Même Polichinelle trouverait que le secret est mal gardé. Ça n'empêche pas Connor McDavid de dire poliment qu'il ignore s'il deviendra ce soir le tout premier choix au repêchage.

«C'est quelque chose que j'ai toujours voulu accomplir et le scénario est devenu plus réaliste au cours des dernières années, a convenu le jeune phénomène. C'est une perspective excitante, mais je ne sais pas encore si je vais être repêché le premier ou non. Beaucoup de choses peuvent arriver.»

En effet, une apocalypse de zombies demeure toujours possible.

Les Oilers d'Edmonton, qui détiennent ce premier choix universel, savent trop bien qu'ils ont la chance, avec le centre des Otters d'Erie, de retrouver un peu de cet esprit qui habitait leur organisation du temps de Wayne Gretzky. Il ne devrait donc pas y avoir de suspense avant que les Coyotes de l'Arizona ne décident de ce qu'ils feront de leur troisième choix.

Mais que McDavid parle ainsi témoigne bien de l'humilité et de la maturité qu'on lui prête. Le jeune attaquant a compris dès l'âge de 15 ans qu'avec son talent, mais aussi la ribambelle de comparaisons flatteuses qu'il a suscitée, étaient assorties certaines responsabilités.

Jeudi, comme c'est devenu l'habitude la semaine du repêchage, les principaux espoirs ont pris part à un atelier de hockey avec les enfants de la région. Des Floridiens de 8 à 15 ans ont eu la chance de patiner pendant 90 minutes en compagnie de McDavid, Jack Eichel et quatre autres espoirs bien en vue.

S'en est suivie une longue séance d'autographes. Une autre.

Le directeur général des Otters, Sherry Bassin, a déjà relaté l'anecdote: après un match à Guelph, il avait invité McDavid à sortir côté cour alors qu'une foule de jeunes l'attendaient dehors à -28 °C. McDavid avait préféré aller à la rencontre des fans et avait signé des autographes pendant 45 minutes.

«C'est important pour moi, nous a-t-il dit jeudi. Tout le monde a déjà été petit et, que ce soit au hockey ou dans un autre domaine, on a tous grandi avec des modèles et avec le rêve de devenir quelqu'un.

«Quand quelqu'un t'admire, tu as la responsabilité d'aller à lui et de l'aider.»

McDavid se souvient du temps où il était lui-même un enfant et qu'il avait fait la connaissance d'une légende du hockey.

«J'avais 12 ans quand j'ai rencontré Bobby Orr, a-t-il raconté avec le sourire. J'étais complètement ébahi. Je me souviens de lui avoir serré la main, et tout de suite, il m'a fait une prise de tête. Et il a serré très fort!»

Six ans plus tard, le garçon a vieilli, le prodige s'est confirmé, et il sera choisi au tout premier rang ce soir.

Bobby Orr sera assis tout près. Son agence, l'une des cinq plus grosses de l'industrie, représente désormais les intérêts de McDavid.

Un Américain d'exception

Si McDavid exprime une foule de promesses pour les Oilers d'Edmonton et pour l'avenir du hockey, Jack Eichel est lui aussi un symbole à sa manière.

Réglons d'abord la qualité du joueur de hockey: l'écart entre McDavid et Eichel n'est pas aussi grand que celui qui séparait Bobby Ryan de Sidney Crosby en 2005. Ça ressemble davantage à Evgeni Malkin en 2004. Il n'avait jamais eu tout à fait la cote d'Alex Ovechkin, mais il est néanmoins devenu joueur-vedette.

Bref, il fallait rien de moins qu'un Connor McDavid pour empêcher Eichel d'être le premier choix universel.

Le centre originaire de Boston est davantage perçu comme un joueur de concession que ne pouvait l'être Patrick Kane - le meilleur Américain à l'heure actuelle dans la LNH - au repêchage ee 2007. Certains parlent même de lui comme du premier «talent de sa génération» originaire des États-Unis.

«Il ne faut pas voir les choses sous cet angle-là parce que ça peut devenir trop gros, répond Eichel à ce sujet. Je ne me considère pas comme le prochain ceci ou comme le prochain cela, ni comme un talent de ma génération. Je veux juste travailler fort et accéder à la LNH dès l'an prochain et y avoir un impact.

«J'essaie de représenter mon pays le mieux possible, a-t-il ajouté. USA Hockey a tellement fait pour moi. Ils m'ont soutenu tout au long de ma carrière. Mais il faut regarder les meilleurs Américains qui évoluent dans la LNH - que ce soit Kane, Phil Kessel, James Van Riemsdyk, Ryan Suter, Zach Parise ou Ryan McDonagh - pour voir que l'avenir du hockey américain est brillant.»

Quant au repêchage de ce soir, Eichel refuse de se cantonner dans un seul scénario.

«Je ne serais pas trop surpris si les choses ne se déroulaient pas comme tout le monde le prévoit. Mon père le dit depuis le début. Pour l'instant, il semble bien que je sois destiné à Buffalo, mais rien ne sera coulé dans le béton jusqu'à ce que je monte sur le podium. Que ce soit les Sabres ou une autre équipe, je serai super excité.»