Le 15 janvier 2014, les Oilers d'Edmonton ont décidé qu'ils en avaient soupé du gardien Devan Dubnyk et l'ont échangé aux Predators de Nashville. Le gardien numéro un n'avait pas joué comme un titulaire en première moitié de saison, mais il fallait trouver un coupable, et c'est lui qui en payait le prix.

Pour le gardien de 6 pieds 6, cela marquerait le début d'une année rocambolesque, ponctuée d'un arrêt avec les Bulldogs de Hamilton et quelques séances d'entraînement avec le Canadien à Brossard.

Un an plus tard très exactement, soit le 14 janvier 2015, Dubnyk est passé des Coyotes de l'Arizona au Wild du Minnesota, en retour d'un choix de troisième tour. Le Wild est devenu sa cinquième organisation en un an.

Or, depuis cette transaction, Dubnyk joue comme un gars qui a l'intention de déposer ses valises pour de bon.

L'ancien des Oilers et de l'organisation du Canadien s'est retrouvé parmi les trois étoiles de la LNH au cours des deux dernières semaines. Ses performances au Minnesota - fiche de 8-1-1, moyenne de 1,53 et taux d'efficacité de 94,1% - laissent croire que tout ce qui manquait au Wild pour redevenir une équipe respectable, c'était quelqu'un pour arrêter les rondelles.

«C'est un bon gardien, soutient le défenseur Tom Gilbert, qui l'a bien connu à Edmonton. Il a été mis dans une bonne situation et il en récolte les fruits. Le Wild pratique un bon style défensif.

«Il s'est beaucoup promené dans la dernière année, et j'espère pour lui qu'il a enfin trouvé un point de chute et qu'il y sera à l'aise. On joue toujours mieux quand on est à l'aise.»

Un bon gars

Lorsque le Tricolore a fait son acquisition en retour de considérations futures, en mars dernier, Dubnyk ne savait guère à quoi s'attendre... sinon qu'il s'en allait dans la Ligue américaine.

À l'époque, Dubnyk avait admis à La Presse qu'il avait perdu sa confiance et le plaisir de jouer. Mais il s'était efforcé de ne pas déteindre sur ses nouveaux coéquipiers.

«La première chose que j'ai remarquée, c'est à quel point c'était un bon gars, s'est souvenu Dustin Tokarski. La situation était compliquée à Hamilton [les Bulldogs avaient trois gardiens à leur disposition], mais c'était agréable de travailler avec lui. On s'entendait très bien. Il travaillait très fort et gardait le moral des troupes à un bon niveau.»

L'attaquant Christian Thomas, lui, est devenu rapidement ami avec le gardien de 28 ans.

«N'importe quel vétéran de la LNH, surtout ceux à qui on a donné un gros contrat, va avoir le réflexe de se demander ce qu'il fait à retourner dans la Ligue américaine, a indiqué Thomas. Mais il y a toujours une raison pour laquelle ça se produit. L'important, c'est que cette expérience lui rapporte aujourd'hui, car il joue de façon incroyable.»

Son court séjour dans l'organisation du Canadien a pris fin durant les séries éliminatoires. Dubnyk s'entraînait avec les réservistes à Brossard, mais n'en pouvait plus d'être loin de sa femme et de leur nouveau-né. Il est donc retourné chez lui, une décision qui n'avait pas semblé plaire à Michel Therrien.

Lorsque Carey Price s'est blessé dans le premier match de la finale d'association, c'est Mike Condon qui a été rappelé pour agir à titre de gardien d'urgence, et non Dubnyk.

«Quand un gars décide de quitter... On a pris soin de ne pas rappeler», avait résumé Therrien.

Mais dans l'esprit de Tokarski, il n'y avait rien de mal à ce que Dubnyk retourne en Saskatchewan.

«Il avait un nouveau-né et la chose la plus importante, c'est la famille, a noté Tokarski. Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit d'étrange à sa décision. Il était le gardien numéro quatre, il avait un jeune qui grandissait... Je ne le blâme pas du tout.»

Rien n'a changé à Edmonton

À Edmonton, Dubnyk avait mis en place une très bonne relation avec l'entraîneur des gardiens Frédéric Chabot, qui a été remercié par les Oilers en novembre dernier. Or, dans les derniers mois, il a eu la chance de croiser sur son chemin Sean Burke, qui fait le même boulot avec les Coyotes de l'Arizona. Ceux-ci ont misé sur Dubnyk pour agir comme adjoint à Mike Smith cette saison, et Burke l'a aidé à remettre sa carrière sur les rails.

C'est ce qu'a constaté le Wild quand, en désespoir de cause, il on obtenu ses services le mois dernier.

Dubnyk connaît des moments extraordinaires: il a récolté quatre blanchissages à ses neuf premiers départs avec sa nouvelle équipe, ce qui constitue un record depuis l'expansion de 1967.

«Après tout ce que j'ai vécu l'an dernier, en voyant à quel point ce qu'on a peut nous être enlevé rapidement, j'essaie juste de m'accrocher à chaque tranche de 60 minutes qu'on me donne et de ne pas trop penser au portrait d'ensemble», a-t-il confié la semaine dernière au Minnesota Star-Tribune.

Le Canadien ne s'en porte pas plus mal, car Tokarski fait le boulot comme adjoint à Carey Price, et Condon se développe très bien à Hamilton.

Mais le départ de Devan Dubnyk n'a rien changé à la mauvaise fortune des Oilers. Les gardiens Ben Scrivens et Viktor Fasth doivent être les derniers remparts quand la défense s'effondre, mais eux non plus n'ont pas été à la hauteur.