Max Pacioretty a l'habitude des longs entretiens avec les journalistes. P.K. Subban aussi. Même Lars Eller, certains matins, peut rester un bon quart d'heure devant son casier à répondre aux questions.

Brandon Prust, lui, en a moins l'habitude. Pas hier, par contre. Pendant 15 bonnes minutes, le numéro 8 était entouré de caméras, de micros et de calepins de notes.

«Si j'avais su que ça deviendrait aussi gros, j'aurais attendu à la fin de la saison», a-t-il dit dès sa première réponse, en constatant l'ampleur du contingent médiatique qui l'entourait. Il répétera cette phrase au moins deux autres fois.

À l'origine de la cohue, il y a cet article intitulé «Why We Fight», publié sur Theplayerstribune.com. Ce site, fondé entre autres par l'ancien arrêt-court des Yankees de New York, Derek Jeter, donne la parole aux athlètes de tous les sports, sous forme de textes écrits à la première personne. Au hockey, Sean Avery et Logan Couture y ont notamment contribué. Un article de Tyler Seguin, dans lequel il revenait entre autres sur les circonstances de son départ de Boston vers Dallas, avait eu un certain écho.

«Ils ont des gens qui écrivent pour toi. Mais ce sont mes mots», a assuré Prust.

Sans surprise, Prust y défend l'existence des bagarres au hockey.

En baisse, mais nécessaires

«Il y a moins de bagarres et c'est bon pour le hockey. Il n'y a plus de bagarres planifiées. De mon côté, je pense beaucoup plus au hockey qu'avant. À mes premières années, je pensais plus à me battre. Ça a changé et c'est pour le mieux.»

Prust voit juste. Depuis le début de la saison 2014-2015, le site hockeyfights.com a répertorié 257 bagarres, soit 0,34 par match. La saison dernière, il y en avait 0,38 par match. En 2003-2004, on parlait de 0,64 querelle par match. Bref, en 10 saisons, on a pratiquement réduit de moitié le nombre de combats.

Ce qui ne les rend pas inutiles pour autant, plaide-t-il. Dans son texte, il soutient notamment que la peur qu'induit la possibilité d'un combat décourage des joueurs comme lui de s'en prendre aux meilleurs éléments adverses. Un argument que l'on a souvent entendu de la bouche du commissaire de la LNH, Gary Bettman.

«Les gens qui aiment le hockey le connaissent, comprennent que c'est une partie importante du hockey et que ça a sa place. Mais je ne voulais pas nécessairement lancer un message [avec cet article]», a indiqué Prust.

Populaires?

Tout au long de l'entrevue, Prust avait tout l'air de quelqu'un qui se demandait pourquoi il devait à ce point défendre quelque chose qui semble si populaire, à ses yeux, au hockey. «Même les joueurs qui ne sont pas des bagarreurs subissent des commotions», lance-t-il, quand il est question des blessures à la tête.

C'était comme si une sorte d'hypocrisie dans le discours ambiant l'irritait.

«Certaines personnes disent qu'elles n'aiment pas les bagarres au hockey, mais regardent les combats UFC à la maison. C'est aussi étrange que ça. Moi, je regarde ces combats et je trouve ces athlètes fous!»

Idem quand un collègue lui rappelle que les Jeux olympiques offrent généralement de très bons matchs de hockey, toujours dépourvus de bagarres.

«Le hockey olympique est excitant, mais ici aussi, il n'y a pas beaucoup de bagarres et c'est excitant. Mais quand je me bats, 20 000 personnes sont debout et applaudissent. Je crois que c'est excitant.»

Cela dit, quand Prust se fait demander ce qui lui procure le plus de joie entre marquer un but et livrer une bagarre...

«Pas facile... je dirais marquer un but. Je n'en marque pas souvent, donc c'est agréable quand ça arrive!»

Pour ce que ça vaut, Prust s'est battu 113 fois en 419 matchs dans la LNH. Et il a marqué 39 buts.