Parfois on gagne. Parfois on perd. Parfois il... neige.

Au cours de sa carrière, Patrick Kaleta a été suspendu, soumis au ballottage, rétrogradé, inscrit sur la liste des blessés, laissé de côté... Mais qu'une tempête de neige l'empêche de jouer? Ça, c'était une première.

L'attaquant des Sabres habite à Hamburg, une municipalité située à moins de 20 minutes au sud de Buffalo. Hamburg a été l'un des endroits les plus sévèrement touchés par la spectaculaire tempête qui a frappé la région la semaine dernière.

«On a reçu plus de deux mètres de neige, a raconté Kaleta à La Presse. La majorité des joueurs habitent dans une banlieue nord de Buffalo ou bien au centre-ville et ils n'y ont pas goûté autant. Mais d'autres membres du personnel de l'équipe - comme le DG adjoint, notre thérapeute en chef et l'un des relationnistes de presse - ont aussi été bloqués.»

Kaleta sortait pelleter toutes les heures, rentrait se réchauffer, puis ressortait à nouveau. Au moment de prendre un répit, il avait de la neige à la hauteur des cuisses.

«Il tombait 10 cm à l'heure de sorte qu'à un moment donné, c'est devenu futile de pelleter. Une souffleuse a pu déneiger notre entrée mais le lendemain, il s'est remis à neiger plus fort encore et tout était à recommencer.»

Après quatre jours d'apocalypse blanche, à aider les voisins - et même la garde nationale qui s'est retrouvée coincée comme tout le monde - Kaleta a finalement pu se rendre à l'entraînement des Sabres.

«Ça m'a pris une heure et demie de plus qu'à l'habitude pour m'y rendre», fait-il remarquer.

Depuis, c'est le redoux et les risques d'inondations qui le préoccupent. Une fonte subite et tout le monde pourrait se retrouver à la flotte.

«J'inspecte mon sous-sol deux fois par jour, dit-il. Mais avec toute la neige sur les toits et le risque de pluie des prochains jours, ça pourrait devenir très lourd et les gens craignent que des toits s'effondrent.»

Meilleur joueur, meilleure personne

L'ailier de 28 ans a pelleté pour se sortir du trou tout comme les Sabres tentent de se sortir du trou qu'ils se sont creusé en début de saison.

«Nous sommes sur la bonne voie, on a pu le voir au cours des derniers matchs», fait toutefois valoir Kaleta en faisant allusion à une récente séquence de trois victoires.

« On peut toujours souhaiter que les choses aillent mieux, mais tout dépendra de l'effort qu'on sera prêt à y mettre.»

Kaleta veut y mettre du sien, mais il n'en a pas vraiment eu la chance depuis un an.

Mercredi soir, face aux Jets de Winnipeg, il a disputé son deuxième match seulement en un an avec les Sabres. Cette interruption a été causée par une suspension, une mise au ballottage, un renvoi dans la Ligue américaine ainsi que deux sérieuses blessures.

Perçu comme un joueur dangereux, Kaleta est un récidiviste aux yeux de la LNH. Le coup à la tête qu'il a asséné à Jack Johnson, en novembre 2013, lui a entraîné une suspension de 10 matchs - sa sixième mesure disciplinaire en l'espace de quatre ans.

Au moment de le soumettre au ballottage, l'ancien DG des Sabres Darcy Regier avait conclu que Kaleta devait «remodeler son jeu» s'il voulait avoir une nouvelle occasion de jouer.

«Je sais que je dois remodeler mon jeu, convient-il. Quand on aime quelque chose autant que j'aime le hockey, on est prêt à tout faire. J'adore mon poste à Buffalo et je ne changerais pour rien au monde.

«J'essaie de devenir un meilleur joueur et une meilleure personne.»

Matt Cooke, du Wild du Minnesota, est un autre méchant garçon de la LNH, mais qui a su se prendre en main, cesser d'être «ce type de joueur-là». Kaleta peut-il s'en inspirer?

«Je n'aime pas me comparer à Matt Cooke», laisse-t-il tomber avec dédain.

L'apport de Ted Nolan

À son septième match avec les Americans de Rochester, la saison dernière, Kaleta s'est déchiré le ligament antérieur croisé du genou. Saison terminée. Même s'il avait été cédé à la Ligue américaine, le nouvel entraîneur-chef Ted Nolan l'a invité à faire sa rééducation dans l'entourage des Sabres afin qu'il puisse rester proche de l'atmosphère du vestiaire.

«Nolan a été incroyable depuis son arrivée, dit Kaleta. Il aurait pu me réinsérer dans la formation cette année et juste me regarder me noyer, mais il m'a donné la chance de retrouver ma force et mon rythme.»

Kaleta l'aurait retrouvé plus facilement s'il n'avait pas raté six semaines de plus après qu'une rondelle reçue au visage durant le camp d'entraînement lui ait fracturé la mâchoire, une joue et un os orbital.

Après toutes ces mésaventures, qu'une tempête de neige l'empêche de jouer avait bien raison de le faire rager!

Le souper de Thanksgiving

L'Action de grâce est le moment privilégié des Américains pour se retrouver en famille et prendre acte de tout ce qui leur arrive de bon.

Kaleta entendait faire la même chose, hier soir, attablé devant le repas chaud que préparait sa mère. Il allait être reconnaissant d'être réuni en famille, reconnaissant d'avoir une nouvelle chance avec les Sabres, d'avoir évité une autre blessure en se faisant rentrer le visage dans la bande lors d'une mise en échec d'Adam Lowry...

Mais en même temps, Kaleta a dû se demander pourquoi la guigne s'était ainsi acharnée sur lui. Il n'a pas toujours été un ange sur la glace, mais il aimerait bien avoir une dernière chance de rédemption.