Le Canadien disputera samedi son 41e match, ce qui marquera le milieu de la saison. À ce stade-ci de la campagne, difficile de demander de meilleurs résultats à une formation qui démontre que les succès de l'an passé n'ont pas été un accident de parcours. Qu'est-ce qui se cache derrière ces 54 points en 40 matchs? Qu'est-ce qui attend l'équipe en deuxième moitié de calendrier? Bilan.

LE JOUEUR PAR EXCELLENCE

Carey Price n'est pas l'unique raison des succès du Tricolore en première moitié de campagne, mais il en est sûrement la principale. Le Canadien est l'équipe qui a accordé le moins de buts dans l'Association de l'Est, et aucun gardien de la LNH n'a fait face à plus de tirs dirigés vers son filet que Price depuis le début de la saison. Son jeu a atteint un autre niveau depuis l'an dernier, et toute l'équipe en tire profit - entre autres à forces égales, où Price est meilleur que jamais cette année (,935). Son état d'esprit, fermement ancré dans le moment présent, l'aide à atteindre son apogée.



LA SURPRISE

On savait Marc Bergevin proactif, mais les deux transactions qu'il a réalisées à la mi-novembre ont épaté les amateurs. Elles font grand bien à sa masse salariale, sans pour autant avoir affaibli l'équipe à court terme. La venue de Sergei Gonchar - lui-même une belle surprise - a apporté de la stabilité à la ligne bleue. Bryan Allen s'est peut-être retrouvé à Hamilton, mais ça semblait une conclusion probable dès le jour de son acquisition.

LA DÉCEPTION

Avec des joueurs à la pointe comme Subban, Markov et Gonchar, on s'étonne que l'attaque à cinq n'ait pas encore trouvé des patrons de jeux qui lui permettraient de sortir de son marasme. Elle a réussi trois fois seulement à marquer deux buts dans le même match. Les attaquants ont tout le talent nécessaire pour être menaçants en fond de territoire, mais les résultats n'y sont pas. Avec 14,2% d'efficacité, le Canadien est au 26e rang de la ligue sur ce plan.

LE HÉROS OBSCUR

Les jeunes Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi n'ont pas eu le début de saison qu'espérait la direction, Alexei Emelin et Tom Gilbert ont connu leur part de difficultés, et Mike Weaver reste un employé de soutien. La force tranquille de la ligne bleue, encore cette année, c'est Andrei Markov. On craint toujours une baisse de régime en raison de son temps d'utilisation (24:31) et de l'usure des années. Pourtant, le Russe de 36 ans continue de présenter constance et fiabilité.

LE MOMENT CHARNIÈRE

Le Tricolore connaissait un difficile périple à l'étranger dans les jours qui ont entouré la mort de Jean Béliveau. Le retour à Montréal a été chargé d'émotion, le groupe s'est mobilisé, et Michel Therrien en a profité pour faire sur la glace des changements significatifs en vue du match suivant. Parmi eux, le passage d'Alex Galchenyuk au centre, un geste qui a produit des dividendes immédiats. Depuis le 9 décembre, le Tricolore affiche un dossier de 9-2. Durant cette période, il a réussi à resserrer sa défense en se plaçant ex aequo au sixième rang de la LNH pour le moins de lancers accordés.

LE FACTEUR X

On ne peut jamais prédire les blessures au cours d'une saison de hockey, mais tout le monde s'entend pour dire qu'elles jouent un rôle déterminant dans le déroulement des choses. À ce chapitre, le sort a favorisé le Tricolore jusqu'ici. Ses 34 joueurs-matchs manqués constituent le plus faible total de toute la LNH.

L'AVERTISSEMENT STATISTIQUE

Les statistiques avancées annoncent une certaine régression du Tricolore en deuxième moitié de campagne. On parlait de sa fiche de 9-2 depuis le 9 décembre: le Canadien est 29e pour le nombre de tirs au but depuis ce moment-là, mais il a été sauvé par un taux d'efficacité aux tirs de 12,8%, ce qui est impossible à maintenir au fil d'une saison. La possession de rondelle à forces égales s'établit à 49%; c'est certes mieux que l'an dernier (46,8%), mais cela ne rassure pas vraiment pour la suite des choses. Le site War On Ice, qui compile les chances de marquer, est arrivé à un coefficient identique de 49% pour déterminer les chances de marquer du Tricolore par rapport à ses adversaires. Ça le place au 20e rang de la LNH. En résumé: l'équipe fricote avec la tête de l'Association de l'Est, mais plusieurs indicateurs suggèrent que son comportement s'apparente davantage à une équipe de milieu de peloton. On disait la même chose l'an dernier, remarquez...

LA PIÈCE MANQUANTE

On ne serait pas surpris si Marc Bergevin allait chercher du renfort en défense d'ici le 2 mars. On entend entre les branches que les vétérans Marc Méthot (Ottawa) et Braydon Coburn (Philadelphie) pourraient être disponibles même s'il reste une autre année à leur contrat. Un autre défenseur, soit Andrej Sekera, des Hurricanes de la Caroline, sera convoité à titre de joueur de location. Le confrère Elliotte Friedman soutient que le CH aurait démontré de l'intérêt envers Antoine Vermette, mais à moins de se départir d'un joueur de centre, on voit mal comment il s'insérerait dans la formation. Jusqu'à sa retraite, il s'en trouvera pour rêver de voir Jaromir Jagr avec le CH, mais il n'est pas certain que l'équipe voudra intégrer une telle personnalité dans son vestiaire.

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Ils ont dit

> Max Pacioretty, à propos de son bilan de l'équipe: «Je pense que c'est notre résilience qui me satisfait le plus. On a eu le dos au mur tellement de fois cette saison en raison de nos mauvais débuts de match, mais on forme un groupe acharné. On veut tous voir nos coéquipiers réussir. On se serre les coudes, et c'est ce qui me rend le plus fier.»

> Michel Therrien, appelé à faire part de son agréable surprise de la première moitié de saison: «C'est l'ensemble du travail d'équipe, l'éthique de travail et le caractère démontrés depuis le début de la saison. Le fait qu'on continue de s'améliorer est ce qui me satisfait le plus de ce groupe-là.»

> P.K. Subban, cinquième marqueur chez les défenseurs de la LNH avant les matchs d'hier: «Je n'évalue pas mon jeu d'un match à l'autre, mais de semaine en semaine, sinon de mois en mois. Dans cinq matchs, on ne parlera plus de la rencontre contre le Lightning. Il faut voir les choses dans leur ensemble. On arrive à la mi-saison, on va regarder mes statistiques depuis le début de la saison, et je crois qu'elles sont assez bonnes par rapport à mes pairs.»

> Lars Eller: «Le succès d'une équipe dépend souvent de la contribution des jeunes joueurs. On l'a vu il y a deux ans à l'arrivée de Gallagher et Galchenyuk. L'an dernier, Michaël Bournival a très bien fait et cette année, Jiri Sekac a eu l'air d'un joueur de la LNH presque tout de suite. Sven (Andrighetto) va bien et Nathan Beaulieu prend des initiatives et n'est plus hésitant. Lui aussi a l'air d'un joueur de la LNH à temps plein. Une équipe est tellement meilleure quand des recrues sont capables de prendre leur place.»