Une équipe qui s'est sortie de l'enfer en milieu de saison, qui s'est propulsée en séries avec deux mois de hockey délirant et qui a composé, à la veille des éliminatoires, avec la mort de l'entraîneur adjoint Mark Reeds... Les Sénateurs d'Ottawa avaient le coeur rempli en arrivant en séries, et ils ont joué comme tel.

Mais leur improbable histoire a finalement pris fin, hier.

«C'est un sentiment de vide qu'on ressent en ce moment, a indiqué le capitaine Erik Karlsson. On a joué si intensément au cours des derniers mois qu'on ne s'attendait pas à ce que ça se termine aussi vite.»

Au-delà du résultat, l'entraîneur-chef Dave Cameron, qui a ressuscité cette formation après avoir remplacé Paul MacLean derrière le banc, a dit qu'il n'aurait pu en demander davantage d'une équipe qui a vidé le réservoir pour se rendre jusque-là.

«Cette équipe-là a été un cadeau à coacher, a dit Cameron. Quand j'ai pris les rênes de l'équipe, j'avais une philosophie en tête, mais il fallait que les joueurs la partagent pour qu'on se donne une chance de devenir l'équipe qu'elle pouvait être.

«Je suis extrêmement fier de ce groupe. Ce n'est pas seulement le résultat, mais aussi l'engagement, le niveau de compétition, le professionnalisme... On a fait des pas en avant. On est déçus de la façon dont ça se termine, mais une fois qu'on aura outrepassé cette déception, on aura raison d'être fiers de ce qu'on a accompli.»

Le bénéfice du doute à l'arbitre

Au final, la saison des Sénateurs a pris fin sur des rebonds qui ne leur ont pas été favorables. Il y a entre autres eu une petite controverse entourant le but refusé à Jean-Gabriel Pageau.

Le centre québécois - qui a connu une série exceptionnelle - a saisi un retour de lancer de Mark Borowiecki pour déjouer Carey Price. Or, l'arbitre Chris Lee avait déjà sifflé l'arrêt de jeu, croyant à tort que Price avait immobilisé le disque.

«On travaillait fort pour aller chercher ce but-là. De l'avoir eu et qu'il nous soit refusé, c'est certain que c'est plate, a dit Pageau en soupirant. Il faut donner le bénéfice du doute à l'arbitre, qui était placé du mauvais côté de la rondelle. Ça arrive. On ne peut rien y faire.»

Selon l'attaquant recrue Mark Stone, Chris Lee a admis aux Sénateurs qu'il avait commis une faute.

«Il a fait une erreur et il l'a admis, a raconté le franc-tireur de 22 ans. Les officiels, les entraîneurs, les joueurs: tout le monde peut en faire. C'est sûr que c'est décevant parce que ça aurait pu changer le cours de la rencontre. D'un autre côté, on avait amplement le temps d'aller chercher un but.»

En effet, une après une première période assez équilibrée, les Sénateurs ont mitraillé Carey Price et eu le dessus 30-7 au chapitre des lancers.

Ils ont obtenu des chances jusqu'à la toute dernière seconde. D'ailleurs, il fallait voir la mine déconfite de Mika Zibanejad après la rencontre. Il avait le but égalisateur et une cage béante devant lui avec moins d'une minute à faire au match, mais il a été incapable d'en profiter. Cette chance-là va le hanter...

Mais puisqu'il est question de chance, les Sénateurs ont reconnu que Brendan Gallagher avait fait la sienne sur le seul but du match.

«Il a fait un beau jeu, a concédé le gardien Craig Anderson. La rondelle l'a atteint et il l'a frappée en plein vol. On doit saluer un jeu de la sorte.

«Pour notre part, on a donné tout ce qu'on avait offensivement et Carey Price s'est imposé. C'est un excellent gardien qui avait fait ce genre de chose auparavant. On aurait toutefois préféré que ça ne se passe pas contre nous.»

Les Sénateurs ont disputé cette série en dépit de certains bobos. Outre Mark Stone, blessé à un poignet dès le premier match par un coup de bâton de P.K. Subban, l'ailier Clarke MacArthur et le défenseur Marc Méthot ont tous deux joué malgré des blessures à la hanche.