Le Canadien n'a pas encore levé le voile sur la nature de la blessure de Max Pacioretty, mais selon le neuropsychologue Dave Ellemberg, on est en droit de s'attendre à ce que l'équipe annonce que l'ailier-vedette souffre d'une commotion cérébrale.

«J'ai de fortes raisons de croire qu'il s'agit d'une commotion cérébrale, soutient ce professeur agrégé au département de kinésiologie de l'Université de Montréal.

«Évidemment, je n'ai pas les outils pour le confirmer. Mais la chose la plus importante dans un cas comme celui-là, c'est d'analyser l'impact.»

Après avoir été victime d'une obstruction du défenseur Dmitri Kulikov, dimanche face aux Panthers de la Floride, Pacioretty a perdu pied avant d'aller choir lourdement contre la bande. On voit le derrière de sa tête, après un mouvement coup de fouet (whiplash), heurter la bande.

«Pacioretty arrive à haute vélocité et il semble y avoir deux impacts contre la bande, analyse le spécialiste. Celui lorsque son fessier rebondit contre la glace et qu'une force est transmise de façon indirecte vers sa tête, puis une deuxième fois lorsque sa tête frappe la bande, subit un effet de coup de fouet cérébral.»

Le fait que le point de contact soit le derrière de sa tête peut-il entraîner des conséquences plus graves que si le point de contact avait été le devant ou le côté de la tête?

«Plusieurs chercheurs se sont posé cette question-là et ont installé des capteurs sur les casques qui peuvent identifier l'emplacement d'un impact ainsi que son intensité, répond le Dr Ellemberg. Or, il n'y a aucune corrélation qui a pu être établie entre le lieu de l'impact et l'évolution de la commotion.»

Quatre ans plus tard

La dernière commotion cérébrale connue de Pacioretty remonte au mois de mars 2011 lors du fameux événement impliquant Zdeno Chara.

Autant le Dr Ellemberg que son collègue Patrick Cossette, chercheur et neurologue au CHUM, ne croient pas que les quatre années passées sans commotion mettent davantage les chances de son côté.

«Que cela fasse un an ou quatre ans, à ma connaissance, ça n'a pas d'influence», indique le Dr Cossette, qui ne s'avance pas autant que le Dr Ellemberg quant à l'état actuel de Pacioretty.

«L'important, c'est d'éviter à tout prix un impact dans les jours qui suivent, ce qu'on désigne comme le second hit. Mais le fait d'avoir eu une commotion dans le passé, que cela fasse un an ou quatre ans, le rend plus vulnérable.»

Depuis 2011, le cerveau de Pacioretty a certes pu retrouver un niveau métabolique normal, mais les scientifiques s'entendent pour dire qu'une personne ayant déjà subi une commotion cérébrale est fragilisée à tout jamais.

«Nous pensons que chaque commotion cérébrale laisse des séquelles et qu'une nouvelle commotion s'ajoute à des blessures antérieures», indique le Dr Ellemberg, qui oeuvre également au Laboratoire de la neuropsychologie du sport et du développement de l'Université de Montréal.

Prudence

À l'instar du Dr Cossette, le Dr Ellemberg convient qu'il faudrait examiner Pacioretty et avoir établi ses symptômes pour être à même de diagnostiquer une commotion cérébrale. Surtout que certains symptômes peuvent se déclarer plusieurs heures plus tard. Mais il n'a pas manqué de reconnaître le regard hagard et vide qu'avait Pacioretty au moment de se relever...

Le Canadien s'est montré prudent et attendra que Pacioretty ait été vu par ses médecins avant de donner une mise à jour.

«Si les médecins ne sont pas certains du diagnostic, c'est normal qu'ils ne dévoilent rien aux médias», estime le Dr Cossette.

Toutefois, dans les cercles de la LNH, certains voient d'un oeil plus cynique cette prudence largement répandue. Sans ici suggérer que c'est le cas du Canadien, des formations se sont déjà limitées à dire qu'il s'agissait de blessures au haut du corps afin de contourner le protocole de remise en forme. Tant qu'une commotion n'est pas annoncée comme telle, le joueur n'est pas forcé de se soumettre au protocole. Ainsi, si les symptômes disparaissent rapidement, tout le monde pourra éviter un protocole dont les différentes étapes peuvent aisément prendre plus d'une semaine à franchir.

«S'il s'agit d'une commotion simple, donc que le processus de récupération est rapide, quelques jours pourraient être suffisants pour qu'il s'en remette, assure toutefois le Dr Cossette.

«Comme fan, je souhaite le revoir le plus vite possible, mais comme neurologue, je souhaite qu'ils prennent leur temps pour le soigner comme il faut.»

L'attaquant-vedette du Canadien a accompagné le Tricolore au retour de Floride, hier. Selon les deux spécialistes, le fait de prendre l'avion ne constituait pas un risque.