Il n'y a pas que Carey Price et le Canadien qui vont bien dernièrement. Ça se déroule plutôt rondement pour les Bulldogs de Hamilton, et pour Jarred Tinordi en particulier.

Avec leur victoire de 5-3 en Iowa samedi, les Bulldogs ont remporté leurs six derniers matchs, une séquence qui correspond avec une visite de Marc Bergevin à Hamilton, mais aussi avec le retour au jeu de Tinordi (il a toutefois raté deux de ces matchs en raison d'un rhume).

Tinordi, rappelons-le, s'était fait passer le K.-O. au cours d'un combat avec Andrey Pedan, le 9 janvier dernier. Une scène terrifiante à regarder, mais sans conséquences graves pour l'espoir du Canadien.

«Je n'avais aucun symptôme de commotion, mais le personnel médical voulait être prudent. J'ai suivi le protocole. On m'a dit un minimum de sept jours et j'étais de retour après sept jours», a raconté le grand défenseur à La Presse.

Tinordi n'a pas mis de temps à montrer qu'il était remis de sa blessure: deux passes et un différentiel de +4 à ses deux premiers matchs, une semaine plus tard. «Cette fin de semaine-là, il a été notre meilleur joueur», a estimé un de ses coéquipiers. «Parfois, on se demande ce qu'il fait encore dans la Ligue américaine», a ajouté un autre.

Combat planifié?

Quand on revoit le combat, on note surtout qu'il a commencé lors d'une mise au jeu, que les deux protagonistes ont dû prendre à 15 pieds l'un de l'autre. Bref, pas exactement dans le «feu de l'action».

Dans une entrevue accordée à TSN690, son père, l'ancien joueur Mark Tinordi, disait ne pas comprendre pourquoi son fils se bat dans la Ligue américaine. Jarred Tinordi s'est battu 4 fois en 29 matchs cette saison.

«Tout le monde parle d'un combat planifié, mais [Pedan] avait blessé un de nos joueurs plus tôt dans le match et c'était ma première chance de répliquer, se défend Tinordi. Je sais que les autres auraient fait la même chose si ça m'était arrivé, donc je l'ai fait, ils s'y attendent.

«Mais je ne joue pas en me disant que je dois me battre tous les soirs pour atteindre la LNH. Je sais que je dois avoir une bonne première passe, appuyer l'attaque quand c'est possible. Je veux profiter de mon temps à Hamilton pour parfaire ça. Si tu parles aux dirigeants du Canadien, ils te diront qu'ils ne veulent pas que je me batte tous les soirs.»

Cela dit, Tinordi ne parle pas comme quelqu'un qui est resté traumatisé de l'expérience.

«Disons qu'il m'a frappé au bon endroit. Ça arrive à tout le monde dans la ligue. Et ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, ni la dernière fois.»

En apprentissage

Quand Tinordi a été renvoyé dans la Ligue américaine en novembre, Michel Therrien avait utilisé la métaphore du patin à roulettes pour illustrer son point. «Sur la piste cyclable, tu es correct. Mais sur l'autoroute, tu vas t'apercevoir que ça va un peu trop vite. Et tu vas perdre ta confiance», avait indiqué l'entraîneur-chef.

Therrien devait alors expliquer une idée qui semblait contradictoire, puisqu'il soutenait que son jeune protégé devait apprendre à suivre la vitesse de la Ligue nationale. Comment allait-il y parvenir en jouant à un niveau inférieur? Tinordi a tenté une réponse.

«La vitesse des joueurs n'est pas si différente, c'est la prise de décision qui est plus rapide dans la LNH, et quand on m'a renvoyé, on m'a dit que c'est cet aspect que je devais améliorer», a-t-il expliqué.

S'il veut s'accrocher à un espoir, Tinordi peut regarder son ami Nathan Beaulieu, qui a fini par faire sa place après deux séjours dans les mineures cette saison. «C'est dur de te replacer quand tu fais la navette. Tu dois être mentalement fort pour y parvenir», croit Tinordi.

«La seule chose que je maîtrise est mon jeu à Hamilton. Les décisions appartiennent aux dirigeants. Le reste ne m'appartient pas.»

Le Canadien a remporté cinq de ses six derniers matchs. Tout n'est pas parfait, mais on imagine mal Therrien modifier une combinaison gagnante. Cela dit, à voir le nombre de contacts qu'a encaissés Carey Price depuis un mois sans grande riposte, c'est à se demander si un peu de muscle n'aiderait pas la défense montréalaise.