Dave Cameron était particulièrement en verve, hier, pour un homme dont l'équipe tire de l'arrière 0-3 dans une série. «Je m'attends à ce que le moral des joueurs soit comme la météo aujourd'hui», a-t-il lancé, en faisant référence à la grisaille qui couvrait la capitale canadienne. Quelques minutes plus tard, il surprendra son auditoire avec un proverbe chinois: «Un parcours de 1000 milles commence avec un premier pas.» Au-delà des belles paroles, certains constats ont été faits.

Deux trios en panne

En trois matchs depuis le début de la série, les troisième et quatrième trios du Canadien de même que les unités de désavantage numérique ont marqué cinq buts. Ces mêmes éléments des Sénateurs n'ont toujours pas marqué. «J'apprécie tous les buts, peu importe qui les marque!», a répondu Cameron. L'entraîneur-chef a ensuite semblé envier les succès des joueurs de soutien du Tricolore. «Ces joueurs ne marquent pas beaucoup de buts, mais ce sont de gros buts, comme des buts gagnants. Il y a une tendance dans la ligue. Et ils marquent souvent ces buts parce qu'ils vont là où ça fait mal.»

Des avances éphémères

Trois matchs, trois scénarios identiques. Les Sénateurs marquent le premier but en première période, rentrent au vestiaire avec l'avance, avant de voir le Canadien faire 1-1. «Nous jouons du bon hockey, mais nous ne parvenons pas à conserver nos avances. Nous ne marquons jamais le deuxième but pour augmenter notre avance», a constaté l'attaquant Mark Stone. «Les pénalités expliquent la situation en partie. Ça leur a donné du temps dans notre zone, du rythme», a ajouté Cameron, interrogé sur l'avantage du Canadien dans les tirs au but à compter de la deuxième période. Montréal a écopé de 6 pénalités après la première période dans cette série, contre 13 pour Ottawa. Ça devient ensuite le problème de l'oeuf ou la poule: le Canadien joue-t-il mieux parce que les Sénateurs sont punis, ou les Sénateurs sont-ils punis parce que le Canadien joue mieux?

Manque d'essence?

Il y a aussi lieu de se demander si les Sénateurs ne manquent pas tout simplement d'essence. C'est que ces derniers se battent pour leur survie depuis février, en disputant un match sans lendemain après l'autre. De son côté, le Canadien a disputé 21 de ses 34 derniers matchs contre des équipes qui n'ont pas participé aux séries, dans des rencontres dont l'enjeu était souvent moindre que dans celles des Sénateurs. Faut-il y voir un début d'explication? «Les deux derniers matchs auraient pu finir différemment, et la conversation serait différente en ce moment, a rappelé le gardien Craig Anderson. On n'a pas obtenu le résultat désiré, donc on doit vivre avec la situation actuelle. La fatigue n'est pas un facteur, on ne veut pas d'excuses.»

La main bionique

Au-delà de ces constats, à quels espoirs les Sénateurs peuvent-ils s'accrocher? Il y a d'abord la main droite de Mark Stone, qui pourrait bénéficier du congé supplémentaire avant le quatrième match. Depuis qu'il a reçu un coup de hache de P.K. Subban en début de série, Stone ne joue pas à 100% de ses capacités. Il a fallu attendre la prolongation, dimanche, pour qu'il obtienne un premier tir depuis l'incident. Sa frappe a nécessité un arrêt spectaculaire de Carey Price. «C'était son premier tir, et c'était bon de voir qu'il n'a pas eu de réaction de douleur après coup. C'était bon signe», a dit Cameron. «Ç'a fait du bien d'avoir la chance de faire un bon tir», a ajouté Stone.

La fin de saison

Le désespoir fait-il ressortir le meilleur des Sénateurs?, s'est fait demander Anderson. «Je l'espère. Ç'a été le cas depuis quelques mois. On devait gagner pour continuer à se donner une chance, et c'est encore le cas maintenant.» Avec leur fiche de 21-3-3 dans les 27 derniers matchs de la saison, les Sénateurs savent très bien gagner quand la marge de manoeuvre est inexistante. D'ailleurs, le site sportsclubstats.com calculait, en février, que les Sénateurs avaient moins de 5% de chances de se qualifier pour les séries...

2014, 2011, 2010...

Dans l'histoire de la LNH, seulement quatre équipes ont remporté une série après avoir été en retard 3-0, mais deux l'ont fait dans les cinq dernières années: les Kings l'an dernier et les Flyers en 2010. C'est sans oublier les Blackhawks en 2011, qui ont comblé un retard de 0-3 contre les Canucks en 2011, mais ont perdu le septième match. «Les Red Sox perdaient 0-3, a rappelé Anderson, en référence aux séries de 2004 du baseball majeur. Tout est possible. On doit y aller un match à la fois et gagner un match pour avoir le droit de vivre une autre journée.»