Depuis quelques années, on était habitués de voir les noms de Martin St-Louis et Steven Stamkos au sommet des pointeurs du Lightning de Tampa Bay. St-Louis parti, il était logique de s'attendre à y voir Stamkos fin seul. Et pourtant...

La troupe de Jon Cooper a conclu sa première moitié de saison dimanche à Ottawa et - surprise - c'est plutôt Tyler Johnson que l'on a vu au premier rang de l'équipe. Ses 45 points lui donnent un coussin de six points sur Stamkos.

Mais si Stamkos est arrivé dans la LNH en tant que tout premier choix au total, Johnson, lui, n'a jamais été repêché. Aujourd'hui, les deux joueurs sont âgés de 24 ans et pourraient bien transporter le Lightning sur leurs épaules pendant quelques saisons, comme l'ont fait un autre ancien premier choix, Vincent Lecavalier, et un autre joueur non repêché, Martin St-Louis...

Une science inexacte

Quand on demande à Johnson de raconter son parcours, il le fait bien humblement. Par exemple, quand on lui demande s'il pensait être repêché en 2008, après avoir gagné la Coupe Memorial avec les Chiefs de Spokane.

«On m'a toujours rabaissé en raison de ma taille, les gens ne pensaient pas que je percerais, raconte-t-il après l'entraînement du matin du Lightning. Je n'ai donc jamais pensé que je serais repêché. Mais ça m'importait peu. J'avais du plaisir, je jouais au hockey, je réalisais un rêve en jouant dans la Ligue junior de l'Ouest (WHL). Juste ça, c'était amusant, et je laissais les choses se dérouler par elles-mêmes.»

Le petit attaquant de 5 pi 9 po, qui venait d'amasser 35 points en 69 matchs, a effectivement été boudé au repêchage. Il s'y attendait à un tel point qu'il n'a pas assisté à la séance, à Ottawa. Il ne l'a même pas suivie en direct sur l'internet.

«Quand j'étais plus jeune, mes amis parlaient beaucoup du repêchage de la WHL. Ils sortaient au premier tour, deuxième tour. J'ai été choisi au 11e tour au repêchage de la WHL et j'ai connu une meilleure carrière que des joueurs réclamés avant moi. J'ai toujours cru que le repêchage était un coup de dés. Parfois, tu ne sais tout simplement pas ce que tu obtiendras. De mon côté, ça n'a rien changé au joueur que j'étais.»

Johnson a donc continué sa progression dans les rangs juniors, jusqu'au 7 mars 2011, quand le Lightning l'a embauché comme joueur autonome. Il était alors au coeur d'une campagne de 115 points, qui lui a valu le deuxième rang des pointeurs de la WHL.

«Plusieurs gens m'ont ensuite dit que c'était peut-être mieux de ne pas être repêché, plutôt que d'être un choix tardif. Je ne comprenais pas trop à l'époque, mais quand je suis devenu joueur autonome à 20 ans, j'ai vu que c'était assez spécial de pouvoir choisir son équipe», a-t-il expliqué.

Son propre succès

Visiblement, le succès de Johnson ne sera pas éphémère. Il ne s'agit pas ici d'un joueur qui bénéficie des succès d'un coéquipier surdoué, comme l'ont fait bon nombre de joueurs des Penguins de Pittsburgh avec Mario Lemieux à une certaine époque. À forces égales, il n'a joué que 17 minutes avec Stamkos cette saison.

Au contraire, Johnson pilote son propre trio, avec Ondrej Palat et Nikita Kucherov. Ce dernier totalisait 39 points en 41 matchs avant le duel d'hier face au Canadien, tandis que Palat affichait 31 points en 38 sorties.

Interrogé sur ce trio, Cooper a bien fait rire les journalistes hier matin.

«C'est le brillant entraîneur que je suis, a-t-il dit ironiquement. J'ai dû attendre une blessure pour les mettre par défaut ensemble, j'ai donc eu l'air d'un génie! J'aimerais en prendre le mérite, mais les circonstances ont fait en sorte qu'ils ont été réunis. Au moins, j'ai eu l'intelligence de les laisser ensemble!»