Par un heureux hasard, le gardien Craig Anderson a fait des heures supplémentaires lors de l'entraînement des Sénateurs, hier matin.

La place qu'il occupe dans le vestiaire des visiteurs au Centre Bell était obstruée par les dizaines de journalistes venus interviewer la nouvelle sensation de l'équipe, Andrew Hammond.

Un confrère piétinait même le tee-shirt qu'Anderson avait probablement laissé tomber par terre devant son casier avant l'exercice...

La présence prolongée d'Anderson sur la glace du Centre Bell signifiait aussi qu'il devait laisser sa place à Hammond en soirée pour affronter le Canadien.

Hammond a profité des blessures simultanées à Anderson et Robin Lehner pour faire sensation à sa première chance dans la LNH.

Il montre une extraordinaire fiche de 7-0-1, une moyenne de 1,43 et un taux d'arrêts de 95,4% depuis son arrivée à Ottawa.

Des statistiques renversantes pour un gardien de 27 ans boudé au repêchage et très ordinaire à ses deux premières saisons dans la Ligue américaine, après une carrière... ordinaire à Bowling Green State dans la NCAA.

En 25 matchs, cette saison à Binghamton, il en avait remporté seulement sept et affichait une ronflante moyenne de buts alloués de 3,51.

Hammond dit ne pas détenir de recette miracle, contrairement à son confrère Devan Dubnyk, du Wild, un nouvel apôtre du système «de la tête chercheuse».

«Non, rien de tout ça, répond-il calmement. J'ai simplement changé mon approche psychologique. J'ai pu peser sur le bouton «rafraîchir» et oublier le passé.»

Sa belle aventure a commencé justement contre le Canadien à Ottawa le 18 février. Il a obtenu une victoire de 4-2 à son premier départ en carrière tout en repoussant 42 tirs.

«Battre l'un des meilleurs clubs de ton association est toujours bon pour la confiance et te donne le sentiment que tu appartiens à cette ligue.»

En contrôle de ses émotions

Le ton de Hammond sera monocorde pendant l'entrevue d'une quinzaine de minutes. Ses réponses sont généreuses, mais il ne laisse transparaître aucune émotion. Un collègue d'Ottawa lui fera d'ailleurs remarquer qu'il vient de le voir sourire pour la première fois...

«Je suis comme ça, répond-il. Et comme j'entre dans cette ligue sur le tard, j'ai tiré certaines leçons. Vous viendrez aussi me voir quand les choses iront moins bien. Il faut donc gérer ses émotions. Tu n'es jamais aussi bon que le dit ton meilleur match, et jamais aussi mauvais que le dit ton pire match.»

Il évite ainsi de s'emballer même s'il est devenu la coqueluche des Sénateurs.

«Je commence à m'habituer à l'attention médiatique. Nous jouons dans un marché canadien et j'ai grandi dans un marché canadien dans la région de Vancouver. Je ne calcule pas combien vous êtes. Je réponds aux questions, c'est tout. Je joue depuis que j'ai 6 ans, il y a bien plus de médias et de fans, mais les règles sur la glace n'ont pas changé. Je me contente de travailler fort et je laisse les autres commenter.»

L'entraîneur Dave Cameron en parle comme d'une agréable surprise. Jean-Gabriel Pageau, qui a joué avec lui dans la Ligue américaine cette saison et la précédente, est carrément étonné.

«Tout le monde est surpris. Personne ne s'y attendait. Mais il travaille tellement fort. J'imagine que tous ses efforts rapportent. C'est peut-être aussi entre les deux oreilles. Il n'a rien à perdre. On le rappelle, il obtient enfin sa chance, qu'il accorde cinq buts ou un seul ne change rien. Tout le monde est juste content pour lui.»

Hammond ne fait pas de cas de ses pauvres statistiques dans les rangs mineurs.

«Je ne m'y fie jamais, peut-être parce que je n'ai jamais joué pour des équipes championnes. Mais par ailleurs, mon évaluation personnelle diffère. Après mon blanchissage à Anaheim, par exemple, j'ai confié à l'entraîneur des gardiens que je n'étais pas très satisfait de mon match même si je n'avais pas accordé de buts. Il était d'accord. Le match suivant, j'ai voulu disputer un gros match pour rebondir...»

Andrew Hammond. La future grande vedette des Sénateurs ou la plus récente étoile filante devant un but de la LNH?

Panne de confiance pour Alex Chiasson

De son propre aveu, l'ailier des Sénateurs, Alex Chiasson, connaît une année difficile. Le jeune homme de 24 ans constituait la pièce maîtresse de l'échange de Jason Spezza à Dallas. Il a seulement 22 points, dont 10 buts, en 59 matchs cette saison et il a été rétrogradé au sein du quatrième trio. «Erik Cole me disait à Dallas à mes débuts que la clef demeurait la confiance et le timing. Quand j'ai commencé avec les Stars, la confiance était là [il a marqué six buts à ses sept premiers matchs] et j'étais au bon endroit au bon moment. La contribution offensive est moins présente cette saison et le temps de jeu diminue. Mais je suis encore jeune et il y a des hauts et des bas dans une carrière. J'essaie de rester positif et de me concentrer sur chaque séquence. J'ai encore beaucoup de choses à prouver.»