Aleksander Barkov n'est pas le joueur le plus bavard en entrevue. À seulement 19 ans et maîtrisant très peu l'anglais, l'attaquant des Panthers de la Floride s'en tient à des réponses courtes et simples.

Or, chez ces mêmes Panthers, il y a un dénommé Aaron Ekblad qui fait de bien bonnes choses cette saison, tellement qu'il est le principal rival de Filip Forsberg pour la course au trophée Calder.

Comme Barkov l'an passé, Ekblad connaît du succès même s'il n'a que 18 ans. Il était donc pertinent de demander à Barkov d'expliquer en quoi consiste le défi de jouer dans la LNH à ce jeune âge.

«Tu ne dois pas penser à ton âge, a répondu le Finlandais, rencontré hier matin avant le match contre le Canadien. Si tu penses à ton âge, tu ne seras pas bon. Aaron joue très bien. Il a 18 ans, mais on dirait qu'il a 40 ans.»

On aura compris qu'Ekblad dégage une certaine maturité dans son jeu!

Une rareté

Selon les données du site Quanthockey.com, Ekblad serait seulement le quatrième défenseur de 18 ans à avoir joué la moitié des matchs de son équipe depuis 20 ans (voir le tableau plus bas).

Voilà qui est suffisant pour le placer dans une classe à part, même si aucun de ces joueurs n'est devenu un défenseur dominant dans la LNH. Mais il y a aussi la façon.

Ekblad joue en effet plus de 22 minutes par match. Dans son équipe, seul son partenaire, Brian Campbell, est employé plus souvent que lui. Il joue à forces égales et en avantage numérique, et a même droit à une trentaine de secondes par match en désavantage numérique.

«Il joue beaucoup plus de minutes que ce à quoi on s'attendait, a reconnu son entraîneur-chef, Gerard Gallant. Mais tout ce qu'il obtient, il l'a mérité.»

«Dans le junior, je jouais à peine un peu plus qu'ici, s'étonne Ekblad. Mais ce sont évidemment des minutes plus difficiles. Je suis chanceux, je joue dans toutes les situations.»

S'il y parvient, c'est notamment grâce à ses 6'4 et 216 lb, une charpente qui lui a permis de toujours brûler les étapes. En 2011, il est devenu le deuxième joueur de l'histoire de la Ligue de l'Ontario, après John Tavares, à recevoir le statut de joueur exceptionnel, ce qui lui a permis de jouer dans le circuit junior à 15 ans.

«Il a toujours eu cette présence physique, même s'il ne joue pas ce style, rappelle Gallant. C'est un homme dans le corps d'un jeune. Il est mature, il a beaucoup de confiance. Plusieurs jeunes de cet âge sont juste contents d'être dans la LNH. Mais lui, il agit comme un joueur de 25 ans.»

Décision difficile

Avec 32 points en 57 matchs, Ekblad vient au 5e rang parmi les recrues de la LNH, mais au 1er rang chez les défenseurs. Forsberg occupe le sommet du classement avec 51 points, 8 de plus que Johnny Gaudreau, des Flames de Calgary. Derrière Ekblad, il y a John Klingberg, surprenant défenseur des Stars de Dallas, qui totalise 30 points en seulement 43 matchs.

Les journalistes appelés à voter pour la recrue de l'année auront donc la délicate tâche de comparer attaquants et défenseurs, qui occupent des rôles bien différents, et dans des contextes différents. Par exemple, Klingberg est une recrue de 22 ans, et donc l'aîné d'Ekblad de 4 ans.

Or, dans l'histoire de la LNH, seulement deux défenseurs de 18 ans ont obtenu plus de points qu'Ekblad à leur première saison: Phil Housley (66) et Bobby Orr (41).

S'il reçoit bel et bien le trophée Calder en juin prochain, Ekblad pensera d'abord et avant tout à ses coéquipiers, qu'il n'hésite pas à vanter.

«J'en dois beaucoup à mes coéquipiers, ils m'aident à bien jouer. J'ai un excellent partenaire en Brian Campbell, il me tire souvent d'embarras. Et sans Roberto Luongo, je n'afficherais pas un tel différentiel!»