Il y avait deux mots tabous lors du point de presse de l'entraîneur-chef des Flyers de Philadelphe, hier midi, au Centre Bell: Steve Mason. Dès la première mention de ce nom, Craig Berube a dégainé.

«Aucune mise à jour médicale», a-t-il lancé sans laisser au représentant de La Presse le temps de finir sa question. Un concurrent zélé à Génies en herbe n'aurait pas fait mieux.

La question allait pourtant porter sur l'importance de Mason chez les Flyers depuis le début de la saison. Visiblement, on parle d'un impact non négligeable, à voir le secret qui entoure sa blessure, subie dimanche.

C'est en effet dans des circonstances mystérieuses que Mason s'est blessé. Pendant une pause publicitaire, le gardien s'est amené au banc des siens, comme tous les hommes masqués le font, pour jaser - stratégiquement ou non - avec les entraîneurs et les coéquipiers. Mais en repartant vers son filet, il a semblé se faire mal, possiblement à une jambe. La situation était telle qu'il a eu besoin d'aide pour regagner le vestiaire des siens. Ray Emery l'a remplacé au pied levé, et les Flyers ont triomphé des Capitals de Washington, 3-1.

Tout ce que l'on sait pour le moment, c'est que la blessure est sérieuse, au point où Mason n'a pas accompagné ses coéquipiers à Montréal. Emery sera visiblement devant le filet ce soir, et son auxiliaire sera Anthony Stolarz, rappelé hier après-midi.

Le jour et la nuit

Si on se fie aux chiffres des 53 premiers matchs de la saison, la perte à long terme de Mason pourrait représenter l'apocalypse pour les Flyers.

Mason connaissait sa meilleure saison depuis 2008-2009, année de sa conquête du trophée Calder, lorsqu'il jouait à Columbus. Sa fiche de 11-12-7 représente certainement une injustice quand on note sa moyenne de 2,27 et son efficacité de 92,5%.

À l'inverse, Emery en arrache. Son efficacité, la pire parmi les gardiens qui ont disputé au moins 20 matchs cette saison, s'élève à 88,6%. Sa moyenne de buts accordés: 3,34. Des chiffres dignes de l'ère Ken Wregget.

Dans le vestiaire des Flyers, on a été poli avec Emery.

«Steve a été formidable cette saison. Mais Ray l'a bien remplacé hier [dimanche]. C'est dur, mais Ray a de l'expérience et sait comment gagner», a jugé Jakub Voracek, meilleur pointeur de l'équipe.

«Steve a très bien joué, il nous a gardés dans des matchs. On craint de le perdre, mais Ray a aussi très bien joué», a ajouté un autre attaquant, Wayne Simmonds.

Emery, quant à lui, croit qu'en jouant de façon plus régulière, il pourra retrouver sa touche. Son entraîneur partage son avis.

«Ça aidera assurément, a estimé Berube. En jouant plus souvent, il devrait se sentir mieux. Ses chiffres ne sont pas à son goût, mais c'est un gagnant. Il a gagné de nombreux matchs dans cette ligue, donc je m'attends à ça de sa part.»

Si Mason doit rater plusieurs matchs, son absence arriverait à un bien mauvais moment pour les hommes en orange. Ils ont gagné cinq de leurs six derniers matchs et tentent de rattraper le terrain perdu. Neuf points les séparent de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires.

«On ne peut pas trop s'arrêter à ce que les autres équipes font, a rappelé Voracek. Si on gagne des matchs, on participera aux séries. Si on ne gagne pas, on n'y sera pas. Donc on doit y aller un match à la fois. Il nous en reste 29.»

Les Flyers ne sont pas les seuls dans cette situation. Dans les quatre divisions de la LNH, il existe un écart d'au moins cinq points entre la dernière équipe en séries et la première éliminée. Comment s'assurer que les troupes gardent le moral, dans ces circonstances?

«Je leur dis de se concentrer sur la prochaine tâche, et c'est Montréal demain [aujourd'hui]», a ajouté Berube.