret le moins bien gardé de la Ligue nationale de hockey a été confirmé, mercredi à Las Vegas, lors d'une importante conférence de presse: oui, les gouverneurs du circuit songent à procéder à une expansion des cadres, possiblement pour la saison 2017-2018. Quelles sont les cinq villes à surveiller dans ce dossier? Analyse en cinq temps.

1- Las Vegas

Il est clair que la LNH souhaite devenir la première ligue professionnelle à s'établir dans la capitale du jeu et des imitateurs d'Elvis. Si les gouverneurs disent oui à l'expansion, c'est Vegas qui va passer en premier. Pourquoi? Pour l'argent qui s'y trouve, ce qui laisse miroiter la possibilité de loges corporatives qui affichent complet chaque soir. Pour un engouement qui existe véritablement, comme en témoignent les quelque 13 000 promesses d'achat au chapitre des abonnements, récoltées par l'homme d'affaires Bill Foley. Enfin et surtout, parce que la LNH voit en Vegas un marché au potentiel énorme. On peut certes émettre des doutes sur la viabilité de Las Vegas à long terme, mais en attendant, la LNH flirte avec cette ville d'une manière qui est très publique. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le commissaire Gary Bettman a choisi de confirmer le processus d'expansion à Vegas même.

2- Québec

Tout est prêt à Québec, et le nouvel édifice va accueillir un premier match de la LNH (préparatoire) le 28 septembre quand le Canadien va y débarquer en compagnie des Penguins de Pittsburgh. Québec demeure bien sûr un très petit marché, le genre de marché que la LNH, de manière générale, préfère éviter. Mais les récents succès récoltés aux guichets à Winnipeg, un marché comparable, permettent de croire que la candidature de Québec sera étudiée avec sérieux par les dirigeants de la LNH. Reste tout de même ce petit détail encombrant: le groupe Québecor peut-il payer le prix d'entrée de quelque 500 millions de dollars, le montant exigé pour un club de l'expansion? Chez Québecor, on assure avoir «fait nos calculs», pour reprendre les mots de Pierre Dion, président et chef de la direction de l'entreprise. Si le prix d'entrée n'est pas un obstacle, Québec devient l'option la plus intéressante pour la LNH... après Las Vegas.

3- Seattle

La LNH souhaite ardemment s'établir dans cette charmante ville de l'Ouest, mais on ne sait trop s'il s'agit d'un amour réciproque pour Seattle, qui cherche avant tout à retrouver son club de basketball. Mercredi, Gary Bettman a glissé une petite phrase un peu assassine à l'endroit de cette ville: «Il n'y a personne encore à Seattle qui ait réussi à penser à un plan pour un aréna», a lancé le commissaire. Cela témoigne bien de l'impatience des patrons de la LNH dans ce dossier. Les décideurs du circuit aimeraient tous ajouter deux clubs de l'Ouest afin d'offrir un équilibre parfait au classement (16 clubs dans l'Ouest, 16 clubs dans l'Est), mais à Seattle, la lenteur des discussions dans le dossier d'un nouvel aréna vient un peu gâcher les plans. On peut aussi se demander si cette ville n'a pas déjà atteint un point de saturation sur le plan sportif. Seattle compte déjà sur une équipe de football américain et aussi sur une équipe du baseball majeur. Une ville de quelque 662 000 habitants serait-elle vraiment capable d'appuyer en plus un club de hockey?

4- Toronto (Markham)

On croyait ce projet mort et enterré, mais non. L'homme d'affaires Graeme Roustan revient à la charge et déclare qu'il va se lancer dans la course à l'expansion lui aussi, avec la ferme intention d'obtenir une deuxième équipe dans la grande région torontoise. Au moins deux obstacles se profilent à l'horizon, cependant: à Markham, le conseil de ville a déjà rejeté une proposition de construction d'aréna, et les Maple Leafs, bien établis à Toronto depuis très longtemps, pourraient mettre des bâtons dans les roues aux éventuels rivaux qui tenteraient de s'établir sur leur territoire. Et puis, si jamais la ligue disait oui à un deuxième club dans ce coin du pays, où jouerait l'équipe en attendant d'avoir son propre domicile? On ne peut douter du sérieux de Graeme Roustan, mais pour Toronto/Markham, le chemin apparaît long et sinueux.

5- Kansas City

De façon réaliste, après Las Vegas, Québec, Seattle et Toronto/Markham, la LNH n'a plus vraiment d'option sérieuse. Ses dirigeants peuvent bien lancer des noms comme Milwaukee ou Portland, mais cela s'apparente avant tout à un genre de stratégie qui vise à faire monter les enchères. De toutes les villes mentionnées parmi ce groupe des «négligés», si l'on peut dire, il faudra peut-être avoir Houston à l'oeil. On dit qu'un groupe de Houston existe bel et bien, qu'il est mené par des gens d'affaires du Canada et des États-Unis, des gens qui pourraient choisir de se manifester prochainement. On dit aussi que ce mystérieux groupe a les proches bien profondes. Mais une question demeure: le Texas peut-il soutenir deux clubs de hockey? C'est loin d'être certain. À Dallas, les Stars ont attiré en moyenne 17 350 spectateurs à leurs matchs locaux la saison dernière, au 19e rang du classement des assistances dans la LNH. En 2013-2014, les Stars avaient conclu la saison au 28e rang, avec une moyenne de seulement 14 658 fans par match. À ne pas négliger non plus dans cette course des négligés: Kansas City et son Sprint Center, un aréna ultra moderne qui a récemment présenté des matchs préparatoires de la LNH.